Virginie Efira est au Festival de Cannes afin de présenter deux films, L’Amour et les forêts de Valérie Donzelli, ainsi que Rien à Perdre de Delphine Deloget, l’occasion pour L’Éclaireur de revenir sur le parcours étonnant de cette actrice aussi prolifique que talentueuse. Portrait.
Virginie Efira ne cesse de faire parler d’elle. Après avoir fièrement arboré son ventre de grossesse en couverture de Télérama, l’actrice belge a créé la sensation sur la Croisette avec L’Amour et les forêts, cette semaine. Présenté dans la sélection Cannes Première, et réalisé par Valérie Donzelli, le film raconte la relation toxique dans laquelle se retrouve enfermée Blanche (Virginie Efira), victime de l’enfer conjugal érigé par Grégoire (Melvil Poupaud).
« Une Cameron Diaz à la française »
Sans surprise, la presse a salué l’interprétation de la prolifique comédienne dont les choix cinématographiques sont depuis plusieurs années aussi impeccables qu’étonnants. Pourtant, quand on découvre Virginie Efira sur Megamix, une émission musicale diffusée sur Club RTL, puis sur M6 en tant que présentatrice de La Nouvelle Star, rien ne laisse penser que les téléspectateurs ont devant eux la prochaine coqueluche du cinéma francophone.
Si le télé-crochet, tout comme Opération Séduction, une autre émission qu’elle anime dans les années 2000, font alors d’elle l’un des visages de la chaîne, ceci n’est qu’une étape ; un tremplin pour celle qui rêve enfant d’Hollywood et du Festival de Cannes depuis sa banlieue bruxelloise de Schaerbeek.
Repérée par le réalisateur Philippe Lefebvre qui lui offre, en 2010, son premier rôle au cinéma dans Le Siffleur, la présentatrice travaille par la suite avec Dominique Farrugia dans L’amour c’est mieux à deux (2010). « On cherchait une Cameron Diaz à la Française » se souvient l’ancien humoriste et producteur dans les colonnes du Parisien. Si depuis l’actrice s’est éloignée du genre, ce projet amorcera une série de comédies romantiques dans lesquelles Virginie Efira dévoile son génie comique, et une vertu de jeu prometteuse.
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Avec Mon pire cauchemar (2011) d’Anne Fontaine, 20 ans d’écart (2013) avec Pierre Niney, ou encore Un homme à la hauteur (2016), Virginie Efira fait ses armes sur grand écran et connaît ses premiers succès. Toutefois, il faudra attendre 2016 pour que Justine Triet, qui vient d’être sacrée pour le film Anatomie d’une chute, lui offre le rôle dramatique qui fera basculer sa carrière, celui de Victoria, une quadragénaire en pleine crise existentielle, dans le film éponyme. Présenté au Festival de Cannes en ouverture de La Semaine de la critique, le film est salué par la presse à l’époque : l’ancienne présentatrice qui rêvait de tapis rouge a désormais sa place dans la cour des grands.
Virginie Efira, la nouvelle star du cinéma
Cette première reconnaissance de ses pairs déclenche chez Virginie Efira une véritable boulimie de tournage. La prolifique artiste enchaîne en sept ans 16 films avec des réalisateurs et réalisatrices reconnus. Elle passe notamment devant la caméra de Catherine Corsini, d’Anne Fontaine, de Rebecca Zlotowki, d’Albert Dupontel, et même de Paul Verhoeven, afin d’interpréter tour à tour des personnages féminins singuliers et dramatiques à travers lesquels elle laisse éclater une palette de jeu subtile, toujours juste.
Le désir d’enfant (Les Enfants des Autres), la sexualité dans le cloître catholique (Benedetta), la bipolarité (En attendant Bojangles)… Virginie Efira explore tous les terrains de cinéma et s’empare de sujets forts. Dans l’un de ses derniers films, Revoir Paris d’Alice Winocour, elle prête ses traits à une rescapée d’attentat atteinte de stress post-traumatique ; une prestation qui lui a valu son premier César en février 2023.
Quelques mois après son sacre, elle est de retour sur la Croisette pour présenter deux films, L’Amour et les forêts de Valérie Donzelli, mais aussi Rien à Perdre de Delphine Deloget. Dans ce dernier, présenté en sélection Un Certain Regard, l’actrice interprète une mère contrainte de se battre contre les services sociaux et la justice afin de récupérer la garde de son fils à la suite d’un accident domestique.
Les années précédentes, Virginie Efira était venue présenter Benedetta (2021), puis Don Juan (2022). Pour la 76e édition du Festival de Cannes, l’actrice a donc décidé de passer à la vitesse supérieure en présentant deux films en simultané, énième symbole de sa productivité artistique, dont elle n’hésite pas à se moquer, notamment lorsqu’elle reçoit le César de la meilleure actrice, en février dernier : « En même temps, j’ai fait 63 films cette année, donc arithmétiquement, je m’étais un peu donné des chances ».
Les acteurs français à la conquête de la Croisette
Le cinéma français semble s’être emparé du Festival de Cannes, cette année. Après Jeanne du Barry, présenté en ouverture du Festival de Cannes, Benjamin Laverhne et Melvil Poupaud ont respectivement présenté le biopic sur l’Abbé Pierre, et L’Amour et les forêts. De son côté, Benoît Magimel, avec qui Virginie Efira a partagé l’affiche dans Revoir Paris, est à l’affiche de trois longs-métrages présentés à Cannes. Omar la Fraise, La Passion de Dodin Bouffant, Rosalie comptent parmi leurs rangs l’acteur récemment césarisé pour Pacifiction.
On peut aussi citer Anaïs Demoustier. Présente durant la quinzaine en tant que Présidente du Jury de la Caméra d’Or, elle a également présenté le film Le Temps d’Aimer aux côtés de Vincent Lacoste quant à lui voix française d’Élémentaire, film de clôture du Festival de Cannes, ce samedi 27 mai.
Le cinéma français et francophone témoigne donc d’une forte présence, cette année au Festival de Cannes. Une véritable conquête artistique menée principalement par Benoît Magimel et Virginie Efira, et cela en dépit des rendez-vous hollywoodiens qui auront également marqué la quinzaine.