C’est l’un des prérequis du Digital Markets Act qui entrera en vigueur d’ici quelques semaines, et Meta est logiquement sur le pont pour tenir les délais.
Avec ses 2,78 milliards d’utilisateurs et utilisatrices par mois dans le monde, WhatsApp ne pouvait échapper à l’œil des régulateurs européens. Aussi, dans le cadre du Digital Markets Act (DMA), la messagerie de Meta est définie comme « service essentiel », c’est-à-dire qu’elle a l’obligation de lever certaines barrières techniques. C’est notamment ce cadre législatif qui obligera bientôt Apple à prendre en charge le protocole RCS permettant de dialoguer avec les smartphones Android.
Le grand chantier de l’interopérabilité
C’est donc maintenant une obligation : WhatsApp va devoir permettre d’envoyer et recevoir des messages en provenance d’autres messageries instantanées. Un véritable casse-tête pour Meta, qui doit se plier aux règles de l’Union européenne sans se dédire en matière de confidentialité et, surtout, de chiffrement des échanges.
Par chance, les entreprises dites « contrôleuses d’accès » n’ont pour l’instant l’obligation que de permettre des échanges textuels simples entre les applis. Les appels, la visio et le partage de fichiers suivront. La dernière bêta des applications WhatsApp sur iOS et Android nous offre déjà un aperçu de l’interface grâce au site spécialisé WABetaInfo.
On aperçoit, au sommet de la liste des conversations en cours, un dossier intitulé « Third-party Chats ». Il s’agit des messages en provenance d’autres applications, qui seront donc rangés à part dans l’interface de WhatsApp. Notons cependant que l’interopérabilité, si elle est obligatoire pour les entreprises, restera optionnelle pour les utilisateurs et utilisatrices. On pourra très bien choisir de continuer à naviguer entre plusieurs messageries quand tout cela sera effectivement en place.
Quelles messageries sont concernées ?
On l’a dit, WhatsApp est l’application de messagerie instantanée la plus populaire au monde, et de loin. Mais quelles autres sont concernées par cette obligation d’interopérabilité ?
On pense en premier lieu à d’autres produits estampillés Meta : Messenger (1,3 milliard d’utilisateurs) et Instagram (2,4 milliards d’utilisateurs). Les trois messageries vont donc devoir être unifiées – ce qui est en projet depuis belle lurette.
Les messageries considérées comme plus petites n’auront pas l’obligation de se plier aux règles du DMA, mais sont invitées à le faire. Reste qu’on a du mal à imaginer que des services comme Telegram ou Signal, très critiques envers WhatsApp, qu’ils accusent de voler les données des utilisateurs et utilisatrices, acceptent de jouer ce jeu-là.
