À la suite de plusieurs plaintes émises par les actrices de La Chronique des Bridgerton, le port du corset ne sera plus exigé. Si la nouvelle s’impose comme un soulagement pour les principales intéressées, les nombreux incidents recensés sur le plateau soulèvent des questionnements qui dépassent le seul cadre de la série Netflix.
À partir de la saison 3, les stars de La Chronique des Bridgerton ne seront plus obligées de porter un corset. Une source de l’équipe de production a reconnu dans les colonnes du tabloïd britannique The Sun que cet accessoire qui défraye la chronique « est connu pour être étroit et de nombreuses actrices se sont plaintes auprès du département des costumes pour des problèmes, à court et long terme, après des journées de 12 à 14 heures sur le plateau ».
Simone Ashley, qui prête ses traits au personnage de Kate Sharma, introduit dans la deuxième saison, a d’ailleurs évoqué son expérience personnelle et les conséquences qu’elle a pu observer après de longues heures enserrées.
« J’ai compris que, lorsque vous portez un corset, vous ne mangez tout simplement pas. C’est impossible. Cela change votre corps. J’avais une taille plus petite très momentanément. Puis, à la minute où vous arrêtez de le porter, vous retrouvez votre corps tel qu’il est. J’avais aussi beaucoup de douleurs, et je pense que je me suis déchiré l’épaule à un moment donné ! », a-t-elle confié dans un récent entretien accordé à Glamour UK.
De nombreux anachronismes
Objet de controverse à bien des égards, le corset, mais plus particulièrement les dérives d’un usage inadapté, soulève bien des questions. Ecchymoses, organes déplacés, problèmes respiratoires… Si l’on peut bien évidemment se demander comment Netflix a pu laisser les actrices porter des sous-vêtements qui les blessent à ce point, on peut également s’interroger sur la manière dont ont été pensés et confectionnés les costumes. Et ce, d’autant plus lorsque la série – qui reste une œuvre de fiction et ne revendique pas un quelconque réalisme – présente de nombreux anachronismes.
Instrument destiné avant tout à soutenir la taille et les hanches, le corset doit impérativement être fait sur mesure, auquel cas il n’altérera pas la santé de celui ou celle qui en fait usage. Qui plus est, selon l’historienne Hilary Davidson, spécialiste de la mode et autrice de l’ouvrage Dress in the Age of Jane Austen (Yale University Press, 2019), ceux que portaient les femmes pendant la Régence anglaise pouvaient être confortables. Par ailleurs, les robes empire, qui se distinguent par leur coupe droite, alors très tendance, faisaient fi des tailles marquées à l’excès.
Or, les corsets que revêtent les actrices dans la série, beaucoup plus datés, ne correspondent pas à l’époque dépeinte et ne profitent pas de ces améliorations techniques. Plus longs, et en conséquence plus contraignants et douloureux, ils entravent les mouvements et le corps, si bien qu’une équipe doit assister les comédiennes dans leurs moindres gestes tout au long du tournage. Le port d’un simple soutien-gorge, comme ce sera finalement le cas à compter de la saison 3, aurait donc pu s’imposer naturellement bien avant.
L’influence de la pop culture sur la société
Au-delà des plateaux et du bien-être des actrices, il en va également, plus largement, de celui des femmes. L’influence de la pop culture sur la société n’étant plus à démontrer, outre les perles et les dentelles, La Chronique des Bridgerton a contribué à relancer la tendance de cette gaine.
Des réseaux sociaux aux podiums des plus grandes maisons, la série a nourri la mouvance du « regencycore », un style vestimentaire et décoratif inspiré, comme son nom le suggère, de l’époque de la Régence. Selon la plateforme Lyst, les semaines qui ont suivi la diffusion du premier épisode, le 25 décembre 2020, ont vu les recherches de corsets augmenter de 123 %.
Quoique les corsets actuels sont pensés pour mieux épouser le corps, ils n’encouragent pas moins les femmes à affiner leur taille. Cette injonction, alimentée dans ce cas par un anachronisme, peut être source de nombreux complexes. Cette réalité aurait, semble-t-il, conforté la production à privilégier les soutiens-gorge, a révélé la même source à The Sun.
Soulagée et ravie par cette évolution positive, Simone Ashley s’est à nouveau exprimée sur le sujet et a déclaré dans The Times que cette décision « change[ait] tout pour [elle] ».« Je peux faire une journée de 12 heures et me sentir à l’aise », a-t-elle conclu. Si les fans vont devoir s’armer d’un peu de patience avant de retrouver les héroïnes de Bridgerton, dont la saison 3 est prévue pour la fin de l’année, ils pourront découvrir la série dérivée sur la reine Charlotte sur Netflix à partir du 4 mai prochain.