Décryptage

Laisse le flingue, prends les cannolis : plongée dans les coulisses du Parrain de Coppola

27 décembre 2023
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Laisse le flingue, prends les cannolis : plongée dans les coulisses du Parrain de Coppola

Une enquête de cinéma qui se lit comme un roman trépidant.

« Le plus grand film peut-être jamais réalisé », c’est par ce glorieux titre honorifique que Stanley Kubrick désignait Le Parrain de Francis Ford Coppola. Si le film passe aujourd’hui pour l’un des chefs-d’œuvre ultimes du septième art, c’est bien sûr parce qu’il est la manifestation d’une démarche artistique éblouissante et parce qu’il met en scène une histoire inoubliable mais c’est aussi parce que gravitent autour de sa fabrication les plus folles légendes et les plus incroyables secrets.

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Ce qui fait l’objet du culte Le Parrain, c’est presque plus ses à-côtés, comme s’il y avait là une histoire encore plus dramatique, encore plus palpitante que le film lui-même. Comme une preuve irréfutable de cette fascination, ce sont deux œuvres passionnantes qui viennent de sortir en moins d’un an. La géniale série The Offer, diffusée sur Paramount en décembre de l’année dernière et dont on a déjà parlé ici et un livre qui vient tout juste de paraître aux éditions Capricci.

Après avoir fait beaucoup parler de lui Outre-Atlantique, Laisse le flingue, prends les cannolis, l’enquête événement du journaliste Mark Seal est enfin traduite en France et nous raconte à la manière d’un roman haletant, sous tension, l’épopée de la réalisation du film de Francis Ford Coppola.

Son titre ? Un savoureux clin d’œil à une réplique culte du film. Une phrase adressée par Peter Clemenza à son homme de main Rocco alors qu’ils viennent de tuer Paulie Gatto, le soldato de Corleone qui a trahi le Parrain.

Janvier 1971, La Paramount est mal en point et espère trouver un nouvel élan en achetant les droits du roman de Mario Puzzo, Le Parrain, un phénomène de librairie paru deux ans plus tôt. Aux manettes, le producteur Robert Evans, un homme de poigne qui n’aime pas les films de gangsters mais qui cède face à la pression de ses dirigeants. Très vite, ses doutes et ses craintes se confirment quand il subit le refus de plusieurs réalisateurs chevronnés de l’époque. Il doit alors se tourner vers un jeune cinéaste prometteur du nom de Francis Ford Coppola, un virtuose qui a des idées très arrêtées et qui se soucie peu de l’avis des studios. Un jeune cinéaste provocant qui n’aime pas le livre de Puzzo qu’il trouve médiocre mais qui doit accepter ce film de commande pour véritablement lancer sa carrière.

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Dès le départ, tout semble fait pour mettre le feu aux poudres. À l’aide de nombreux témoignages inédits et de précieux documents qu’il a déterré, Mark Seal raconte l’élaboration plus que mouvementé de ce film auquel personne ne croyait. Une lutte sans merci est d’abord menée entre le réalisateur et les studios à propos du casting. Coppola refuse les codes classiques du film noir américain et entend faire du Parrain un grand drame familial, un théâtre shakespearien. Pour l’interpréter, il a des noms bien précis en tête, dont un qui ne va pas plaire à la Paramount. Pour le rôle-titre, celui de Vito Corleone, Coppola ne voit que Marlon Brando. A 47 ans, l’acteur est pourtant dans un creux terrible. Devenu obèse, toujours ivre, libidineux, ingérable, il s’est éloigné du cinéma après avoir fait plonger plusieurs films et s’être embrouillé avec tout Hollywwod. Mais Coppola insiste, il refuse Laurence Olivier et Burt Lancaster, souhaités par le studio et propose un pari : Brando passera un essai, comme un débutant. Le reste appartient à l’Histoire.

En quelques secondes, celui qu’on croyait fini éclabousse de sa classe et de son talent les personnes présentes sur le plateau et justifie le choix risqué de Coppola. Ce ne sera que le début d’une liste longue comme le bras de combats remportés par le réalisateur au détriment des studios. Al Pacino devra également prouver sa valeur, il faudra insister pour que le compositeur Nino Rotta s’occupe de la musique. Des partis pris audacieux qui prennent aujourd’hui tout leur sens quand on voit le rendu final du film.

A l’image de ce casting houleux, tout ne sera que guerre et conflit sur le tournage du Parrain et le livre de Mark Seal apparaît comme le récit d’un miracle, de la magie du cinéma. Les tractations et les négociations pour éviter que la mafia s’immisce dans la production du film ou pour apaiser la colère de la Ligue de défense des droits civiques des italo-américains qui craignait qu’on stigmatise une population, les secrets de la scène de la tête de cheval ou de la scène de la passation de pouvoir : on découvre au fil de ce livre passionnant et impossible à lâcher le nombre d’écueils qui ont été surmontés, des pièges qu’il a fallu éviter. En toile de fond, c’est aussi un manifeste artistique qui se dévoile. Celui du Nouvel Hollywood, de ses réalisateurs virtuoses, provocateurs qui mettent fin à l’hégémonie des studios. C’est aussi l’entrée dans une nouvelle ère du cinéma, celle de la promotion, de la communication et du buzz.

Coppola sur le tournage de la scène d’ouverture du Parrain

Dans la plus pure tradition de la non-fiction américaine, Mark Seal se met en scène et croise les petites et les grandes histoires. Il raconte sa rencontre étonnante avec Robert Evans, retrace les secrets inavouables de l’écrivain Mario Puzzo, dresse une success story, celle de Karl Georg Blühdorn, l’industriel autrichien qui racheta une Paramount au bord de la faillite pour en faire le numéro un du cinéma américain. Une enquête décoiffante, une mine d’or pour les amoureux du cinéma.

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