Le rêve ou le cauchemar des fans prend forme, avec l’intelligence artificielle qui relaye des auteurs décédés. Est-ce vraiment une bonne idée ?
Pour tous les créateurs de contenu, artistique ou non, la question du moment tourne forcément autour de l’intelligence artificielle. Capable du meilleur comme du pire, son utilisation connaît divers sorts. On se souvient que l’illustre Eiichiro Oda, l’auteur de One Piece, avait déclaré confier la rédaction d’un chapitre du shōnen à ChatGPT. Des projets entiers reposent sur cette aide à la création, soulevant tout autant de curiosité que de polémiques, comme Cyberpunk Momotarô, il y a quelques mois. Mais certaines applications de la technologie font preuve de bon sens.
Du rêve…
En effet, l’industrie du manga et de l’animation japonaise souffre de deux problèmes majeurs. D’un côté, une difficulté de plus en plus grande à trouver de la main-d’œuvre, un constat qui ne fait que croître. De l’autre, en partie en conséquence, des rythmes effrénés mettant en péril la santé des créateurs, avec la pléthore d’exemples connus, de Hunter X Hunter à My Hero Academia.
Pour les animes, certaines tâches jugées comme subalternes, à l’image de la réalisation des arrière-plans et décors, sont de plus en plus fréquemment confiées aux bons soins de l’IA. Une vision plus rassurante, qui va dans le sens de l’aide à l’humain plutôt qu’à son remplacement. Par ailleurs, des organismes tels que l’Arts Workers Japan Association cherchent à encadrer cet usage.
… au cauchemar absolu
Pourtant, une limite à peine croyable vient d’être franchie. Plus d’une trentaine d’années après sa disparition, l’une des œuvres majeures de l’immense mangaka Osamu Tezuka (Astro Boy), la suite de Black Jack, va être confiée à une IA. Les aventures très sombres de ce chirurgien hors pair, opérant dans la clandestinité la plus totale, fêteront bientôt leurs 50 ans.
Le Weekly Shōnen Jump entend bien célébrer cet anniversaire avec le projet TEZUKA 2023, prévu pour cet automne dans ses pages. Sa réalisation par l’agence NEDO (New Energy and Industrial Technology Development Organization), qui s’appuie sur une version modifiée de Chat GPT-4, soulève une question morale évidente. Ce précédent ouvre la boite de Pandore à d’autres projets, comme achever le Berserk de Kentarō Miura par exemple. Un futur bien effrayant.