Le géant chinois franchit une étape capitale dans sa prise d’indépendance vis-à-vis des États-Unis.
Si les derniers smartphones de Huawei embarquaient déjà un système d’exploitation très différent des autres mobiles Android, le divorce avec l’OS au robot vert est désormais consommé. Lancé hier, le Mate 70 embarque un système d’exploitation maison, baptisé HarmonyOS Next.
Une étape historique
Le Mate 70, qui ne sortira probablement jamais des frontières chinoises, représente l’aboutissement de bientôt cinq ans de recherche et développement pour Huawei. Sous le coup d’un embargo américain depuis 2019, la marque est dans l’incapacité d’utiliser le même système d’exploitation Android que ses concurrents, comme Oppo, qui vient justement de revenir sur le marché occidental.
Dans l’urgence, Huawei avait alors développé sa propre surcouche, HarmonyOS, basée sur la version open source d’Android. Mais, avec le Mate 70 et HarmonyOS Next, le géant chinois fait table rase et va tenter de s’imposer comme une véritable alternative à Android et iOS. Une étape qualifiée de « dernier signe de la rupture technologique entre les écosystèmes concurrents américains et chinois » par le Financial Times qui, visiblement, séduit dans l’Empire du Milieu.
Même si le smartphone ne sera lancé qu’avec 15000 applications (Android en compte plus de 3,5 milliards), Huawei s’attend à des ventes encore supérieures au Mate 60 lancé l’an dernier, avec plus de 14 millions d’unités vendues. Un smartphone qui faisait déjà date en étant le premier à embarquer une puce 5G entièrement conçue sur le sol chinois.
Un futur concurrent sérieux pour Apple et Google ?
Le lancement du Mate 70 doit évidemment être étudié de près par Apple, Google, Samsung et tous les autres acteurs du secteur des smartphones. En dépit des sanctions américaines qui grèvent la recherche et le développement, Huawei est toujours restée dans le trio de tête des meilleurs vendeurs de téléphones sur le marché chinois. La marque annonce d’ailleurs que ses ventes ont bondi de 30 % sur les trois premiers trimestres de 2024 par rapport à l’année précédente.
On peut donc légitimement se demander si, un jour, HarmonyOS Next tentera de grignoter les platebandes d’iOS et d’Android en Occident. Pour l’heure, cela paraît très peu probable – surtout avec seulement 15000 applications annoncées au lancement. Par ailleurs, le public occidental est particulièrement attaché à retrouver des applications américaines sur son smartphone, comme YouTube ou Google Maps. Des services qui, embargo oblige, ne fonctionnent pas sans bidouille sur les smartphones du groupe.
En dépit d’une fiche technique impressionnante et d’une prestation photo de haut vol, le Huawei Pura 70 lancé cette année n’a pas fait les gros titres sous nos latitudes. La faute à un système d’exploitation fait de bric et de broc, qui demande aux utilisateurs de faire de trop gros compromis. Mais Huawei veut manifestement se donner les moyens de ses ambitions et annonce déjà viser les 100000 applications disponibles sur HarmonyOS Next en 2025.