Difficile de faire le tri dans la profusion infinie d’œuvres de divertissement parus lors de cette rentrée 2023 ! Mais était-ce plus simple il y a 30 ans ? Aujourd’hui, nous vous proposons un petit voyage dans le temps. Retour en novembre 1993 !
Nous voici donc descendus de notre machine à voyager dans le temps. Nous sommes fin 1993, dans un paysage culturel bien différent. L’Europe est en plein processus d’unification politique, l’ère des gros blockbusters américains est en train de se mettre en place au cinéma, les premiers mangas se font une place dans les rayons des librairies, et le jeu vidéo est timidement en train d’attirer l’attention médiatique. Allons examiner ce qui, dans ce contexte, tirait son épingle du jeu !
(|) Au cinéma : après un an d’attente, Aladdin sort enfin en France
Difficile d’imaginer une telle attente de nos jours, à une époque où les processus d’adaptation, de doublage et de distribution se sont mondialisés. Un an après la sortie américaine de l’un des films d’animation ayant assuré la renaissance des studios Disney après des années 1980 très compliquées, Aladdin sort enfin dans les salles françaises.
Très vaguement adapté du conte Aladin ou la Lampe merveilleuse et du film Le Voleur de Bagdad, ce classique que l’on ne présente plus fut particulièrement remarqué pour la qualité de sa bande-son. Mais on retient également la précision chirurgicale de son animation et la performance extraordinaire de Robin Williams, alors au faîte de sa gloire, dans le rôle du génie de la lampe.
Et à part ça ?
Pas fan de dessins animés américains ? Vous pouviez vous rabattre sur le désormais assez oublié Président d’un jour d’Ivan Reitman, une comédie dans laquelle Kevin Kline, sosie du Président américain, était amené à discrètement prendre sa place. Dans un genre beaucoup plus spectaculaire, vous pouviez également aller voir le très testostéroné True Romance réalisé par Tony Scott et écrit par le jeune Quentin Tarantino.
Et si vous cherchiez une production plus locale, il était toujours possible de vous rabattre sur Le Nombril du monde d’Ariel Zeitoun, très jolie coproduction franco-tunisienne mettant en scène un Michel Boujenah particulièrement dans le ton !
| À la télévision : Code Quantum, une série de SF devenue culte
Sam Becket, prisonnier de l’espace-temps à la suite d’une expérience ayant mal tourné, saute d’époque en époque et de corps en corps en essayant de rentrer chez lui, le tout en faisant office de redresseur de torts. Hologrammes, ordinateurs quantiques, paradoxes temporels : Code Quantum était pour le moins à la pointe des récits de science-fiction du début des années 1990 et a légitimement scotché une génération de spectateurs devant leurs écrans lors de sa diffusion à l’automne 1993 en France.
Une diffusion néanmoins curieusement tardive : la série datait de 1989 et sa diffusion américaine était déjà achevée. Néanmoins, si Code Quantum a eu du mal à trouver un diffuseur français, les frontaliers du nord et de l’est de la France (dont votre serviteur) pouvaient déjà se régaler depuis des années des aventures du docteur Beckett… grâce aux diffusions sur le réseau des chaînes belges et luxembourgeoises de la RTL !
Et à part ça ?
La profusion télévisée était alors loin d’être celle que nous connaissons aujourd’hui, les possibilités se limitant ainsi à une vingtaine de chaînes (et encore : à condition d’être équipé de la télévision câblée ou satellitaire). Néanmoins, d’autres séries ont fait leur début à l’automne 1993 : Le Juge est une femme, série judiciaire qui connaîtra pas moins de 26 saisons, Docteur Quinn, femme médecin dans laquelle Jane Seymour soigne les habitants d’une petite communauté du Colorado en pleine époque du Far West, ou encore la sitcom Classe mannequin, feuilleton français très inspiré des séries américaines – et créé par M6 dans le but explicite de répondre au décret Tasca imposant 40 % de programmes d’origine française à la télévision ! On y découvrira une certaine Vanessa Demouy ainsi qu’un jeune premier du nom de… Laurent Laffite, de La Comédie-Française.
| En librairie : L’Hippopotame et le Philosophe, la science comme acte de résistance par Théodore Monod
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le grand biologiste Théodore Monod dirige l’Institut français de Dakar. Depuis l’Afrique, il mène à sa façon la résistance contre le régime de Vichy, en publiant une série de chroniques scientifiques pleines de joie, de liberté de ton et d’optimisme sur les ondes de la radio locale.
Longtemps introuvables, ces textes censurés sont ressortis chez Acte Sud en novembre 1993 et n’avaient alors, pas plus que maintenant, pas pris la moindre ride ! Des textes qui nous rappellent que Monod était, outre l’un des plus grands spécialistes de la biodiversité des déserts, un grand humaniste et un vulgarisateur de talent !
Et à part ça ?
Il était également possible ce mois-ci de se plonger dans Little Buddha du Britannique Gordon McGill, adaptation du film qui paraîtrait quelques mois plus tard sur les écrans français. Ou, plus localement, dans Les Maîtres du pain, une saga familiale de Bernard Lenteric dont l’adaptation en feuilleton connaîtra un franc succès. Ou encore dans l’essai Femmes sous l’Occupation de Célia Bertin, un des premiers ouvrages consacrés à la vie quotidienne des femmes pendant la guerre.
Et du côté des bandes dessinées, on peut signaler le début de la diffusion à grande échelle d’un certain Titeuf, dont les deux premiers albums cartonnent en librairie, d’un album assez mineur d’Astérix compilant des histoires courtes ou encore de deux albums s’attaquant à la question du racisme dans la société française. Citons aussi Captain Nepel du côté des Tuniques bleues et Le Rayon noir de celui de Spirou.