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C’est quoi l’intelligence artificielle générale ?

22 avril 2023
Par Kesso Diallo
L'IAG est vue comme la prochaine révolution après le feu, l'électricité et Internet.
L'IAG est vue comme la prochaine révolution après le feu, l'électricité et Internet. ©ArtemisDiana/Shutterstock

Dotée de capacités cognitives humaines, une intelligence artificielle générale pourrait bouleverser la vie humaine, représentant autant une avancée qu’une menace.

Avec la sortie de ChatGPT fin 2022, OpenAI a propulsé l’intelligence artificielle (IA) sur le devant de la scène. Son chatbot a impressionné par ses capacités, pouvant converser avec des humains et générer divers types de contenus textuels. En mars, l’entreprise a dévoilé la dernière version du modèle alimentant son robot conversationnel, GPT-4, permettant à ChatGPT de devenir plus intelligent.

« GPT-4 est un grand modèle multimodal, qui, bien que moins doué que les humains dans de nombreux scénarios de la vie réelle, affiche des performances de niveau humain dans de nombreux contextes professionnels et académiques », a alors expliqué OpenAI. Selon son PDG, Sam Altman, il représente une avancée dans la direction de l’IA dite « générale ». Un terme aussi évoqué par Microsoft, qui a récemment déclaré dans un article que GPT-4 montre des bribes d’IA générale. Mais de quoi s’agit-il ?

Une nouvelle révolution “bénéfique pour l’humanité”

L’intelligence artificielle générale ou IAG est le Graal de la recherche en intelligence artificielle. Ce terme est utilisé pour désigner un système capable de penser, d’apprendre et de comprendre comme un humain. « En théorie, un système informatique ayant atteint l’IA générale serait en mesure de résoudre des problèmes profondément complexes, d’appliquer un jugement dans des situations incertaines et d’intégrer des connaissances préalables à son raisonnement actuel. Il serait capable de créativité et d’imagination à l’instar des êtres humains », explique Microsoft sur une page dédiée à l’IA.

« L’IA générale arrive plus vite que nous ne sommes capables de la digérer. Cela va poser des questions existentielles à l’humanité. Si elle est plus puissante et intelligente que nous, est-ce que nous l’exploitons ? Ou est-ce qu’elle nous exploite ? »

Sharon Zhou
Fondatrice d’une startup d’IA générative

C’est l’objectif d’OpenAI, qui veut veiller à ce que cette technologie bénéficie à toute l’humanité. La société considère que « l’IAG a le potentiel de donner de nouvelles capacités incroyables à tout le monde ». « Nous pouvons imaginer un monde où nous avons tous accès à de l’aide pour presque toutes les tâches cognitives, fournissant un grand multiplicateur de force pour l’ingéniosité et la créativité humaines », a déclaré Sam Altman dans un article de blog fin février.

Considérée comme une nouvelle révolution après le feu, l’électricité et Internet, le déploiement à toute vitesse d’une IA de plus en plus générale est considéré comme inéluctable dans la Silicon Valley. « Si vous prenez ensemble l’invention de l’électricité, des ordinateurs, d’Internet et des mobiles, vous restez en deçà de ce à quoi nous allons assister », a affirmé Siqi Chen, un entrepreneur basé à San Francisco, auprès de l’AFP. Comme d’autres acteurs de la tech, il est convaincu d’assister un historique changement de paradigme, surtout depuis la présentation de GPT-4.

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Une technologie accompagnée de dangers et de perturbations sociétales

Comme toute technologie, l’IAG comporte son lot de risques. Alors que, selon une étude de Goldman Sachs, l’IA pourrait affecter 300 millions d’emplois dans le monde, Siqi Chen a reconnu que cette nouvelle technologie risque de le remplacer un jour. Outre cette menace pour les professions intellectuelles et artistiques, l’IAG suscite aussi d’insurmontables débats de société, comme le futur de l’apprentissage, alors qu’il suffira de formuler des requêtes aux machines. « L’IA générale arrive plus vite que nous ne sommes capables de la digérer. Cela va poser des questions existentielles à l’humanité. Si elle est plus puissante et intelligente que nous, est-ce que nous l’exploitons ? Ou est-ce qu’elle nous exploite ? », a questionné Sharon Zhou, ancienne chercheuse de l’université de Stanford et fondatrice d’une startup d’IA générative, auprès de l’AFP.

C’est à cause de ces dangers qu’OpenAI souhaite construire l’IAG de façon graduelle, pour qu’elle bénéficie à l’ensemble de l’humanité. Dans son article de blog, Sam Altman reconnaît que cette technologie comporte « un risque sérieux d’utilisation abusive, de graves accidents et de perturbations sociétales ». Dans ce domaine, ChatGPT est d’ailleurs déjà une source d’inquiétude, Europol ayant par exemple récemment alerté sur les abus possibles du chatbot par les cybercriminels.

« À mesure que nous créons des systèmes de plus en plus puissants, nous voulons déployer et acquérir de l’expérience avec leur fonctionnement dans le monde réel. Nous pensons que c’est la meilleure façon de gérer soigneusement l’existence de l’IAG – une transition progressive vers un monde avec l’IAG vaut mieux qu’une transition soudaine », a expliqué Sam Altman. Le PDG d’OpenAI estime que cela « donne aux gens, aux décideurs et aux institutions le temps de comprendre ce qui se passe, de découvrir personnellement les avantages et les inconvénients de ces systèmes, d’adapter notre économie et de mettre en place une réglementation ». Il avance aussi qu’une transition progressive permet à la société et à l’IA de co-évoluer.

Si l’on se rapproche déjà de l’IAG avec GPT-4, l’entreprise préfère attendre avant de travailler sur son successeur. Lors d’un récent événement au MIT, Sam Altman a en effet affirmé qu’OpenAI n’entraînait pas actuellement GPT-5, ajoutant qu’elle ne le fera pas avant un certain temps. Pour le moment, la société reste focalisée sur GPT-4, cherchant à améliorer son modèle de langage qui, bien que performant, comporte encore des faiblesses. Autrement dit, il faudra encore attendre pour se rapprocher davantage de l’IAG.

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste