L’actrice a officialisé ce mardi son retrait du cinéma français. Une décision motivée par des raisons politiques.
En 2020, Adèle Haenel quittait avec fracas la cérémonie des César 2020 pour dénoncer les récompenses reçues par Roman Polanski, alors accusé de viols. Depuis trois ans, l’actrice s’est faite rare, prêtant seulement sa voix à deux documentaires en 2021. À l’occasion d’une enquête menée par Télérama, Adèle Haenel a pu confirmer qu’elle tournait la page du cinéma, dénonçant un cinéma trop « léger » face aux enjeux sociétaux et climatiques, tout en dénonçant un « entre-soi bourgeois ». Alors que le pays connaît un mouvement social de grande ampleur en réponse à la réforme des retraites, la Française avait été aperçue aux côtés du rappeur Médine afin de défendre les grévistes d’une raffinerie TotalEnergies de Gonfreville-l’Orcher, en Normandie.
« Remplir de vent l’espace médiatique a un but, celui de rendre l’ordre bourgeois aussi naturel que le bleu du ciel et de rendre inaudibles, marginales, les voix de ceux qui organisent la résistance pour que tous les humains puissent vivre dignement et qui essayent d’arracher un avenir à cette planète » déclare Adèle Haenel dans une lettre publiée sur le site de Télérama.
César de la meilleure actrice en 2015
Talent précoce salué pour la diversité de ses rôles et la variété de son jeu, Adèle Haenel est nommée au César du meilleur espoir féminin en 2008 et 2012, avant de remporter celui de la meilleure actrice dans un second rôle en 2014 pour Suzanne (2013), puis de la meilleure actrice en 2015 pour Les Combattants (2014). Ex-compagne de la réalisatrice Céline Sciamma, elle signe avec elle Portrait de la jeune fille en feu en 2019, dernière grande apparition de l’actrice dans un film français.
La même année, elle accuse publiquement le réalisateur Christophe Ruggia d’attouchements et de harcèlement sexuel à l’occasion du tournage des Diables en 2002. Sa prise de parole sera un tournant majeur dans le mouvement « MeToo ». Aujourd’hui militante féministe éloignée du cinéma, elle dénonce « La complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels et, plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l’ordre mortifère, écocide, raciste du monde tel qu’il est » toujours dans Télérama.
La comédienne termine sa lettre en déclarant que depuis 2019, elle poursuit un « travail artistique dans la collaboration théâtrale et chorégraphique avec Gisèle Vienne ».
