Après trois ans d’attente, Hippocrate fait (enfin) son retour sur Canal+ avec une troisième salve très attendue. Entre réalisme saisissant et plongée au cœur des défis de l’hôpital public, le cinéaste et ex-médecin propose un nouveau chapitre aussi bouleversant que les précédents.
Elle est considérée comme l’une des meilleures séries médicales de tous les temps, et pour cause. Créé en 2018 par Thomas Lilti, Hippocrate peut compter sur l’expérience de son réalisateur. Également médecin généraliste jusqu’en 2016, cette double casquette lui permet de mêler fiction et réalité avec une justesse rare. Le show a d’ailleurs été salué par la critique et le public pour son réalisme, sa sensibilité et sa capacité à dépeindre les défis quotidiens du personnel hospitalier.
Si la première saison introduisait les héros du show – les internes Chloé Antovska (Louise Bourgoin), Alyson Lévêque (Alice Belaïdi) et Hugo Wagner (Zacharie Chasseriaud) – et Arben Bascha (Karim Leklou), un médecin albanais installé en France –, la seconde, diffusée en 2021, nous montrait leur évolution dans le service des urgences, dirigé par Olivier Brun (Bouli Lanners). Très attendue, cette troisième salve nous propulse trois ans plus tard, en plein cœur de l’été.
Des problématiques plus actuelles que jamais
Ces six nouveaux épisodes poursuivent l’analyse du fonctionnement de l’hôpital public, en manque de moyens et de personnel. Pour ce faire, Thomas Lilti s’est inspiré de son expérience passée, mais aussi de son année 2020, particulièrement mouvementée. « À cause du Covid et du confinement, nous avons été contraints de mettre à l’arrêt le tournage de la saison 2, nous confie-t-il dans une interview. Durant cette période, je suis allé prêter main-forte à l’hôpital. Cela faisait des années que je n’y étais pas revenu en tant que médecin. J’ai été frappé par ce que j’y ai observé. J’y ai vu des femmes et des hommes pleinement engagés, mus par l’envie de soigner, tout en constatant chez eux une grande souffrance. »
Cet engagement, le réalisateur le montre, une nouvelle fois, dans cette troisième salve qui se déroule trois ans après la pandémie. « Je n’ai pas souhaité revenir sur le Covid, nous explique-t-il dans le même entretien. Nous y avons tous été confrontés et cela me paraissait être un peu derrière nous. Ce qui me semblait pertinent, c’était de rendre compte de l’état de l’hôpital public français en 2024. La crise sanitaire a mis un coup de projecteur sur cette institution. Les soignants ont été admirés, applaudis. Mais, à présent, se portent-ils mieux ? S’est-on occupé d’eux ? Non. »
Dilemme moral
Ce personnel soignant est donc confronté à de nombreuses problématiques, qui s’accumulent. « Sur décision des autorités sanitaires, de nombreux services hospitaliers ont été fermés et ceux qui restent ouverts sont surchargés, détaille le synopsis. Une grève de SOS Médecins aggrave la situation, laissant toute une population sans accès aux soins. Les patients affluent, les tensions sont palpables. À l’hôpital Poincaré, les soignants se rendent vite compte que les consignes ne sont pas tenables et certains décident de désobéir. » En plein été, les lits et le personnel manquent, mais les règles sont strictes : les urgences ferment à 20 heures tapantes. Une décision qui révolte les soignants, confrontés à un nouveau dilemme : respecter la loi ou suivre leur morale.
Malgré leur colère, le patron des urgences, Olivier Brun, n’en démord pas. Son objectif est simple : protéger son personnel. « [Il] porte en lui une culpabilité par rapport au drame survenu dans la saison 2, même s’il n’en est pas responsable, analyse Thomas Lilti. Et, comme chacun, il a subi la pandémie, où la pratique médicale a été mise à rude épreuve. (…) Pour lui, il n’est plus possible de fonctionner comme avant, c’est-à-dire tout donner, car, au final, ce sont les soignants qui trinquent. Désormais, il lui apparaît capital que son équipe se protège. Cela fait écho à la réalité. Les médecins, les infirmières et infirmiers, aides-soignantes et aides-soignants fuient l’hôpital public. Malgré leur vocation, leur motivation, leur souhait d’être dans le partage, ils n’y arrivent plus. Olivier Brun, c’est pareil : il n’y arrive plus. »
Des visages familiers
Déterminée à soigner les malades, Chloé a une idée : créer un hôpital clandestin dans l’enceinte de Poincaré. Un projet que rejoignent ses collègues, et qui fait écho aux questions que le réalisateur a pu se poser. « Quand l’ordre est donné de ne pas prendre en charge tout le monde, d’aller au plus vite, à quel moment résiste-t-on à cette injonction intenable ?, nous interroge-t-il. Dans cette troisième saison, j’ai voulu que les personnages soient confrontés à la situation invivable des soignants. Alyson, Arben, Chloé et Hugo cherchent des alternatives, qui s’apparentent à de la désobéissance. Ils piratent le système. »
Émouvante et puissante, cette troisième salve est portée par un casting que l’on ne connaît que trop bien. On y retrouve Louise Bourgoin, Bouli Lanners, Alice Belaïdi, Zacharie Chasseriaud, Géraldine Nakache, mais aussi un nouveau venu : William Leleguil. Familier du cinéma de Thomas Lilti (avec qui il a tourné Première Année et Un métier sérieux), il incarne cette fois David, un ophtalmologue et petit ami d’Alyson qui quitte le confort des cliniques privées pour découvrir le quotidien mouvementé des hôpitaux. Diffusée dès ce 11 novembre sur Canal+, la saison 3 d’Hippocrate est le remède pour lutter contre la fraîcheur des soirées automnales.