La franchise Percy Jackson fait son grand retour ce 20 décembre sur Disney+. Près de 20 ans après la publication des romans cultes déjà portés deux fois à l’écran, la magie opère-t-elle toujours ?
En 2005, Rick Riordan est un auteur de polars relativement méconnu. Avec son nouveau récit, Le Voleur de foudre, qui met en scène les mythes de la Grèce antique dans le monde moderne, il atteint en quelques mois une notoriété mondiale. C’est le début de la série des Demi-Dieux, qui compte à ce jour pas moins d’une trentaine de romans et 180 millions d’exemplaires écoulés, au sein desquels on trouve les volumes consacrés aux aventures d’un certain adolescent nommé Percy Jackson.
Deux premières adaptations mal-aimées
Les aventures de ce jeune Américain qui se découvre fils caché de Poséidon et doté de pouvoirs surnaturels sont rapidement adaptées sous différents formats. Il faut dire que le concept a tout pour plaire : des ados dotés de pouvoirs, de la mythologie, des trahisons, de la romance… Tous les ingrédients du succès sont au rendez-vous.
En 2010, le studio 20th Century Fox rachète les droits de la saga et sort Percy Jackson et le Voleur de foudre, réalisé par le grand Chris Columbus (Mme Doubtfire, Harry Potter…). Le résultat, assez différent des livres et multipliant les raccourcis, est étrillé par la critique, et par Rick Riordan lui-même.
Le romancier, mécontent des nombreuses modifications faites à l’intrigue, va même jusqu’à supprimer la mention de l’existence du film sur son site web. Le long-métrage remporte néanmoins un certain succès auprès du public, remboursant facilement son budget de production, mais ne parvenant pas non plus à devenir un hit.
L’adaptation suivante, Percy Jackson : la mer des monstres, sort dans une indifférence relative trois ans plus tard, réalisée par Thor Freudenthal (Journal d’un dégonflé) et sans aucun concours de l’auteur des livres, alors très en froid avec le studio. Le résultat est le même : les critiques sont mauvaises, le film se rembourse timidement, mais ce n’est une nouvelle fois pas le triomphe attendu. Pendant dix ans, tous les nouveaux projets de portage à l’écran de la licence s’arrêtent, et seules quelques (très belles) séries de comics prennent le relai.
Une série qui reprend tout à la base
En discussion depuis des années, le projet de série télévisée produite par Disney (désormais propriétaire de la Fox) n’est pas une suite, mais un retour aux sources, effectué cette fois-ci en accord avec l’auteur. Riordan signe le pilote de la série en tant que scénariste, s’assure d’une fidélité plus proche du ton des romans et fait office de producteur exécutif sur l’ensemble du show.
Le résultat s’en ressent : au visionnage des premiers épisodes, on comprend tout le soin qui a été apporté au casting et à la construction de l’univers pour apporter un résultat beaucoup plus cohérent et moderne aux aventures de Percy. Les films évacuaient de nombreux détails des aventures du jeune héros et simplifiaient les enjeux de matière assez binaire. Ici, protagonistes comme antagonistes reçoivent l’épaisseur de traitement qu’ils et elles méritent.
En huit épisodes, Percy Jackson et les Olympiens parvient à créer de manière assez subtile un monde crédible et à faire exister de manière étonnante sa galerie de personnages. Walker Scobell (Percy) et Leah Jeffries (Annabel), des enfants acteurs très proches de l’âge des personnages incarnés, sont particulièrement convaincants. La série conserve bien entendu un ton enfantin, mais on peut tout à fait se prendre au jeu en famille, vu la qualité élevée de la réalisation et des scènes d’action.
Quelle suite pour la franchise ?
Outre son travail sur la série, Rick Riordan poursuit sans relâche son travail sur l’univers des Demi-Dieux. The Chalice of the Gods, le dernier tome en date, vient de paraître aux États-Unis et devrait logiquement être traduit en français l’année prochaine. Il est d’ailleurs probable que l’arrivée de la série parvienne à convaincre une nouvelle génération de s’intéresser aux aventures épiques du fils du dieu des océans.
Quant à la série télévisée, il faudra attendre un peu avant de savoir si elle rencontre un succès à la hauteur de son niveau de production. Si tel est le cas, Disney (qui possède également les droits de publication des romans de Riordan) mettra sans doute très rapidement une seconde saison en chantier. Rien que pour l’arc narratif de Percy, et sans compter les autres séries liées à l’univers de l’auteur, il y a déjà six gros volumes à adapter.