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La Haine : 5 minutes pour comprendre le succès du film de Mathieu Kassovitz

10 octobre 2024
Par Lisa Muratore
Affiche du film “La Haine”.
Affiche du film “La Haine”. ©Les Productions Lazennec/Le Studio Canal+/ La Sept Cinéma/ Kasso Inc. Productions et Studio Cofinergie 6

La Haine est de retour sur les planches de La Seine Musicale, ce 10 octobre, l’occasion de revenir sur le film original, sorti il y a presque 30 ans.

La Haine va connaître une nouvelle vie sur les planches. À compter de ce jeudi 10 octobre, Mathieu Kassovitz réinvente son chef d’œuvre cinématographique sous la forme d’une comédie musicale hip-hop baptisée Jusqu’ici rien n’a changé. À travers un parcours composé de 14 tableaux, le metteur en scène et acteur français mélange spectacle vivant, cinéma, rap et danse dans une création unique questionnant une nouvelle fois les problématiques sociales, politiques et économiques de notre époque avec force et poésie.

Ceci avait d’ailleurs été l’une des raisons du succès du film au moment de sa sortie en 1995. Alors que la banlieue est encore stigmatisée et en proie à la violence, Mathieu Kassovitz était parvenu à délivrer un drame aussi beau que puissant en suivant la trajectoire, sur une journée, de trois amis Vinz (Vincent Cassel), Saïd (Saïd Taghmaoui) et Hubert (Hubert Koundé), au lendemain d’une nuit d’émeutes entre la jeunesse des banlieues et des forces policières.

1 Un film inspiré d’une histoire vraie

Imaginé en réaction aux émeutes qui avaient secoué la France pendant trois jours à la suite de l’affaire Makomé M’Bowolé – un jeune tué par un policier (condamné à huit ans de réclusion) en 1993 dans le 18e arrondissement parisien – La Haine a connu un succès immédiat au moment de sa sortie le 31 mai 1995 auprès du public et de la critique. Une partie de celle-ci saluait ainsi la vision de Mathieu Kassovitz, sa mise en scène, ainsi que sa représentation des banlieues dénuée de sentimentalisme, bien qu’une autre reprochait au réalisateur l’appropriation culturelle du microcosme des banlieues et ses positions controversées par rapport aux forces de l’ordre.

Le long-métrage marquera cependant par son côté prémonitoire, sa postérité attestant, encore aujourd’hui, du propos très actuel défendu par le film.

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2 La reconnaissance de la critique

Cette polémique n’empêchera pas Mathieu Kassovitz de repartir en 1996 avec le César du meilleur film, et du meilleur montage, le cinéaste ayant privilégié un montage dynamique en noir et blanc, nous plongeant dans l’atmosphère d’une seule journée. C’était d’ailleurs l’une des volontés principales de Kassovitz : donner l’impression au public que le cadre de l’action se limite à 24h comme l’explique Christophe Rossignon, le producteur du film, dans un entretien accordé au CNC : « Quand je vois le premier montage du film, Mathieu me demande si on a bien l’impression que l’action se passe sur une journée. C’était son obsession avec laquelle il nous avait bassinés, le chef op’ (Pierre Aïm), une partie de l’équipe et moi, qui avions regardé tous les rushes pendant le tournage. »

Nommé dans onze catégories durant la cérémonie de récompenses françaises et après avoir obtenu le prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1995, le long-métrage est, en effet, largement salué par la profession. Côté entrées, La Haine en totalisera 2 millions en France et sera diffusé dans plusieurs pays anglo-saxons par la suite, au point de devenir culte autant dans l’Hexagone qu’à l’international.

Bande-annonce du film, La Haine.

3 Un film qui en inspire un autre

Outre l’engagement de son propos, son casting impeccable parmi lequel on retrouve un Vincent Cassel débutant, à l’époque, ou encore ses scènes mythiques (comment oublié la séquence de Vinz face au miroir ?), La Haine a inspiré, par la suite, plusieurs drames.

On pense ainsi à Hexagone, de Malik Chibane, Ma 6-T va craquer, de Jean-François Richet, et bien sûr Les Misérables (2019) de Ladj Ly que beaucoup ont présenté comme une suite indirecte de La Haine et une nouvelle invitation dans la vie des banlieues. Si ce long-métrage poursuit les idées véhiculées en 1995 par La Haine, c’est surtout la preuve que même 24 ans après sa sortie, l’un des plus grands succès de Mathieu Kassovitz continue d’inspirer le cinéma contemporain, et notre société. Reste à savoir quel sera l’avenir pour la comédie musicale hip-hop.

La bande-annonce du film Les Misérables.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste