Google revient à la charge et exige que la Commission européenne force Apple à adopter un standard de communication pour sa messagerie.
Alors que le Digital Markets Act (DMA) est entré en vigueur le mois dernier et qu’il épingle certains acteurs de la tech pour leur dimension monopolistique, Google estime que la Commission européenne passe à côté de son sujet en omettant de qualifier iMessage de « contrôleur d’accès ». D’après la firme de Mountain View, Apple œuvre de façon anticoncurrentielle en refusant d’adopter le standard de messagerie RCS.
Trop petit, iMessage, vraiment ?
Si l’application de messagerie des appareils Apple a jusqu’ici échappé à son carton rouge, c’est parce que, selon la firme, iMessage serait trop petit en termes de nombre d’utilisateurs pour être reconnu comme « contrôleur d’accès ». D’après les règles définies dans le cadre du DMA, il faut qu’un service soit utilisé par au moins 45 millions d’utilisateurs actifs mensuels dans l’Union Européenne pour que cela soit le cas.
Or pour Google, dans une lettre adressée à la Commission européenne et parafée par plusieurs opérateurs européens (Vodafone, Deutsche Telekom, Telefonica et Orange), iMessage doit être considéré comme un service majeur de la messagerie mondiale, et donc européenne. L’exclure du cadre du DMA, et donc laisser Apple le choix de ne pas adopter un standard d’interopérabilité serait contraire à la mission initiale de cette législation, motivent les plaignants.
« Il est impératif que les entreprises puissent atteindre tous leurs clients en tirant parti des services de communication modernes avec des fonctionnalités de messagerie enrichies. Avec iMessage, les utilisateurs ne peuvent envoyer des messages enrichis qu’à d’autres utilisateurs d’iOS et doivent utiliser des SMS traditionnels pour les autres », peut-on lire dans un extrait de la lettre partagé par 9to5Google.
Une échéance fixée à février 2024
Les régulateurs n’ont pas attendu la lettre de Google pour mener l’enquête. Elle est en cours, et doit mener à des conclusions à l’horizon de février 2024, date à laquelle le couperet tombera pour les entreprises dont des services ont été définis comme « contrôleurs d’accès ».
Nul doute que, d’ici là, Apple déploiera de musculeux efforts de lobbying pour passer entre les mailles du filet. En effet, cela fait maintenant des années que Google et d’autres fabricants de smartphones comme Samsung tancent Apple d’adopter un standard de messagerie universel, comme le RCS utilisé sur Android Messages. Des requêtes restées lettres mortes jusqu’à présent ; Apple estimant qu’iMessage fait partie intégrante de l’expérience iOS et se refuse à céder du terrain.
Concrètement, la situation actuelle n’empêche pas de communiquer entre utilisateurs d’iOS et d’Android. Elle demande simplement d’accepter d’utiliser un mode de communication non seulement daté, mais surtout pauvrement sécurisé. L’un des avantages du RCS (comme d’iMessage d’ailleurs) est de protéger le contenu des échanges par un chiffrement dernier cri. Les SMS, eux, sont facilement interceptables par des acteurs malveillants.