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Lana Del Rey, flamme olympique et Zaho de Sagazan… On était à Rock en Seine 2024

28 août 2024
Par Marina Viguier
Zaho de Sagazan à Rock en Seine.
Zaho de Sagazan à Rock en Seine. ©Marina Viguier/L'Éclaireur

Terminé le chant des cigales, les doigts de pied en éventail, les mots fléchés, les parties de pétanques, les engueulades en familles : c’est l’heure d’accueillir l’automne… Mais avant de se remettre au labeur, on a prolongé un peu l’été au domaine de Saint-Cloud pour le festival Rock en Seine. Comme chaque année, on nous a régalés d’une programmation démentielle. De quoi nous motiver au retour des vacances. On vous raconte.

Malgré la pluie et les 15 petits degrés à la nuit tombée, de nombreux fans avaient campé deux jours avant, pour elle. On parle bien sûr de Lana Del Rey, la poétesse spleenétique venue tout droit de Californie pour une date unique. Une scénographie féérique, du Chanel à perte de vue, la reine de Venice Beach était venue reconquérir Paris. Devant un magnifique château en ruines de conte de fées, elle s’est promenée, s’est balancée, entourée de ses nombreuses danseuses.

J’aurais aimé que ce moment dure plus longtemps… J’aurais presque eu envie de revivre une rupture, même, pour que sa musique m’enlace de sa poésie mélancolique. Cette chorale géante névrosée sur Born to Die, Summertime Sadness, Video Game sonne encore à mes oreilles… Lana est éternelle, longue vie à Lana (et à son hologramme) !

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Ce qu’il ne fallait pas louper

Jeudi, c’était au tour de The Last Dinner Party, quatuor féminin et féministe qui a explosé sur TikTok. Entre opéra rock et Kate Bush, avec des looks que les fans millennials qualifient de « baroque, rebelle et very demure », c’est assurément le quartet rock le plus en vogue du moment. D’une seule voix, leur formidable tube Nothing Matter a résonné sur la plus grande scène. C’était joyeux et bienveillant, mais surtout ces quatre artistes ont prouvé qu’elles étaient taillées pour les plus grands festivals.

Puis, à la nuit tombée, est venu le tour des sulfureux membres de Måneskin, très attendus. Le groupe de rock italien avait défrayé la chronique à l’Eurovision en 2021 et est aujourd’hui en tournée mondiale à guichet fermé. Le charismatique chanteur Damiano David a fait tourner plus d’une tête devant une assemblée jeune qui chantant par cœur tout le répertoire du groupe. Sur Kool Kids, une trentaine de fans du premier rang ont eu la chance de monter sur scène pour se défouler et chanter avec le groupe. Ce n’est plus souvent que des groupes aussi populaires le permettent. Merci pour ces kids, qui repartent avec des souvenirs gravés à vie. Les cris des fans ont résonné dans toute l’Île-de-France, et la légende raconte qu’on les entendait jusqu’en Italie. L’effet Damiano David est réel.

Le lendemain, Fred Again, le phénomène mondial de électro-pop dansant, a fait danser les foules. Sur son élévateur de chantier, il voyait tout le monde et tout le monde le voyait. Tube sur tube, impossible de ne pas taper du pied dans le parc transformé en club géant à ciel ouvert. 

Samedi, l’iconique duo The Kills nous a téléportés dans les années 2000, dans l’ère skins party, à l’époque où les jeans slim étaient à la mode, où Kate Moss et Pete Doherty régnaient sur le star-system et les tabloïds anglais. C’était chic, c’était rock, et la magie du duo opère toujours, pour le plus grand bonheur des fans.

Pour clôturer cette journée, les sorciers de Massive Attack ont délivré une messe chamanique, sombre et envoûtante. Impossible de décoller les yeux de l’écran sur lequel s’inscrivaient des chiffres terrifiants sur les guerres modernes et la souffrance humaine. L’activisme a toujours été au cœur de leur musique et du projet. Quand tout s’est terminé, certains, hypnotisés, étaient démoralisés, d’autres insurgés : dans tous les cas, les messages sont passés.

Alison Mosshart, chanteuse du duo The Kills.©Marina Viguier/L'Éclaireur

Enfin dimanche ! Hélas, on n’a plus 20 ans et c’est un vrai marathon. On serait presque content que ce soit le dernier jour. Pour clore le week-end en beauté, Zaho de Sagazan, notre tempête émotionnelle préférée, nous a offert, entre larmes, rires et danses, la performance la plus généreuse et chaleureuse du festival.

Par trois fois elle est descendue au contact de son public pour chanter avec lui et s’y fondre. Zaho n’en finit pas de nous surprendre. Elle a d’ailleurs offert au public de Rock en Seine sa version de Modern Love de David Bowie, comme elle l’avait interprétée devant le monde entier au Festival de Cannes. Même Booba l’a adoubée, la boucle est bouclée. 

Zaho de Sagazan, scène Cascade à Rock en Seine.©Marina Viguier/L'Éclaireur

Puis, avant d’entamer avec déjà un peu de nostalgie le concert de clôture sur la grande scène, j’ai eu la chance d’assister au relais de la flamme paralympique. La DJ Barbara Butch et l’autrice et activiste Marjane Satrapi ont remis la flamme au champion paralympique de judo Helios Latchoumanaya. Grand moment d’émotion et de fierté avant que LCD Soundsystem et sa gigantesque boule à facette ne déclenchent cette déferlante dansante dont le groupe a le secret. Tout le monde le sait, LCD, c’est une valeur sûre.

Relais de la flamme paralympique sur la grande scène de Rock en Seine.©Marina Viguier/L'Éclaireur

Les pépites qu’on a aimées

Le festival ne se résume pas qu’aux têtes d’affiche, il ne faut pas oublier les futurs grands qui y défilent. Parmi nos découvertes, notre plus beau coup de cœur reste ALIAS, un jeune Franco-Québécois qui envoie un rock-psyché bien énervé.

Il a ouvert la grande scène le dimanche avec fougue. Chaque titre était un délice. Les amateurs de rock, à fond au premier rang, ont dû aimer les références nombreuses aux plus grands du genre : The Strokes, Beck, Prince, Nirvana

ALIAS sur la grande scène du festival Rock en Seine.©Marina Viguier/L'Éclaireur

On a été charmés par le charisme de Lucky Love, qui a déjà tout d’une rock star. Accompagné de ses musiciens et d’un chœur, il a attrapé le public dans son univers pop-soul et inclusif sur la scène Bosquet. Le personnage et sa poésie ont tout pour séduire. D’ailleurs, si vous voulez le découvrir, regardez la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, vous ne serez pas déçus du voyage !

On a aussi adoré le rock progressif et psychédélique des Français de The Psychotic Monks. Des sonorités bien underground et un militantisme inspirant. C’est salvateur de retrouver les racines contestataires de ce qu’est censé être le rock. Beaucoup de liberté, de sincérité, loin de poser sur les réseaux et de se soumettre aux nouvelles logiques marketing, ce groupe est à suivre de (très) près. 

Le festival Rock en Seine, domaine de Saint-Cloud. ©Marina Viguier/L'Éclaireur

C’était une formidable 20e édition de Rock en Seine ; un sas bienvenu de décompression avant d’attaquer la rentrée… Après cinq jours de festival, qui sont à la fois trop et pas assez, je peux vous assurer qu’être festivalière est une vraie discipline olympique. Vivement l’année prochaine ! 

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