Le 26 avril prochain paraîtra le nouvel album de l’artiste américaine. Un premier single a été diffusé avec un certain Dave Grohl à la batterie.
Tout le monde s’arrache St Vincent. De Gorillaz à David Byrne, en passant par Paul McCartney, Fiona Apple, ou encore Dua Lipa, nombreux sont ceux et celles qui ont souhaité collaborer avec cette chanteuse polymorphe originaire de Tulsa. Il faut dire que depuis son arrivée sur le devant de la scène en 2011, la jeune femme est parvenue à devenir une « artist’s artist ». Une personnalité à part dont la créativité suscite l’admiration et la curiosité chez ses pairs. Et ce n’est pas son prochain album, intitulé All Born Screaming, qui la fera rompre avec cette tradition.
La femme qui venait d’ailleurs
À l’instar du double civil de Ziggy Stardust, celui scénique d’Annie Clark (véritable nom de la chanteuse) est bien décidé à ne pas se conformer aux attentes. La comparaison n’est pas fortuite, lorsque l’on sait à quel point chacune de ses œuvres est élaborée comme une véritable capsule musicale qui renferme un univers complet. Là où d’autres confectionnent des albums concepts, St Vincent forge des disques-mondes dans lesquels chaque texture, détail vestimentaire, ou artifice de mise en scène est mis à contribution.
All Born Screaming paraitra le 26 avril prochain et est déjà annoncé comme son album le plus sombre. Non pas que l’auteure-compositrice ne soit pas habituée aux thématiques moroses. Sous ses allures d’œuvre pop futuriste, MASSEDUCTION cachait une critique acerbe de Los Angeles à en faire passer Joan Didion pour une romancière aseptisée. Et la dualité entre les rythmes groovy du faussement nostalgique Daddy’s Home (2021) et la noirceur de son propos n’était pas sans rappeler la façon qu’avait Lou Reed de dépeindre le New York sordide du début des années 1970.
Fini de plaisanter
Mais la musicienne avait jusqu’à maintenant toujours fait un pas de côté pour parler des choses avec un sens de l’ironie abrasif. C’était même la seule chose qui unissait sa discographie si inclassable, et la galerie d’alter egos qu’elle y avait associée. À en écouter la principale intéressée, c’est en ce sens que son prochain album se distingue des précédents.
Lors d’une interview donnée au magazine britannique Mojo, elle expliquait que son prochain album (le moins drôle, selon ses dires) porterait sur le malaise général ressenti à la sortie des années Covid. « Ce genre d’isolation engendre de la paranoïa et de la solitude, et la solitude peut engendrer une certaine violence. Nous avons vécu une période de deuil collectif et personnel » explique-t-elle. C’est pourquoi elle considère cet album comme « de la pop post-peste. Il parle beaucoup de paradis et d’enfer, dans le sens métaphorique du terme. Ce qui me semble approprié, parce que je dirais que de rester assise en solitaire dans un studio pendant autant d’heures est une version de l’enfer ».
Sous le masque
L’artiste qui n’a de cesse de se réinventer semble ainsi présenter une nouvelle version d’elle-même, mise à nue. Elle est pourtant coutumière du fait d’aborder des sentiments très personnels par le passé, comme l’indique son dernier album Daddy’s Home. Mais si celui-ci était né des émotions contradictoires qu’elle avait pu ressentir le jour où son père sortait de prison, elle était parvenu à se dissimuler derrière un autre personnage.
Heureusement pour St Vincent, elle ne devra néanmoins pas affronter les peurs abordées dans ce futur album toute seule. La chanson à l’origine du titre de ce dernier, All Born Screaming, est le fruit d’un duo avec Cate Le Bon. Et l’homme à la batterie de Broken Man n’est autre que Dave Grohl lui-même. À ce propos, ce n’est pas la première fois qu’Annie Clark collabore avec le chanteur des Foo Fighters. En 2014, elle avait repris Lithium avec les deux membres vivants de Nirvana lors de l’intégration du groupe au Rock N’ Roll Hall Of Fame. Ce panthéon musical parmi lequel la guitariste chevronnée mériterait sans nul doute sa propre place un jour prochain.