Alors que la fin de l’année approche, l’heure est au bilan, et L’Éclaireur dévoile ses coups cœur littéraires de la rentrée 2023.
Avec 466 livres proposés et 321 romans français, la rentrée littéraire a, encore une fois, offert de nombreuses pépites. Alors que les célèbres prix ont été remis – du Prix du roman Fnac au Goncourt, en passant par le prix Médicis –, la rédaction de L’Éclaireur offre sa liste non exhaustive, et 100% subjective des romans qui l’ont marquée au cours de ces derniers mois. De véritables coups de cœur de lecture sur lesquels nous avons souhaité revenir en cette fin d’année, alors que les fêtes de Noël s’apprêtent à point le bout de leur nez.
1 Ce que je sais de toi, d’Éric Chacour
Des années 1960 à l’aube des années 2000, ce roman suit les traces de Tarek, qui, en Égypte, décide de reprendre le cabinet médical de son père après sa mort. Sur le papier, la vie semble prometteuse. Tarek retrouve Mira, un amour de jeunesse perdu, mais l’apparition d’un jeune homme dans sa vie va tout chambouler.
Avec Ali, l’amitié se transforme en amour caché. Mais, dans un pays où Tarek ne se sent plus à sa place, la fuite pourrait bien être la solution. À la fois sensible et plein de pudeur, Ce que je sais de toi est un incontournable de cette rentrée littéraire, qui a notamment reçu le prix Fémina des lycéens.
Ce que je sais de toi, d’Éric Chacour, Philippe Rey, 2023, 301 p., 22 €.
2 Le Château des rentiers, d’Agnès Desarthe
Parmi les coups de cœur de cette rentrée littéraire, il faut évidemment mentionner Le Château des rentiers d’Agnès Desarthe. Un livre où l’autobiographie a davantage de place que dans les précédents ouvrages de l’autrice, et dans lequel cette dernière mène une réflexion prodigieuse sur la vieillesse, mais aussi sur ce que le temps fait de nous.
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À travers l’idée d’un phalanstère et épaulée par certains souvenirs, Agnès Desarthe parvient à faire de son roman un refuge dans lequel il est bon d’aller chercher des pensées tantôt profondes, tantôt émouvantes, mais, à la fin, toujours lumineuses.
Le Château des rentiers, d’Agnès Desarthe, Éditions de l’olivier, 224 p., 19,50 €.
3 La Fête des mères, de Richard Morgiève
La Fête des mères est un roman virtuose qui raconte, à la première personne, le parcours de Jacques Bauchot, de ses plus jeunes années jusqu’à l’âge adulte. Dans la lignée d’Hervé Bazin, Richard Morgiève dépeint le portrait d’une famille bourgeoise versaillaise au sein de laquelle, pour le narrateur, le père est absent, la mère est toxique et le traumatisme n’est jamais loin.
À la fois exigeant et virtuose, La Fête des mères est un grand roman sur l’héritage, écrit par une plume écorchée vive.
La Fête des mères, de Richard Morgiève, Joëlle Losfeld éditions, 432 p., 22 €.
4 Hôtel de la folie, de David Le Bailly
Teinté d’autobiographie, Hôtel de la folie est d’abord la quête d’un auteur pour reconstituer le passé brumeux d’une grand-mère adorée : Pià Nerina. Cette figure est celle qui a élevé et protégé l’auteur de celle, déphasée, de sa mère.
Mais, aussi aimante qu’elle ait été, la grand-mère possède un passé plein d’énigmes, que David le Bailly va s’évertuer à dénouer à l’aide de photos et de documents. Une enquête modianesque, qui prouve que l’introspection familiale est parfois un matériau littéraire en or.
Hôtel de la folie, David Le Bailly, Seuil, collection « Cadre rouge », 208 p., 18,50 €.
5 Humus, de Gaspard Kœnig
C’est un roman plein de lucidité que nous a offert Gaspard Kœnig avec Humus. Cette œuvre met en lumière le parcours de deux transfuges de classes dont les ambitions pour travailler l’infiniment petit des sols seront bien différentes.
À partir de ces deux itinéraires, plus que jamais évocateurs, Humus fabrique l’un des coups de cœur majeurs de cette rentrée littéraire. Le roman incarne une certaine idée du romanesque dans tout ce qu’il a de plus riche ; une véritable réussite pour son auteur.
Humus, de Gaspard Kœnig, Les Éditions de l’observatoire, 384 p., 22 €.
6 Triste Tigre, de Neige Sinno
Parmi les auteurs et autrices qui ont vivement marqué nos âmes de lecteurs et de lectrices, il faut évidemment citer Neige Sinno. Durant des années, l’autrice a été victime des viols de son beau-père. Après avoir la plainte, le procès, les aveux et la condamnation de ce dernier, l’autrice se questionne dans Triste Tigre sur la raison pour laquelle elle écrit ce livre.
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Presque comme une conversation avec le lecteur, elle explore ses propres limites, dans un texte hybride qui s’est imposé, à juste titre, comme un ouvrage incontournable de cette année 2023. Et probablement plus encore.
Triste Tigre, de Neige Sinno, P.O.L, 288 p., 20 €.
7 Veiller sur elle, de Jean-Baptiste Andrea
L’année 2023 a représenté un doublé pour Jean-Baptiste Andrea. En effet, l’écrivain, originaire de Nice, a remporté le Prix du roman Fnac, ainsi que le prestigieux prix Goncourt pour Veiller sur elle. Son roman relate l’histoire d’amour de deux héros passionnants et incarne un véritable retour au romanesque.
Avec cette nouvelle œuvre, Jean-Baptiste Andrea offre une fresque historique – pas si éloignée de notre époque – et déploie sur plus de 600 pages la relation entre Mimo, sculpteur de génie, et Viola, dont le statut semble en tous points lui être opposé.
Veiller sur elle, de Jean-Baptiste Andréa, L’Iconoclaste, 580 p., 22,50 €.
8 Les Alchimies, de Sarah Chiche
Terminons cette sélection avec Les Alchimies, de Sarah Chiche. Camille est médecin légiste. Ses parents, désormais disparus, étaient passionnés du peintre Goya. Un jour, Camille reçoit un mail lui parlant de révélations à propos de leur passé.
Elle va alors découvrir une nouvelle facette de ses parents, à travers la quête parallèle du crâne de Goya. Comme à son habitude, Sarah Chiche déploie un parcours psychologique labyrinthique dans lequel on aime se perdre, entre les secrets de famille et les ombres de l’histoire de l’art. Un vrai grand roman !
Les Alchimies, de Sarah Chiche, Seuil, collection « Cadre rouge », 240 p., 19,50 €.