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Trois bonnes raisons de (re)lire L’Amour et les forêts d’Éric Reinhardt

29 mai 2023
Par Apolline Coëffet
Virginie Efira et Melvil Poupaud dans "L'Amour et les forêts".
Virginie Efira et Melvil Poupaud dans "L'Amour et les forêts". ©Copyright 2023 Rectangle Productions - France 2 Cinéma - Les Films de Françoise

À l’occasion de la sortie en salles de L’Amour et les Forêts de Valérie Donzelli, voici trois raisons de (re)découvrir le roman d’Éric Reinhardt qui a inspiré ce thriller psychologique glaçant.

Ce mercredi 24 mai, Valérie Donzelli revenait dans les salles obscures avec L’Amour et les forêts, une adaptation libre, co-écrite par Audrey Diwan, du roman du même nom signé Éric Reinhardt. Présenté la veille, hors compétition, au Festival de Cannes, le long-métrage donne à voir l’expression d’une emprise masculine qui, très vite, transforme ce qui pourrait tout d’abord s’apparenter à une comédie romantique en un terrifiant thriller psychologique. 

À l’écran, Virginie Efira prête ses traits à Blanche, la protagoniste, mais également à Rose, sa sœur jumelle dont elle est très proche. L’actrice franco-belge oscille entre deux personnages aux caractères et réalités qui diffèrent. La première, professeure de français célibataire, s’éprend de Grégoire (Melvil Poupaud), un ami d’enfance perdu de vue qu’elle rencontre au détour d’une soirée estivale.

Le coup de foudre est immédiat, tout s’enchaîne très vite. Mariage, enfants, déménagement dans une ville inconnue, nouveau visage de son compagnon, harcèlement, perte de confiance en elle, isolement… En face, sa sœur, déterminée, va tout faire pour l’aider à se tirer de ce mauvais pas tandis qu’une entrevue amoureuse en forêt achèvera de donner la force nécessaire à Blanche pour fuir cette relation toxique. Si Valérie Donzelli présente ici une adaptation puissante qui aurait pu figurer en sélection officielle, le film se distingue de l’ouvrage. Voici trois raisons de le (re)lire.

1 Comprendre les mécanismes de l’emprise

Quoique le mouvement #MeToo ait permis de mettre en avant la figure insidieuse du pervers narcissique, les mécanismes de l’emprise peuvent paraître sibyllins pour beaucoup. L’Amour et les forêts d’Éric Reinhardt puise sa trame narrative dans une histoire vraie, celle de Bénédicte Ombredanne. Cette dernière, agrégée de lettres, avait écrit à l’auteur combien son dernier roman en date avait changé le cours de son existence.

Virginie Efira et Melvil Poupaud dans L’Amour et les forêts. ©RECTANGLE PRODUCTIONS - FRANCE 2 CINÉMA - LES FILMS DE FRANÇOISE

À l’issue de leur correspondance, tous deux se rencontrent dans un café parisien. Au fil de la conversation, elle lui fait des confidences poignantes sur sa vie passée, sur le drame qui a été le sien et son émancipation. L’écrivain se fait le rapporteur d’un témoignage glaçant qui met en lumière un sujet qu’il est encore nécessaire d’aborder.

2 Redécouvrir un passage clef et une variation des personnages

Adaptation libre oblige, le long-métrage revisite en certains aspects le roman d’Éric Reinhardt. Le nom des personnages, le narrateur, la chronologie des évènements et son dénouement ont été modifiés. La création de Valérie Donzelli s’impose ainsi comme une version plus lumineuse du récit. Seule une scène, centrale, reste inchangée : la séquence en forêt au cours de laquelle Blanche rencontre son amant. Lire l’ouvrage permet de redécouvrir un passage clef à travers un autre regard, mais également une variation de ces personnages.

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3 Une écriture actuelle et une trame narrative prenante

Décoré des prix Renaudot des lycéens et Roman France Télévisions en 2014, L’Amour et les forêts se distingue par un style actuel, qui a trait au cinéma, à laquelle s’ajoute une trame narrative prenante qui séduira celles et ceux qui ont délaissé la lecture. « Depuis mon tout premier livre, mes romans procèdent, comme chez Kafka, mon maître, d’une succession de situations, et ces situations sont toujours envisagées par moi, dans l’écriture, d’une façon visuelle, incarnée. La situation doit s’ancrer dans le réel, être vue et ressentie de l’intérieur par le lecteur, comme s’il la vivait », confiait d’ailleurs Éric Reinhardt à l’occasion d’un entretien récemment accordé à Ouest-France.

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Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste