Cette création en six épisodes imagine les aventures du héros du Faucon Maltais, 20 ans après le film avec Humphrey Bogart.
Qu’est-ce qui constitue véritablement un film noir ? Cette vieille question fait débat parmi les critiques et experts du septième art depuis la conclusion de l’âge d’or de ce genre indémodable, à l’issue des années 1950. Ils se sont néanmoins accordés sur deux choses. La première, c’est que ce cinéma hautement stylisé est toujours fondé sur un échec sociétal.
Qu’il s’agisse de la désillusion occasionnée par la Seconde guerre mondiale ou, avant elle, la Grande Dépression, nos protagonistes malchanceux sont toujours confrontés à un quotidien désespéré qui reflète un monde en pleine déliquescence. La seconde certitude, c’est que Le Faucon Maltais reste un incontournable du genre. Et cette nouvelle série avec Clive Owen est bien consciente de ces deux affirmations.
Play it again, Sam
Monsieur Spade se déroule en France, au début des années 1960, et met en scène l’antihéros éponyme, popularisé sur grand écran par l’inimitable Humphrey Bogart, alors qu’il écoule une retraite paisible. Évidemment, les choses ne sont pas aussi simples lorsque l’on a été l’un des plus grands « privés » américains, et si les ruelles des villages d’Aveyron semblent moins sanglantes que les rues de San Francisco, ce n’est malheureusement qu’une illusion. Notre détective dur à cuire sera bientôt contraint de sortir de son repos bien mérité pour en révéler les dessous.
Pas d’Humphrey Bogart ni de Peter Lorre ici, mais un casting que n’aurait toutefois pas renié John Huston lui-même (réalisateur de l’adaptation la plus célèbre des aventures de Sam Spade). Sous le Fedora du détective, nous retrouvons l’acteur britannique Clive Owen (Sin City, Le fils de l’Homme).
Ce grand amateur de film noir des années 1930 a mis un point d’orgue à vouloir s’inspirer du travail de l’icône hollywoodienne pour façonner un personnage qui rendrait hommage à son interprétation culte du héros de Dashiell Hammett. Il est accompagné de Louise Bourgoin, Cara Bossom, Denis Ménochet ou encore Chiara Mastroianni.
Monsieur Spade a troqué le noir et blanc de l’après-guerre pour les couleurs du sud de la France, mais il n’a rien perdu de la critique sociale qui faisait le succès des films noirs d’antan. Bien qu’elle ne soit pas ostensiblement nommée, c’est la guerre d’Algérie — sujet encore très peu confronté par le cinéma français – qui pèse comme une ombre sordide sur les pauvres diables au centre de cette histoire inédite. Le premier épisode sera disponible dès ce soir à 21 heures, sur Canal +.