Huawei songe à confier sous licence la conception de ses smartphones à des entreprises tierces. Cette option lui permettrait de contourner l’embargo américain et d’accéder notamment à des composants.
Les sanctions américaines continuent de peser sur Huawei, mais l’entreprise chinoise a peut-être trouvé une solution. Elle chercherait actuellement des partenaires pour les contourner et sauver ce qu’il reste de sa division smartphone. Après avoir fait illusion en 2020, Huawei a quelque peu disparu des radars cette année et l’arrivée au pouvoir de Joe Biden n’a pas aidé le groupe à retrouver des couleurs. Écarté du marché de la 5G dans plusieurs pays européens et privé des services de Google, le géant chinois a perdu de sa superbe. Conformes à ses attentes, les résultats pour le premier semestre 2021 ont confirmé le repli de la division « grand public » (Consumer) qui comprend notamment les ventes de smartphones.
Afin de traverser cette « période difficile », Huawei a cherché des relais de croissance dans le cloud, les services aux entreprises ou d’autres produits tels que les ordinateurs ou les enceintes portables. Le président tournant de Huawei, Eric Xu, a régulièrement expliqué que depuis deux ans la priorité de la société était de « survivre », sans toutefois mettre totalement ses ambitions de côté sur le marché du smartphone. Le géant chinois a d’ailleurs dévoilé sa gamme P50 durant l’été et a fait son retour en France avec le Nova 9.
Des partenaires chinois pour contourner les sanctions
Ces annonces successives témoignent de la volonté de Huawei de revenir sur le devant de la scène. D’après Bloomberg, cette tendance se confirme puisque le fabricant chercherait des solutions pour contourner les sanctions américaines. Son nouveau projet consisterait à concéder des licences à des entreprises chinoises tierces pour la conception de ses smartphones. Ces dernières, qui ne figurent pas sur la liste noire des États-Unis, pourraient accéder à des composants essentiels et ainsi aider Huawei à se relancer. Outre l’absence des services Google, le fabricant est en effet privé de certains composants clés comme les puces du fabricant taïwanais TSMC ou les modems 5G de Qualcomm. Ses derniers smartphones, qui fonctionnent avec l’interface EMUI 12 sous Android et avec les Huawei Mobile Services (HMS), sont dépourvus de la 5G.
L’entreprise basée à Shenzhen envisagerait de concéder la conception, sous licence, de ses smartphones à la société China Postal and Telecommunications Applicances Co. (PTAC). Cette dernière est détenue par l’État chinois et l’une de ses filiales n’est autre que Xnova, qui commercialise déjà des smartphones de la gamme Nova. Le partenariat lui donnerait également la possibilité de vendre des appareils développés par Huawei sous sa propre marque.
Huawei n’est pas encore prêt à retrouver les sommets
Un fabricant chinois d’équipement, TD Tech Ltd., aurait également été approché avec la même promesse et des négociations seraient toujours en cours. Huawei aurait aussi demandé à ses ingénieurs d’adapter certains de ses smartphones phares, jusqu’à présent disponibles avec des puces Kirin de sa filiale HiSilicon, pour les rendre compatibles avec des SoC Qualcomm ou MediaTek. Une nouvelle approche qui ne permettra pas forcément à Huawei de revenir au sommet, mais Bloomberg estime qu’il « s’agit peut-être de la meilleure chance pour l’activité smartphone de Huawei » après les sanctions américaines. La firme, qui a déjà dû vendre sa marque Honor, s’attend à ce que ses partenariats lui permettent d’écouler plus de 30 millions de smartphones en 2022. Huawei n’a, pour l’heure, pas souhaité commenter ces informations.