Célébrée aux cérémonies des Jeux de Paris 2024, la French Touch fait son grand retour sur le devant de la scène.
Au Stade de France, Angèle a su parfaitement réveiller le morceau de synthwave Nightcall, aux côtés de Phoenix et de son créateur Kavinsky. Inclus dans la bande originale de Drive, le film culte de Nicolas Winding Refn avec Ryan Gosling, le tube avait rencontré un énorme succès au-delà de nos frontières lors de sa sortie en 2010. Initialement reconnue comme une déclinaison française de la house, la French Touch est née à la fin des années 1980 et a connu son âge d’or à la fin des années 1990. En voici un tour d’horizon.
Laurent Garnier, David Guetta, Bob Sinclar, Étienne de Crécy, Mr Oizo, Dimitri from Paris, Daft Punk, Cassius, Stardust, Air, Modjo, Sébastien Tellier… À la fin des années 1990, un grand nombre d’artistes ont fait rayonner la France à l’étranger en diffusant de bonnes vibrations sous le label « French Touch ». Le terme aurait été lancé la première fois au Palace, la mythique boîte parisienne, par Jean-Claude Lagrèze, le photographe des stars et l’organisateur de soirées mythiques baptisées French Touch. L’artiste mettait l’accent sur la house en y programmant des DJ comme David Guetta et Laurent Garnier. Mais, très vite, le genre s’élargit, s’ouvrant au jazz, à la soul, au funk, au trip-hop, voire au rock, en s’agrémentant de samples désormais iconiques, le tout mixé avec la singularité de chacun. Retour sur cinq albums emblématiques !
| Homework, 1997, et Discovery, 2001, des Daft Punk
Duo casqué formé par Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, Daft Punk a largement contribué à la démocratisation de la French Touch grâce à la parution de deux albums fondateurs et incontournables : Homework (1997) et Discovery (2001). Le premier, inspiré de la scène de Chicago, mêle house et techno.
Le disque s’écoule, en à peine deux mois, à plus de deux millions d’exemplaires dans 35 pays. Le titre phare Around the World résonne aux quatre coins du globe, et son clip réalisé par Michel Gondry, sur une chorégraphie de Blanca Li, tourne en boucle sur les chaînes MTV.
Le son Daft Punk est né, mais, sous l’influence des années 1980, il prend très vite un virage disco-pop avec la sortie en 2001 de Discovery ! Ainsi, la French Touch touche désormais aussi bien le clubbeur que la « ménagère de 50 ans » !
| Moon Safari, 1998, d’Air
Originaire de Versailles, comme Phoenix, Air apporte un bol d’air frais à la pop française en 1998, en dévoilant Moon Safari, un premier album écoulé à plus de 2 millions d’exemplaires dans le monde et porté par Sexy Boy, titre innovant par son sujet et son atmosphère sonore glam rétrofuturiste.
Formé en 1995 par Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin, le duo est contacté quelques mois plus tard par Sofia Coppola, qui lui confie la réalisation de la bande originale de son premier film, Virgin Suicide (2000). L’un comme l’autre sont devenus cultes. C’est d’ailleurs le titre Playground Love, issu de cette B.O., qu’a choisi d’interpréter Air lors de la cérémonie de clôture des Jeux de Paris 2024.
| 1999, 1999, de Cassius
D’un côté, le regretté Philippe Zdar, producteur de house avec Étienne de Crécy ; de l’autre, Hubert Boombass, issu du hip-hop, proche collaborateur de MC Solaar. Ensemble, ils sortent 1999 sous le nom de Cassius cette année-là. Avec le Best of 1996-2019, le duo fête aujourd’hui ses 25 ans de carrière portée par des samples endiablés provenant de chansons de Roberta Flack, The Whispers, Gwen McCrae ou Sandra Richarson, et notamment, pour le titre Cassius 1999, de (If It) Hurts Just a Little, un morceau de Donna Summer produit par Quincy Jones en 1982.
Le duo se démarque aussi par des featurings internationaux, avec notamment Cat Power et Pharrell Williams venus poser leurs voix sur I < 3 U So (2011), un des nombreux hymnes de Cassius qui ont égayé les clubs branchés dans les années 2000-2010.
| OutRun, 2013, de Kavinsky
De la même génération que Daft Punk, Air ou Cassius, Kavinsky arrive sur le devant de la scène un peu plus tard, en 2010, mais en faisant grand bruit ! Son tube Nightcall lui ouvre les portes d’Hollywood. En 2011, la chanson se retrouve aux génériques des films Drive de Nicolas Winding Refn et La Défense Lincoln de Brad Furman, avant même qu’il ne paraisse sur son premier album OutRun, sorti en 2013.
Inspiré de la série Deux Flics à Miami ou de l’atmosphère des films de Dario Argento, le disque est imprégné de sons de jeux vidéo eighties. Il tire d’ailleurs son nom d’un jeu de course automobile datant de 1986.
| Hyperdrama, 2024, de Justice
Avec Phoenix, plus rock que French Touch, Justice est le seul groupe à faire encore rayonner le genre dans le monde. Preuve en est avec le succès de son quatrième opus Hyperdrama, paru en avril dernier et défendu sur les scènes du monde entier, dont celles prestigieuses des festivals Coachella, Glastonbury, Montreux… Le tandem formé par Gaspard Augé et Xavier de Rosnay en 2003 fera d’ailleurs escale à l’Accord Arena à Paris, les 17 et 18 décembre 2024. Ils y reprendront leurs tubes électro-hardcores, dont D.A.N.C.E, constitué de plusieurs morceaux de chansons de Michael Jackson mis bout à bout.
Hétéroclites, ses influences vont de Nirvana aux Beach Boys, en passant par Michel Ponareff et Serge Gainsbourg : tout sauf la musique électro dont le groupe est pourtant aujourd’hui le roi incontestés.