De la machine à laver aux suspensions automobiles, l’année 1924 est marquée par le développement rapide de nouvelles technologies, au sortir de la Première Guerre mondiale.
Nous sommes en 1924. Quelques années après la fin de la Grande Guerre, la reprise économique est enfin de la partie, et les innovations technologiques et sociétales se multiplient. Entre l’apparition de l’électroménager, les progrès en matière de santé publique ou encore l’invention du tube cathodique qui devrait bientôt équiper les futurs postes de télévision, l’année est particulièrement riche en inventions.
L’essor rapide des appareils ménagers électriques
En 1924, l’électrification des pays occidentaux progresse à une vitesse fulgurante. Une plongée dans les archives de l’époque, par exemple dans le très sérieux mensuel Recherche et Inventions, nous montre immédiatement à quel point l’engouement était fort pour les innovations en matière d’appareils électroménagers électriques. Machine à laver les couteaux, à peler les patates ou encore balai à cirer les parquets : des objets alors luxueux, mais au potentiel plus que prometteur !
L’année 1924 voit ainsi se généraliser les aspirateurs, les fers à repasser et autres balais vapeur. Mais c’est sans doute l’arrivée des machines à laver électriques qui sera la plus remarquée puisque ces dernières vont rapidement se substituer à des systèmes mécaniques (à manivelle) ou physiques (le bon vieux lavoir). La presse de l’époque promet « une absence de fatigue, une hygiène irréprochable et un linge assaini et renforcé », même si on peut avoir quelques doutes en imaginant que certaines de ses machines fonctionnaient… au charbon.
L’hygiène, un champ d’innovation majeure
Les innovations en matière d’hygiène et de santé publique se développent aussi rapidement : le vaccin contre le tétanos est mis au point, les mesures d’assainissement se multiplient, et des entreprises font rapidement breveter des inventions surfant sur cette tendance au « propre ». C’est par exemple le cas de la société Kleenex, qui va déposer un brevet de mouchoirs jetable reprenant des techniques de fabrication qui servaient jusqu’ici pour des fibres de masques à gaz.
Bien vite, l’engouement est très fort pour ces mouchoirs que le magazine Vogue décrit comme un « démaquillant idéal » et que la presse masculine vante comme « une mesure d’hygiène face aux miasmes demeurant dans les mouchoirs en tissu ». Tout au long des années 1920, les publicités vantant cette « innovation sanitaire haut de gamme » se multiplient, semblant aujourd’hui doucement désuètes.
Dans les transports, des innovations à gogo
Encore réservées avant la guerre à une petite élite aristocratique, les motos et les automobiles se répandent dans la population de classe moyenne dans les années 1920. Si le train et le vélo restent alors les moyens de déplacement premier des ouvriers et des paysans, un énorme marché est en train de se créer pour l’automobile, conduisant par ailleurs à une hausse de la mortalité sur les routes. Le Code de la route et le permis de conduire voient respectivement le jour en 1921 et 1922.
Deux ans plus tard, les constructeurs rivalisent d’inventivité pour vendre les autos comme un moyen de transport sûr, rapide, mais surtout… Confortable ! C’est la grande préoccupation de l’époque : par rapport au côté bondé et chaotique du train, la voiture représenterait la tranquillité, avec un côté fluide et cosy. Les constructeurs lancent de nombreuses initiatives pour séduire de nouveaux clients.
Ainsi, le journal L’Auto s’émerveille en janvier 1924 de l’annonce de Peugeot de mettre à disposition de tout acheteur d’une de leurs automobiles un garage individuel dans lequel la voiture est remisée le soir, lavée par un employé et restituée le lendemain ! Finis les problèmes de parking.
Mais, du côté des innovations techniques, c’est plutôt les suspensions qui font la une. Il faut dire que le gouvernement est alors tenu d’inventer de nouveaux revêtements pour recouvrir des dizaines de milliers de kilomètres de routes inadaptées au transport automobile, et que les trajets sont encore, souvent, des calvaires pour le dos.
Au concours Lépine, des berceaux pliables et des machines à écrire miniatures
Cette période de forte croyance dans le progrès s’incarne à merveille dans les très nombreuses innovations présentées au concours Lépine 1924 : on miniaturise les machines à écrire pour les rendre portables, on présente des poussettes pliables pour enfants ou encore des charrettes à bras munies d’une assistance électrique.
Le Prince de Siam, en visite d’État, aura d’ailleurs l’occasion de s’émerveiller devant ces innovations dont une des plus remarquables est un séchoir électrique à main, ancêtre direct de nos sèche-cheveux modernes.
La presse jeunesse n’est pas en reste. Le Petit Inventeur, hebdomadaire publié de 1923 à 1929, présente à un public de collégiens et de collégiennes les innovations récentes et futures. Les numéros de 1924 s’extasient ainsi sur l’arrivée prochaine des compteurs électriques, de l’hélicoptère (« l’avion vertical tel que prévu par M.Edison ») ou encore… de la machine destinée à apprendre en dormant. On ne peut pas avoir raison à tous les coups !