Critique

Möbius : la nouvelle performance XXL de la compagnie XY

18 novembre 2021
Par Félix Tardieu
La compagnie XY en scène dans "Möbius"
La compagnie XY en scène dans "Möbius" ©Christophe Raynaud De Lage

Avec la complicité du chorégraphe Rachid Ouramdane, les acrobates de la compagnie de cirque contemporain XY prennent leur envol dans ce ballet virtuose traversé par un souffle vital saisissant.

Reporté en raison de la pandémie, le nouveau spectacle de la compagnie XY – troupe circassienne qui a fait sensation avec des spectacles tels que Le Grand C (2009) et Il n’est pas encore minuit (2014) – peut enfin déployer ses ailes. Jusqu’au 28 novembre, celui-ci investit l’Espace Chapiteaux de la Villette, avant de partir en tournée dans toute la France. Dans le silence, dix-neuf acrobates prennent place un à un sur le plateau, avant de se lancer dans une course folle qui durera un peu plus d’une heure. Ici, aucun artifice qui détourne l’attention du spectateur, et une scénographie ouvertement épurée qui laisse pleinement place aux corps des acrobates. Si le spectacle relève ouvertement d’une analogie avec le phénomène de « murmuration », désignant ces nuées parfaitement réglées de certaines espèces d’oiseaux, Möbius dévoile en creux un spectacle au sujet de l’équilibre précieux sur lequel repose la vie. La troupe, spécialisée dans les portés acrobatiques, multiplie alors les tours humaines qui se construisent et s’affaissent dans un seul et même mouvement. À un, deux ou trois étages, ces colonnes vivantes, tels des mâts totémiques, forment les maillons d’une chaîne qui célèbre les puissances de la vie. À travers leur verticalité, ces constructions font paradoxalement l’éloge de la lenteur, de l’horizontalité et de l’entraide qui anime les êtres vivants.

Möbius, compagnie XY © Christophe Raynaud De Lage

Poétique des corps

Tout sera alors question d’accélération et de ralentissement, d’entrée et de sortie, d’ascension et de chute, d’attraction et de répulsion, de terrestre et d’aérien. Dans cette assemblée de corps hétéroclites dont les différences constituent la force d’inertie, chaque individu travaille à la symbiose du groupe. Si une erreur ou une chute se glisse dans un numéro, les interprètes l’intègrent à leurs trajectoires : car il est avant tout question de faire corps avec l’autre et de le remettre en selle si celui-ci trébuche. La chorégraphie ne manque pas d’appuyer cette fragilité : un corps qui se couche et c’est l’ensemble qui cède. Dans un chaos savamment orchestré, les uns et les autres s’épaulent, s’élancent majestueusement dans les airs, se portent, se relèvent et expérimentent les formes dans une sorte de recherche ininterrompue de la bonne harmonie. C’est peut-être ce principe cyclique, cette tentative sans cesse renouvelée d’atteindre un équilibre vital, qui donne son nom à la pièce : Möbius se déplie ainsi devant les yeux d’un public enthousiaste et soulagé de voir tous ces êtres aériens retomber finalement sur leurs pieds.

Infos pratiques
Möbius, de la compagnie XY et Rachid Ouramdane – Espace Chapiteaux, Parc de la Villette (Paris 19e) –  Du 3 au 28 novembre 2021 – 1h05 – Billetterie par ici

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste