Si vous avez toujours rêvé d’entrer dans la tête du cinéaste Tim Burton, cette énorme exposition installée à La Villette, à Paris, est faite pour vous ! Elle propose un voyage dépaysant dans l’univers du réalisateur.
1 Jouer avec l’art
Inaugurée à Madrid en septembre dernier, Tim Burton, le labyrinthe a pour ambition de casser les codes des expositions traditionnelles autour du cinéma. Pour celles et ceux qui souhaitent plonger encore plus en profondeur dans les 40 années de travail artistique du maestro, il faudra se rendre à l’autre exposition, The World of Tim Burton, actuellement… en Malaisie.
Tim Burton, le labyrinthe a une approche différente. On est ici invité à pénétrer l’esprit créatif et tortueux du cinéaste. Et pour cela, quoi de mieux que de transposer son labyrinthe mental en lieu d’exposition ? Les visiteurs, par petits groupes, sont amenés à être gobés par la bouche monstrueuse d’un clown inquiétant. Une fois passés de gros rideaux rouges en velours façon Twin Peaks, un courageux est désigné pour appuyer sur un buzzer. Un ballet de lumière se met alors en branle autour de plusieurs portes, jusqu’à ce que l’une d’entre elles soit choisie au hasard, devenant le point de départ de ce labyrinthe gothique de 5 000 m². Chaque pièce est dédiée à un film et aborde une thématique. L’explorateur devra choisir une nouvelle porte jusqu’à la sortie de la visite.
L’expérience est alors une affaire de choix. Des choix qui vous feront découvrir différentes ambiance, mais, soyez prévenus, vous ne verrez pas l’intégralité des pièces en une seule visite ! En effet, il est impossible de rebrousser chemin. Cela peut générer une certaine frustration si votre parcours ne vous a pas fait croiser les salles de vos films favoris. L’achat d’un billet premium vous permet de recommencer l’expérience plusieurs fois, mais il est évidemment plus cher.
2 L’immersion avant tout
Ici, c’est l’expérience qui compte. Une fois la porte poussée, on atterrit dans un univers bien spécifique. Il peut être petit (Mars Attacks) ou grand (Alice aux Pays des merveilles), mais il est toujours à peu près composé de la même façon. On se laisse d’abord envahir par une ambiance visuelle : textures et couleurs des murs, jeux de lumières. Combien y a-t-il de pièces exactement ? L’information n’est pas révélée. Sachez tout de même que vous n’y trouverez pas Dumbo, Sleepy Hollow ou le tout premier film de Burton, Pee Wee’s big adventure.
Pour le reste, l’éventail mental de l’artiste est bien couvert : ses blockbusters comme Alice ou Batman, mais également ses travaux plus confidentiels comme son livre illustré La Triste Fin du petit enfant huître, ou encore son court-métrage d’animation Frankenweenie (devenu un long-métrage près de 30 ans plus tard).
Chaque héros emblématique du film trône au milieu de la pièce sous la forme d’un mannequin hyper réaliste. Les groupies de Johnny Depp, acteur fétiche de Burton, seront aux anges ! Les fans pourront se faire photographier à côté de Beetlejuice (alias Michael Keaton), de la reine de cœur d’Alice ou encore d’un énorme Jack Skellington de L’Étrange Noël de Monsieur Jack. Chaque pièce possède sa « figurine » en taille réelle et force est de constater qu’elles sont particulièrement réussies, même pour les cinéphiles les plus aguerris.
3 On n’oublie pas les vraies œuvres !
Tout cela est bien divertissant et parfaitement exécuté, mais l’exposition serait un tantinet superficielle sans la présence du cœur artistique de Burton : ses dessins. Répartis sous le chapiteau, les près de 150 dessins sont des originaux de toutes tailles, parfois exécutés à la va-vite, parfois très soignés.
Grâce à eux, les admirateurs du réalisateur seront comblés. On peut inspecter de très près son style unique. Le terme labyrinthe prend alors tout son sens, puisque les différentes œuvres couchées sur papier sont de véritables enchevêtrements de lignes, comme des petits fils de fer. En reculant, ce chaos pictural forme des créatures aussi originales que cohérentes. On ressent une émotion certaine devant les premières esquisses de Jack Skellington ou d’Edward aux mains d’argent, des formes brutes qui deviendront plus tard des personnages cultes à l’écran.
Burton y met parfois quelques touches de peinture très diluée aux couleurs pastel pour souligner quelques détails que lui seul trouve importants. Les vrais aficionados regretteront qu’il n’y en ait pas davantage, mais l’expérience se veut avant tout immersive et grand public. Et, bonne nouvelle pour la période estivale : il y fait très frais !
Tim Burton, le labyrinthe, à l’espace chapiteaux de La Villette, à Paris, du 19 mai au 20 août 2023.