En moins de 15 ans, la franchise a conquis le monde. À l’occasion de la sortie de la saison 2 d’Arcane, L’Éclaireur a rencontré des fans pour tenter de comprendre le phénomène.
Il y a trois ans, la série animée Arcane avait impressionné le monde entier par la qualité de sa réalisation et son intrigue menée tambour battant. De quoi affirmer encore un peu plus la place centrale de l’univers du jeu vidéo League of Legends dans la pop culture contemporaine.
Comme tant d’autres joueurs, Lucille, une bibliothécaire trentenaire, s’est remise à LoL après avoir vu la série. « Je passais de longues heures sur le jeu sans vraiment me soucier du scénario, autre que celui du personnage que je jouais. Mais depuis Arcane, aucun doute : je suis fan ! »
La rédaction de L’Éclaireur partage son enthousiasme et attend avec impatience la sortie de la deuxième salve, ce 9 novembre. En attendant de voir si cette suite sera à la hauteur de la première saison, on a enquêté sur le succès de League of Legend et sur les raisons de cette ascension fulgurante.
Petit mod devenu grand
C’est à la fin des années 2000 que la société Riot Games débauche des développeurs issus de la scène des mods de jeux de stratégie populaires. Ces modifications apportées par des fans, qui changent les règles et les manières de jouer, sont alors en plein boom et donnent lieu à de nouveaux genres de gameplay.
Un mod de Warcraft III donne ainsi naissance à un concept mettant en vedette des héros devant capturer des zones précises sur une carte en prenant de vitesse leurs adversaires. Le genre du MOBA (Multiplayer Online Battle Arena) est alors né, avec des titres cultes comme Days of the Ancient (DotA). Des moddeurs vedettes de MOBA, dont un certain Steve Feak, lancent en 2009 la toute première version de League of Legends ; un carton toujours aussi populaire 15 ans plus tard.
Son concept stratégique est à la fois simple, efficace, pointu et addictif, et sera moult fois imité, mais rarement égalé. Aussi, dès son lancement, il séduit des millions de joueurs, qui y trouvent un petit supplément d’âme, tant la personnalité des héros incarnés y est plus développée que chez la concurrence.
« Des licences comme League of Legends ou Overwatch ont bien compris qu’au-delà du système de jeu, il faut un univers solide, des personnages attachants et des produits dérivés, nous confirme Tom*, un développeur qui a travaillé pour la firme au début des années 2010. Dès le début, Riot a misé là-dessus. »
LoL parie aussi beaucoup sur le renouvellement de contenu en proposant de manière permanente des modes de jeux alternatifs, des challenges compétitifs corsés, mais aussi des expériences plus tranquilles pour permettre aux nouveaux joueurs de s’entraîner ou de s’amuser entre amis, comme le mode ARAM, conçu pour une ambiance plus conviviale.
Un pari sur le transmédia
Ingénieur et fan de jeux de stratégie, Théo admet qu’il jouait beaucoup, il y a dix ans. « Mais après, avec le travail, j’avais moins de temps. En revanche, j’ai voulu m’y remettre quand j’ai regardé Arcane. » Il n’est pas le seul, tant Riot Games a commencé à miser, bien au-delà de la seule série animée, sur une stratégie multimédia pour que son univers s’étende partout où il peut.
En 2014, LoL est considéré comme une œuvre et une discipline très populaires. Riot fait alors signer le groupe Imagine Dragon pour produire une chanson dédiée au jeu. Résultat : son clip est visionné près d’un demi-milliard de fois.
Un exploit réitéré avec le groupe de k-pop fictif K/DA, dont l’album, bien réel, est un carton qui touche un public qui ne se limite pas aux amateurs du jeu. Ce succès persuade Riot et sa maison mère, la multinationale Tencent, de diversifier des produits dérivés liés à LoL.
L’idée ? Faire vivre la saga bien au-delà du jeu de stratégie d’origine. Dès 2018, le studio planche sur de nombreux titres dérivés. Certains obtiennent un très beau succès d’estime, comme le jeu de cartes en ligne Legends of Runeterra ou le charmant RPG Ruined King: A League of Legends Story.
Ces œuvres vidéoludiques visent un public différent, mais étendent à leur manière l’univers de la saga. Charlie, une joueuse et cosplayeuse fan du studio depuis le collège, nous explique attendre chaque nouveau produit avec impatience.
« Il y en a pour tous les goûts. The Mageseeker est un super jeu d’action, Song of Nunu est une œuvre d’aventure contemplative, Bandle Tale, qui est sorti cette année, est un jeu de gestion… Depuis que je travaille, je n’ai plus vraiment le temps de jouer en multi et de passer beaucoup de temps sur LoL, mais j’aime aussi jouer en solo quand je peux et, chaque année, il y a des nouveautés qui étendent l’univers dans plein de directions différentes ! »
S’adapter au grand public sans perdre son identité
Un point fait consensus parmi notre panel de fans : la réussite d’une série comme Arcane auprès d’un public parfois très éloigné de League of Legends n’était pas du tout une surprise. Comme nous le dit Charlie : « À chaque fois que Riot a lancé un nouveau produit, que ce soit un jeu de plateau, des romans ou des BD, ils ont misé sur des produits très qualitatifs. Par exemple, les comics sont signés par des grands noms de chez Marvel. Et ils ont toujours fait en sorte de ne pas rendre la connaissance du jeu obligatoire. On peut découvrir l’univers par les comics et par les jeux solo, puis jouer à LoL, on n’est jamais vraiment perdu. »
C’est sans doute ce qui explique la popularité toujours grandissante de League of Legends. Même si 100 millions de joueurs continuent à se connecter mensuellement au jeu d’origine, ce dernier reste une expérience assez spécialisée, difficilement transposable vers le grand public peu exposé aux tournois d’e-sport. Mais fournir des produits dérivés très variés qui se situent dans le même monde et qui s’adaptent au grand public s’est révélé être un pari gagnant.
Jérôme, qui vient de fêter ses 15 ans sur le jeu, nous le confirme : cet univers étendu a réussi à maintenir un public fidèle et de plus en plus diversifié. « Je n’ai pas suivi toutes ces sorties, mais avec Arcane, il y avait un côté doudou. Je prenais du plaisir à retrouver l’ambiance du jeu. Il était très bien mis en scène, et ça donnait envie de s’y remettre. Tous les autres produits dérivés de la franchise ont attiré un tout nouveau public et je trouve ça formidable ! »
Alors que d’autres projets, jeux, et même documentaires sont d’ores et déjà annoncés dans l’univers de League of Legends, il semble que l’univers de Riot Games ne soit donc pas prêt à céder sa place sur le podium des franchises les plus rayonnantes de la pop culture mondiale.
*Le prénom a été modifié.