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L’Agent infiltré sur Arte : quand le contre-terrorisme se mêle à la manipulation

10 octobre 2024
Par Sarah Dupont
“L'agent infiltré”, le 10 octobre sur Arte.
“L'agent infiltré”, le 10 octobre sur Arte. ©Arte

Inspirée d’une œuvre britannique, la nouvelle série haletante d’Arte explore avec intensité les dilemmes moraux et les manipulations des services de renseignement de Hambourg. Dans une tension palpable, elle suit le parcours de Raziq, un jeune Afghan pris au piège d’une toile complexe où chaque décision peut être fatale.

Cet automne, Arte cherche à nous plonger dans une fresque oppressante avec L’agent infiltré. Adaptée de la série britannique Informer, et orchestrée par le réalisateur Matthias Glasner, cette version allemande réinvente le genre du polar en le transposant à Hambourg, au cœur de sa communauté afghane. Sur fond de terrorisme et d’espionnage, le show raconte l’histoire de Tariq, un jeune Afghan ordinaire, plongé malgré lui dans les coulisses obscures du contre-terrorisme allemand.

Agent malgré lui

Dès le premier épisode, le ton est donné : une tension palpable imprègne chaque scène. Le quartier général de la police de Hambourg est en alerte, convaincu qu’un attentat se prépare lors d’un concert à la Philharmonie de l’Elbe. Le récit suit Gabriel Bach, un agent aux méthodes controversées et à la réputation trouble, ainsi que sa coéquipière Holly Valentin, jeune recrue prometteuse de la division antiterroriste.

Mais au cœur de l’histoire se trouve Raziq Shaheen, un jeune Afghan pris au piège par les services de renseignement. Plongé dans une toile complexe de manipulations et de stratégies, il est contraint de devenir agent infiltré. Déchiré entre ses principes et la pression implacable des autorités, Raza est manipulé comme un pion sur l’échiquier géopolitique. Ce n’est pas seulement une lutte contre le terrorisme ; c’est une bataille pour sa propre survie, face à des forces qui le dépassent.

Un immense flashback

L’originalité de L’Agent infiltré réside dans sa construction narrative ingénieuse. Chaque épisode s’ouvre sur une nuit fatidique à la Philharmonie, où un attentat semble imminent, avant de basculer dans un récit éclaté en flashbacks. Peu à peu, les pièces du puzzle s’assemblent, dévoilant l’anatomie d’un fiasco policier. Ce montage subtil nous mène également au procès de l’attentat, où l’on découvre que les véritables accusés ne sont pas ceux que l’on attend.

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Séduits par la mise en scène « engageante » de la première moitié de la série, Télérama regrette néanmoins la deuxième partie, « polluée par des rebondissements forcés ». « Pris dans une dynamique à la 24 Heures chrono, le réalisateur, Matthias Glasner, oublie de ménager les respirations entre les personnages, qui produisent pourtant les meilleures scènes : une conversation nocturne, dans une chambre d’hôtel quelconque, entre la collègue et la femme du policier, décrit le journaliste Nicolas Didier. L’Agent infiltré donne, in fine, l’impression d’avoir dépensé beaucoup d’énergie pour pas grand-chose. »

©Arte

Les acteurs, avec notamment le célèbre Jürgen Vogel (La Vague), campent des personnages aux motivations troubles, oscillant sans cesse entre l’humanité et le cynisme des grandes institutions. Raziq, lui, incarne un tiraillement, symbolisant un homme pris dans l’engrenage d’un système qui le dépasse. Télé-Loisirs salue particulièrement le jeu d’Ivar Wafaei, qui est « l’un des principaux atouts de cette série policière oppressante. Le comédien, encore inconnu du grand public, se démarque par sa prestation plus que réussie dans la peau du jeune Raziq Shaheen dont la vie bascule violemment du jour au lendemain. » Peu convaincus par le doublage « quelque peu raté », le média recommande de privilégier la version originale sous-titrée.

Informer, son homologue britannique

À l’origine, Informer est une série britannique, désormais disponible sur Prime Video. Cette dernière raconte l’histoire de Raza Shar, un jeune Britannique d’origine pakistanaise contraint de devenir informateur pour Gabe, un officier de l’Unité spéciale de lutte contre le terrorisme.

Forcé de collaborer avec la police, Raza enchaîne des situations périlleuses et des alliances complexes, tout en tentant de maintenir sa vie quotidienne et de rester fidèle à sa famille.

Sortie en 2018, cette série avait été très bien accueillie par la critique. The Guardian l’avait qualifiée de « thriller captivant et prenant », malgré une structure jugée « parfois un peu trop élaborée ». Reste à voir si L’Agent infiltré recevra le même accueil par les spectateurs.

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