Entretien

Les films de Sabrina Ouazani : “Kill Bill: volume 1 a provoqué une véritable explosion d’émotions chez moi”

15 juillet 2024
Par Lisa Muratore
Sabrina Ouazani dans le film d'action “Kali”, disponible depuis le 31 mai sur Amazon Prime Video.
Sabrina Ouazani dans le film d'action “Kali”, disponible depuis le 31 mai sur Amazon Prime Video. ©Desirée do Valle

Chaque mois, un·e artiste (acteur·rice, auteur·rice, chanteur·se…) partage avec L’Éclaireur une dizaine d’œuvres qui l’ont particulièrement touché·e, pour différentes raisons, à différentes époques de sa vie. Ce mois-ci, c’est l’actrice Sabrina Ouazani qui se prête au jeu.

Quel est votre premier souvenir de cinéma ? 

Mon premier souvenir d’enfance va de pair avec ma première fois au cinéma, dans cette salle sombre, avec les fauteuils rouges. Je suis allée voir Le Roi Lion en sortie scolaire au cours de laquelle ma mère était chaperonne. C’est dingue, car non seulement je voyais un Disney pour la première fois au cinéma, mais aussi je partageais ce souvenir avec ma mère.

Le Roi Lion est sorti en 1994. ©The Walt Disney Company

C’est un souvenir incroyable pour tout ce que raconte le film aussi, tout ce que ça provoque dans notre ventre comme émotion. Et puis, je viens d’un milieu modeste, donc les sorties cinéma étaient assez exceptionnelles. Avoir partagé ça avec ma mère, c’est un souvenir magique.

Le film que vous pourriez regarder en boucle ? 

Je pense que ce serait Romeo + Juliette, car c’est une réécriture incroyable. Il faut aussi parler de la lumière et la photographie de Baz Luhrmann, les costumes… Je trouve ça complètement fou. Manier aussi bien la langue de Shakespeare et la moderniser pour qu’on se la prenne en pleine face comme ça, comme s’il nous parlait de manière contemporaine, était un pari incroyable !

On pourrait aussi parler des heures des acteurs, évidemment, de Leonardo DiCaprio et Claire Danes. Cependant, il y a aussi tous ceux qui les entourent : John Leguizamo, Paul Rudd, Harold Perrineau qui fait Mercutio, Paul Sanvino qui joue le père… ! Le film m’a donné une grande gifle et ça m’a permis de redécouvrir Shakespeare. Je rêve d’aller sur les lieux de tournage et d’aller sur cette plage avec cette grande pierre, d’aller aussi à Vérone. J’en oublie presque aussi la bande originale ! Quelle musique !

Le film qui vous terrifie ?

Avec ma mère, on regardait toutes les semaines des films d’horreur quand j’étais petite. Ça m’a fait vraiment adorer le genre. Puis, on a continué avec ma petite sœur. Quand un nouveau film d’horreur sortait, on essayait d’y aller toutes les trois. Tout ça pour dire que L’Exorciste m’a terrifiée quand j’étais jeune. Il n’y a rien à expliquer, c’est juste flippant. Pourtant, j’ai une assez bonne résistance face aux choses qui font peur ou qui sont gores [rires] !

15€
20€
Voir sur Fnac.com

Celui qui m’a le plus terrifiée, je dirais aussi que c’est Orange Mécanique ! Je n’étais vraiment pas bien quand j’ai découvert le film, car il y a de la violence psychologique. Il m’a traumatisée pendant je ne sais combien de temps ! Il m’a plus terrorisée que Shining. Il me fait quelque chose en termes de sensation, c’est presque physique ce que ça provoque chez moi. Il y a quelque chose qui est de l’ordre de la bizarrerie, de la folie incontrôlée, du dérangeant pour moi. 

14,99€
25€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Le meilleur film d’action ? 

J’hésite entre deux films… Je pense évidemment à Kill Bill: Volume 1 de Quentin Tarantino. Encore une fois, je dois citer la lumière de Tarantino, sa mise en scène, ses côtés très esthétiques, le costume jaune et le visage d’Uma Thurman. Ça m’a fait rêver. Quand je l’ai vu, le film a provoqué une explosion d’émotions chez moi. C’est un de mes films préférés.

Uma Thurman dans Kill Bill: volume 1. ©TFM Distribution

Après, je suis obligée de penser à Heat avec Al Pacino et Robert De Niro. Ce braqueur et ce policier, cette course poursuite. La réalisation de Michael Mann est complètement folle. Je pense aussi à cette scène, ce duo-duel qui a marqué l’esprit de tout le monde.

Quel serait l’acteur ou l’actrice avec qui vous aimeriez collaborer ? 

Maïwenn ! Car je trouve que c’est une réalisatrice et une actrice incroyable. Pardonnez-moi, son premier film, est extraordinaire. C’est peut-être le film dont on a le moins entendu parler, mais c’est l’un de mes préférés. Cette femme est d’une liberté qui m’éclabousse. Je l’admire beaucoup. Elle a un truc qui fait que ses films sont très bruts, très vrais, sans fioriture. J’adore son cinéma, j’adore ce qu’elle a à dire. 

Quel est votre film plaisir coupable ? 

Je dois avouer que je suis à l’aise avec mes choix cinématographiques et j’assume tout. Mais j’adore Dirty Dancing, même si ce n’est pas si coupable que ça. Il y a des films qui ont très mal vieilli, mais qui sont aussi des chefs-d’œuvre. Peut-être que Dirty Dancing appartient à ça. Je dois aussi citer Les Visiteurs, même si je suis assez fière de dire ça, en fait, parce que je trouve que c’est réussi. Par exemple, la performance de Clavier est parfaite. C’est le plaisir mi-coupable, en fait. Peut-être que mon plaisir coupable ce sont aussi les Disney. J’ai 35 ans, je peux avoir un petit coup de mou et me dire “Ah, si on se mettait un petit Aladin ou un petit Bernard et Bianca, un petit Merlin l’enchanteur… Je regarde souvent les anciens Disney, ceux des années 1980 et 1990. C’est la base [rires] !

Le film que vous voulez absolument voir, mais que vous n’avez pas encore vu ? 

On va sûrement me tomber dessus, mais tant pis, je me lance ! Je n’ai jamais vu aucun film Star Wars et je m’en excuse [rires]. J’ai aussi un film que je n’ai jamais vu alors que je suis une grande fan de cet acteur, c’est Scarface ! Mais je vais vous dire pourquoi je ne l’ai jamais vu : au moment de sa sortie, le long-métrage me tendait alors que j’adore Al Pacino. Je pourrais vous parler des heures d’Un après-midi de chien, mais je n’ai jamais réussi à aller voir Scarface, car, au moment de sa sortie, je me suis dit que toute une génération était en train d’admirer un homme qui s’est construit grâce au trafic de drogue et qui est en train de devenir fou ; qui devient fou au point de tuer son meilleur ami et de faire n’importe quoi.

Bande-annonce de Scarface.

Je me suis demandé pourquoi on admirait cet homme-là, à l’époque. Est-ce vraiment ça le chemin qu’on a envie de suivre ? Est-ce vraiment ce genre de personnage qu’on admire et à qui on a envie de ressembler ? J’ai eu l’impression qu’on le montrait comme un exemple, alors que ce n’est pas ce que raconte Brian De Palma. Justement, il montre que cet homme-là va finir par perdre la boule. 

Il finit par perdre la raison, par s’autodétruire et par s’autosaboter. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de gens qui ont oublié la fin du film et qui le résument simplement à la cocaïne, aux femmes, au succès. Je pensais, à l’époque, que ce n’était pas pour moi. Puis, tout le monde autour de moi rejouait les scènes. J’avais l’impression d’avoir vu le film, sans l’avoir vu. Aujourd’hui, je me dis que je suis en âge d’avoir un regard plus lucide. Il va être temps de se faire son propre avis !

Quel est le dernier film qui vous a marquée au cinéma ? 

J’ai adoré Yannick, l’année dernière. Certes, Quentin Dupieux a un univers qui peut être assez particulier, mais grâce à ce huis clos, je suis passée par plusieurs émotions. Il a aussi mis en scène des personnages incroyables, notamment celui de Pio Marmaï. Il m’a fait comprendre qu’on n’est pas obligé d’avoir des millions pour pouvoir faire des grands films. Je pense que ça dit beaucoup de choses sur le métier d’acteur, sur le cinéma et sur notre rapport avec le public ; sur ce qu’on leur doit ou non, et sur pourquoi on fait ce métier. Je trouve que ça pose effectivement plein de questions.  

Bande-annonce de Yannick.

À lire aussi

Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste