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Des chercheurs alertent sur les effets de l’utilisation prolongée des casques de réalité mixte

05 février 2024
Par Kesso Diallo
Au fur et à mesure que les chercheurs passaient du temps dans la réalité mixte, des problèmes sont apparus.
Au fur et à mesure que les chercheurs passaient du temps dans la réalité mixte, des problèmes sont apparus. ©Virtual Human Interaction Lab

Mal des transports, absence sociale…, les porteurs de ces appareils pourraient rencontrer divers problèmes à long terme.

Réalité mixte pour Meta, informatique spatiale pour Apple. Alors que cette technologie fait beaucoup parler d’elle, avec la firme de Cupertino qui vient de lancer son Vision Pro, des chercheurs de l’université de Stanford appellent à la prudence concernant l’utilisation de ce type de casques de VR/XR. Dans une étude publiée dans la revue Technology, Mind and Behaviour, ils alertent sur les conséquences d’une utilisation prolongée de ces appareils. 

Des distances sous-estimées

La technologie clé derrière ces casques est la vidéo passthrough, qui consiste à bloquer toute lumière. Ainsi, les utilisateurs peuvent uniquement voir le monde extérieur qui les entoure grâce aux caméras des casques, leur permettant d’interagir physiquement avec leur environnement tout en y ajoutant du contenu numérique. Cette technologie pourrait être problématique pour les utilisateurs s’ils portent ces appareils pendant de longues périodes, indiquent les chercheurs.

Ils ont fait ce constat après avoir passé au moins 140 minutes sur deux ou trois sessions à porter un casque Meta Quest 3 tout en réalisant diverses activités (converser, marcher dehors, cuisiner…). Au fur et à mesure qu’ils passaient du temps dans la réalité mixte, des problèmes sont apparus. Les chercheurs évoquent la présence d’une distorsion avec des formes et des dimensions d’objets semblant artificielles ou se transformant. Ils mentionnent également un décalage à peine perceptible dans le changement d’affichage lorsqu’ils bougeaient la tête vers une nouvelle vue. 

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Des problèmes qu’ils ont remarqué en sous-estimant souvent les distances par rapport aux objets, lorsqu’ils cherchaient à faire un « tape m’en cinq » ou à mettre une cuillère dans leur bouche pour manger par exemple. S’ils ont appris à prendre en compte ces inexactitudes, ils s’inquiètent de la mesure dans laquelle une telle surcompensation pourrait persister après une utilisation prolongée du casque. « Un scénario plausible pourrait être celui de descendre un escalier et de manquer une marche, ou de conduire une voiture et de mal évaluer les distances », a indiqué Jeremy Bailenson, directeur fondateur du Virtual Human Interaction Lab (VHIL) de l’université, dans un communiqué.

Des séquelles potentiellement dangereuses

Ces effets ont contribué à un profond sentiment de ce que les chercheurs appellent « l’absence sociale ». Concrètement, « les gens du monde extérieur sont devenus très absents, comme si nous les regardions à la télévision », a expliqué Jeremy Bailenson. « La personne qui marchait, faisait du vélo ou était assise près de vous ne semblait pas physiquement réelle », a-t-il ajouté. 

Enfin, l’équipe évoque une sorte de mal des transports, un problème déjà documenté avec la réalité virtuelle. Outre la prudence avec ces casques, le directeur fondateur du VHIL recommande aussi aux utilisateurs, ainsi qu’aux fabricants de ces appareils, d’envisager de réduire le temps qu’ils passent immergés dans la réalité mixte et de faire des pauses.  Si « les casques vidéo passthrough présentent un grand potentiel pour toutes sortes d’applications »« il existe également des pièges qui peuvent nuire à l’expérience utilisateur, du sentiment d’absence sociale au mal des transports, en passant par des séquelles qui pourraient même être dangereuses », alerte Jeremy Bailenson.

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste
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