Critique

Flow : le film d’animation peut-il remporter le Cristal du long-métrage à Annecy ?

15 juin 2024
Par Robin Negre
"Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau".
"Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau". ©UFO Distribution

Le film de Gints Zilbalodis est à la fois une aventure symbolique et un voyage minimaliste basé sur l’entraide et l’acceptation.

Film contemplatif sans aucun dialogue humain, Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau a séduit le public du Festival d’Animation d’Annecy grâce à sa poésie, son ambition et son élégante animation. Inscrit dans la compétition officielle, le long-métrage pourrait bien remporter le prix suprême, le Cristal du long-métrage ce samedi 15 juin. En suivant le parcours d’un chat face à une montée des eaux dangereuses et imprévisibles, Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau transporte le spectateur dans un voyage halluciné et sensoriel.

Seconde proposition ambitieuse du cinéaste Gints Zilbalodis (réalisateur du film d’animation Ailleurs) et présentée lors du dernier Festival de Cannes, le long-métrage parvient à alimenter un riche propos sur l’humanité sans utiliser le dialogue humain.

Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau.©UFO Distribution

Dans un monde désolé où l’humanité semble avoir disparu, un chat constate la montée imminente des eaux, risquant d’engloutir entièrement son île.

Trouvant refuge sur une barque de fortune, il dérive avec le courant tout en faisant la rencontre d’autres animaux, également rescapés et seuls. Une cohabitation forcée qui pose les thématiques du film et emmène la réflexion, tout en créant de nombreuses scènes délicates, touchantes et même drôles.

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Mélange des fables de La Fontaine sur une Arche de Noé moderne, Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau pose dès les premières minutes son propos. Le monde est animalier, sans que la raison ne soit connue, et derrière la domination du plus fort, la dangerosité de la situation (la montée des eaux) oblige certaines alliances éphémères à se créer. Chat, chien, castor, ou encore lémurien sont sur un bateau et le dialogue se fait via le comportement et l’apprivoisement des uns et autres. Les animaux sont volontairement humanisés à travers leur réaction et leur décision, mais Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau garde une certaine distance et ne tombe pas dans une représentation anthropomorphe. Le film n’a pas de dialogue et se sert des différents évènement pour faire vivre son récit (et sa dramaturgie).

Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau.©UFO Distribution

Voguer vers l’inconnu

L’eau monte, la barque vogue, mais les animaux ne peuvent avoir d’autres buts que de survivre et d’avancer. Entièrement dépassés par la situation, ils existent dans un monde aussi beau qu’inquiétant et le mystère posé par le film — qui ne cherche jamais à sur-expliquer son postulat — lui offre une liberté salvatrice. La civilisation est absente, mais les vestiges demeurent. Tours gigantesques, statuts immenses, édifices à la gloire de divinités inconnues… Il ressort de Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau un aspect lovecraftien — sans la plongée dans la folie — en plus poétique.

Derrière l’inconnu et le souvenir de l’immense, l’intime et le minimaliste se perçoit dans la quête de ces animaux, contraints de surmonter l’eau, sans savoir ce qu’ils trouveront.

Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau.©UFO Distribution

Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau est minimaliste. Le film parvient à toucher au cœur grâce à la construction minutieuse de ses personnages. L’animation donne vie aux animaux, qui bénéficient tous d’un caractère précis. Les dynamiques entre eux et les relations offrent cette émotion nécessaire.

Derrière le mystère et le danger, derrière la sobriété et le parti-pris, le film se construit grâce à l’émotion et les péripéties. Sans rien dire, les animaux disent tout de l’humain et du monde dans un film passionnant qui devrait, selon nous, repartir avec un prix durant la cérémonie de clôture du Festival International du Film d’Animation d’Annecy 2024.

Les premières images de Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau.

Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau de Gints Zilbalodis, au cinéma le 30 octobre 2024, 1h 25min.

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