À l’occasion de la sortie du onzième album de Metallica, retour sur cinq oeuvres pour les amateurs de thrash metal à écouter et à regarder dans la lignée de 72 Seasons.
Metallica révélait ce 14 avril 72 Seasons, onzième album du groupe de metal culte. Bien reçu par la critique internationale, ce nouvel opus voit la formation californienne retourner à ses premiers amours : un metal heavy et rapide, basé sur les riffs toujours aussi efficaces des guitaristes James Hetfield et Kirk Hammett. À l’occasion de cette sortie évènement, L’Éclaireur vous propose une sélection de cinq albums ou documentaires pour les amateurs, néophytes ou confirmés.
1 Regardez le documentaire Metallica : Some Kind of Monster, 2004
Depuis son retour en force en 2007 avec l’album Death Magnetic, tout semble sourire à Metallica. Toujours suivi par une communauté de fans fidèles, le groupe californien continue de remplir les stades, séduisant même un plus jeune public depuis l’utilisation du morceau Master of Puppets (1986) dans la série Stranger Things. Pourtant, au début des années 2000, le groupe traverse une vraie crise : les albums Load (1996) et Reload (1997) n’ont pas convaincu les fans, le batteur Lars Ulrich s’engage publiquement contre le téléchargement illégal, le bassiste Jason Newsted quitte le navire, et le leader, James Hetfield, rentre en cure de désintoxication. Metallica décide néanmoins en 2001 d’enregistrer un nouvel album, aidé par un « thérapeute de groupe » sans diplôme. Cette période de crise sera racontée en 2004 dans le documentaire Some Kind of Monster, Joe Berlinger et Bruce Sinofsky ayant décidé de filmer ce groupe au bord de la rupture.
Some Kind of Monster est l’un des documentaires les plus fascinants de l’histoire de la musique. Les quatre membres de Metallica sont filmés dans un dépouillement total pendant la pire période de leur histoire, la crise du groupe faisant ressortir les démons du passé. Plus qu’un film sur un groupe dans l’impasse, Some Kind of Monster est également l’histoire d’un enregistrement catastrophique, où les musiciens peinent à trouver la moindre inspiration. L’album St Anger (2003) sera considéré comme le pire disque de Metallica, et il faudra attendre quatre ans de plus pour assister à la véritable renaissance du groupe.
2 Écoutez l’album Rust in Peace de Megadeth, 1990
Le thrash metal, genre musical rapide hérité du punk et caractérisé par des riffs de guitare acérés, compte quatre grands noms : Metallica, Slayer, Anthrax et Megadeth. Ce dernier groupe du « Big 4 » reste le plus lié à Metallica, puisqu’il s’agit de la création de Dave Mustaine, ancien guitariste de la formation californienne. Alors que Metallica s’apprête à enregistrer son premier album Kill ‘Em All (1983), le guitariste solo est éjecté du groupe, suite à de nombreuses addictions et à une personnalité instable. Fou de rage, le musicien fonde Megadeth, nouvelle formation de thrash metal plus rapide, plus rageuse et moins mélodique que Metallica. Elle concurrencera ses rivaux pendant la grande partie des années 1980, mais il faudra attendre 1990 pour assister au sommet de Megadeth : l’album Rust in Peace.
Chef-d’œuvre de metal technique et virtuose, Rust in Peace est peut-être le plus grand album de thrash metal américain hors Metallica. Épaulé par le batteur Nick Menza et le bassiste fondateur David Ellefson, Dave Mustaine écrit 40 des plus belles minutes du metal, notamment avec Hangar 18 et le morceau-titre. Pourtant, c’est bien le second guitariste Marty Friedman qui vole la vedette à l’ancien membre de Metallica. Avec son jeu mélodique, inspiré par les grands compositeurs de musique classique, l’américain enregistre parmi les plus beaux solos du genre, notamment sur Tornado of Souls, classique intemporel du thrash metal.
3 Regardez le documentaire Anvil : the story of Anvil, 2008
Août 1984, Japon. Le Super Rock Festival se tient à Osaka avec les plus grands noms de l’époque : Bon Jovi, Whitesnake, Scorpions et… Anvil. Tombé dans l’oubli jusqu’à la sortie de Anvil : the story of Anvil, le groupe canadien fondé en 1978 compte pourtant parmi ses admirateurs Scott Ian d’Anthrax, Lemmy de Motörhead et Lars Ulrich de Metallica. Dans ce documentaire, le réalisateur Sacha Gervasi filme les membres du groupe en 2005, bien loin de la gloire fugace de la formation dans les années 1980. Steve le guitariste et chanteur livre de la nourriture à des écoles, Robb le batteur travaille dans la construction… Une fan décide néanmoins d’organiser une tournée européenne qui devrait marquer le retour en grande pompe du groupe.
Bien loin du succès planétaire de Metallica, l’histoire d’Anvil est celle de beaucoup de groupes, talentueux et prometteurs, mais n’ayant jamais passé le cap de la notoriété. Dans ce documentaire, phénomène à sa sortie en 2008, les perdants magnifiques du metal se découvrent, rêvant toujours de remplir les stades, même quand les fins de mois sont difficiles. Les caméras de Sacha Gervasi filment également une belle amitié entre les deux membres fondateurs d’Anvil, entre disputes et réconciliations immédiates. La sortie d’Anvil : the story of Anvil avait à l’époque touché les amateurs de musique metal, signant enfin le retour du groupe sur le devant de la scène.
4 Écoutez l’album Of Kingdom and Crown de Machine Head, 2022
Comme les Beatles en leur temps, Metallica a inspiré d’innombrables créations de nouveaux groupes, mais aussi de nouveaux genres musicaux. Du black metal des années 1990 au punk rock des années 2000, des centaines de formations talentueuses ont revendiqué l’influence du groupe californien, responsable de cinq classiques fondateurs du metal moderne (Kill ‘Em All, Ride the Lightning, Master Of Puppets, … And Justice for all et The Black Album). C’est le cas du natif d’Oakland Robb Flynn, guitariste, chanteur et fondateur de Machine Head en 1991. Représentant de la « new wave of american heavy metal », il s’impose dans les années 2000 comme un des dignes héritiers de Metallica avec The Blackening (2007). Of Kingdom and Crown (2022) est le dernier album en date de Machine Head, de retour avec un thrash metal furieux et calibré.
Cinq ans après l’oubliable Catharsis en 2018, Machine Head signe son meilleur album depuis plusieurs années avec Of Kingdom and Crown, première incursion du groupe dans l’exercice du concept-album. En racontant l’histoire de deux personnages vengeurs dans un monde post-apocalyptique, la formation de Robb Flynn renoue avec le son qui l’avait fait accéder au succès planétaire dans les années 2000 : un thrash metal technique, porté par un chanteur impressionnant. Une proposition définitivement plus sombre et moins mélodique que les derniers albums de Metallica, mais un régal pour les amoureux du riff et des tempos rapides.
5 Écoutez l’album Meliora de Ghost, 2015
Si le metal et la musique rock sont en perte de vitesse dans la culture populaire depuis les années 2000, certains groupes se sont quand même hissés hors de leur niche musicale, comme Metallica en son temps avec le tube Nothing Else Matters (1991). C’est le cas des Suédois de Ghost, phénomène dans la sphère rock et metal depuis son succès surprise en 2010. Propulsés sur le devant de la scène grâce à une proposition visuelle forte (le chanteur Tobias Forge grimé en pape démoniaque entouré de musiciens masqués), ils avaient séduit les amateurs avec leur metal lorgnant vers le hard rock, inspiré par la musique des années 1970. Troisième album de la formation, Meliora est aujourd’hui considéré comme le sommet du groupe.
Mélodique, entêtant et recherché, Meliora peut être considéré comme un des derniers blockbusters du metal, emmené par les tubes Cirice et From the Pinnacle to the Pit. En ralentissant le tempo et en ouvrant ses influences à la pop et au rock, Ghost propose un metal abordable, parfait pour les amateurs en manque de mélodies marquantes. Connu pour ses réinterprétations de classiques de la musique (Here Comes the Sun des Beatles), le groupe publiera bientôt Phantomine, collection de reprises tirées de Genesis, Iron Maiden, ou encore Tina Turner.