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C’est quoi Epik, cette appli qui transforme vos selfies en photos des années 90 ?

09 octobre 2023
Par Kesso Diallo
L'application inquiète par rapport aux données collectées.
L'application inquiète par rapport aux données collectées. ©Marta March / X

Cette application est devenue populaire après le lancement de « Yearbook AI », qui transforme ses utilisateurs en lycéens américains des années 90.

Un petit voyage dans le temps grâce à l’intelligence artificielle (IA). Ces derniers jours, vous avez peut-être vu sur les réseaux sociaux des photos de célébrités, influenceurs et autres personnes transformées en lycéens américains des années 90. Ces fausses photos ont été générées par Epik, une application développée par Snow Corporation, filiale du géant sud-coréen Naver. Elle a récemment lancé un nouveau service, « Yearbook AI », qui transforme les selfies en photos de classe des années 90.

Téléchargée plus de 50 millions de fois sur le Google Play Store, elle était la plus populaire de l’App Store dans la catégorie Photos et vidéos jeudi dernier. Epik est gratuite, mais il faut débourser entre 5,99 et 9,99 dollars pour utiliser ce nouveau service. Une fois vos selfies envoyés, elle utilise la reconnaissance faciale pour reconnaître les visages sur les photos. L’application collecte ainsi les données biométriques de ses utilisateurs, ce qui inquiète.

Une application populaire et inquiétante

L’application ne fait pas qu’utiliser les données biométriques. « Ils collectent absolument tout, même des informations sur les autres photos que tu as sur son téléphone », a averti Luc Lefebvre, expert en cybersécurité interrogé par le média Radio Canada. Autre problème : son fonctionnement repose sur le principe d’« opt-out » pour les données collectées. Concrètement, cela signifie que si l’utilisateur n’a pas expressément dit non, Epik considère qu’il ne s’est pas opposé à cette collecte d’informations. 

L’application ayant été développée en Asie, où les lois encadrant les données biométriques sont pratiquement inexistantes, Snow Corporation se permet de se défiler des exigences d’autres pays en la matière, a expliqué Luc Lefebvre. Face à ces inquiétudes, un porte-parole de l’entreprise a affirmé à NBC News que « l’application EPIK ne stocke aucune information personnelle, y compris les selfies qui sont utilisés pour créer les images Yearbook AI »

La popularité de cette application suscite par ailleurs la colère du secteur culturel, dans un contexte où les scénaristes et les acteurs aux États-Unis se sont mis en grève, notamment car ils craignent d’être remplacés par l’intelligence artificielle. Si la grève des premiers s’est récemment achevée, celle des seconds continue. La possibilité que l’entreprise utilise les photos des utilisateurs pour entraîner ses modèles d’IA est ainsi mal vu. « Les gens qui paient pour entraîner l’IA avec leurs photos, c’est… mal. Il y a de sérieux problèmes juridiques et éthiques. L’IA plagie les artistes et met activement les gens au chômage. Les gens font circuler de fausses images pour tromper les gens et la technologie s’améliore grâce à la tendance Yearbook AI », a par exemple reproché l’écrivaine Franchesca Ramsey sur X. 

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste