Dans un thriller captivant, Disney+ adapte le roman de Delphine de Vigan, Les enfants sont rois (2021), dévoilant l’univers sombre des enfants influenceurs et les dérives de leur surexposition médiatique.
Ils ne sont que des enfants, mais leurs visages envahissent déjà nos écrans. Âgés de 3 à 15 ans, et parfois exposés dès la naissance par leurs parents, ces jeunes influenceurs, stars de YouTube, TikTok ou Instagram, partagent leur quotidien devant des millions de fans. Si leur popularité grimpe en flèche, c’est avant tout pour nourrir un business lucratif, alimenté par le placement de produits et les vidéos sponsorisées. Un phénomène si préoccupant que la France a dû légiférer en 2020 pour protéger les droits de ces enfants face à la surexposition médiatique.
En 2021, Delphine de Vigan s’est emparée de cette réalité troublante dans son roman Les Enfants sont rois (Gallimard). Aujourd’hui, c’est au tour de Disney+ de mettre en lumière ce sujet, avec une adaptation sérielle disponible dès ce 23 octobre sur la plateforme. En tissant un thriller sociétal autour du phénomène, la série dévoile un univers où l’innocence enfantine est sacrifiée sur l’autel de la célébrité. Derrière l’apparente légèreté des vidéos, elle révèle les dangers insidieux d’une enfance marchandisée, exposée sans relâche aux regards du monde.
Le kidnapping d’une enfant-star
À seulement six ans, Kimmy est déjà une étoile montante de YouTube, adulée par des millions de fans. Sur sa chaîne « Happy Récré », suivie par 5 millions d’abonnés, elle s’adonne à des défis farfelus, aux côtés de sa mère, dans des vidéos aux couleurs acidulées. Entre placements de produits et scénarios millimétrés par les marques, ce petit empire numérique génère des millions pour ses parents. Mais lorsque Kimmy disparaît brutalement, enlevée en plein jour, ce conte de fées digital vire au cauchemar, ébranlant non seulement sa famille, mais aussi tout l’écosystème qui s’était bâti autour d’elle.
Sara Roussel, responsable de l’enquête, se retrouve plongée dans cet univers aussi fascinant qu’oppressant, où l’innocence enfantine se monnaye à prix d’or. Tandis qu’elle s’enfonce dans les secrets de la famille Diore, elle découvre des résonances troublantes avec sa propre histoire. Dans cette course effrénée contre le temps, où l’intime est sans cesse exposé sous l’œil des caméras, les frontières entre vie privée et spectacle se dissolvent dangereusement, laissant place à une enquête haletante.
Une relecture de l’œuvre originale
Écrite par Judith Havas et Victor Rodenbach, et réalisée par Sébastien Marnier (L’Origine du mal, 2022), cette adaptation réunit un casting de premier plan. Géraldine Nakache (Tout ce qui brille, Nous York) incarne une cheffe de brigade solitaire, détachée des conventions sociales. À ses côtés, Doria Tillier (La Belle Époque, Monsieur & Madame Adelman) endosse le rôle de la mère de la petite fille disparue, une femme préoccupée par son image et l’opinion des réseaux sociaux. On retrouvera aussi Oussama Kheddam (Mauvaises Herbes, La Flamme), India Hair (Camille redouble, Mandibules) et le célèbre humoriste, auteur et acteur Panayotis Pascot.
Sollicitée par les créateurs de la série, Delphine de Vigan a directement participé à l’élaboration du projet, donnant naissance à une adaptation qui s’émancipe du cadre strict de son roman. Là où le livre se concentrait sur les aspects psychologiques et sociologiques des personnages, la mini-série explore une nouvelle dimension, plus axée sur l’enquête, en nous immergeant dans la brigade confrontée à cette affaire hors normes. Cette approche, soutenue par une esthétique et une atmosphère de plus en plus oppressantes, offre une relecture de l’œuvre originale qui promet d’être captivante.