Comment sont testés les appareils photo par le Labo Fnac ?

On n’a jamais autant pris de photo dans le monde. Que ce soit à l’aide d’un appareil photo dédié ou plus simplement avec son smartphone, le besoin d’immortaliser son quotidien et, surtout, de le partager est plus présent que jamais, avec des appareils de plus en plus experts et sophistiqués. C’est donc tout naturellement que le Labo Fnac, qui a fêté ses 50 ans en 2022, revoit régulièrement ses protocoles de tests.

La reproductibilité des tests au cœur du processus

Comme pour les autres typologies de test du Labo, le fil d’Ariane a été de mettre en place un protocole qui soit reproductible dans les mêmes conditions pour tous les produits qui passent entre les mains de nos experts. Cela concerne aussi bien les appareils photo que les smartphones, dont la partie photo est plus aboutie chaque année.

Une longue phase préparatoire précède la batterie de tests qui sont effectués par le Labo. D’abord, il nous faut rappeler que tous les produits passés au crible sont issus du catalogue Fnac. Il ne s’agit pas de modèles envoyés directement par les marques, mais bien d’exemplaires commerciaux, tels qu’on les trouve en boutique ou sur le site.

Proche du consommateur, le Labo Fnac a à cœur de tester les produits « en sortie de boîte ». C’est-à-dire dans les mêmes conditions qu’on les trouve une fois qu’on les a déballés après achat.

Un environnement totalement contrôlé

La photographie, c’est – littéralement – « écrire avec la lumière ». Aussi pour tester comme il se doit le capteur des appareils photo, il est nécessaire que l’environnement soit parfaitement contrôlé (toujours dans une optique de reproductibilité du protocole).

Les produits sont donc emmenés dans une chambre noire où est méthodiquement disposé tout le matériel dont notre expert a besoin pour effectuer ses mesures. Dans son attirail, on trouve notamment :

• Quatre lampes halogènes (HMI) positionnées symétriquement de part et d’autre du sujet
• Un rail permettant d’approcher ou d’éloigner l’appareil photo du sujet
• Quatre panneaux roulants où sont insérés les différentes mires de test

Avant de démarrer la batterie de tests, les lampes sont mises sous tension pendant 30 minutes afin d’atteindre une température stable et garantir un éclairage uniforme. Pendant ce temps, le produit est déballé et mis à charger jusqu’à ce qu’il atteigne 100%. Il faut noter qu’aucune mise à jour n’est effectuée sur le smartphone ou l’appareil photo, et que tous les réglages restent par défaut.

Tout le protocole est ensuite effectué sous un éclairage de 300 lux pour les prises standards, et à 90 lux pour les clichés en basse lumière.

La prise de mesures

On entre dans le gros du sujet. Concrètement le Labo Fnac va évaluer la qualité d’un appareil photo sur un certain nombre de points, lesquels pèsent plus ou moins lourd dans la notation finale :

• Fidélité colorimétrique
• Netteté et précision de la photo
• Sensibilité du capteur en basse lumière
• Qualité optique (vignetage, aberrations chromatiques, distorsions)
• Définition du capteur

Bien entendu, la pondération et l’exigence mise derrière chaque note est différente selon que l’on teste un appareil photo reflex, un compact ou un smartphone.

Précisons d’emblée que, pour les appareils photo, c’est l’optique fournie en kit qui est utilisée pour effectuer nos mesures. S’il n’en possède pas, le Labo utilise une optique de référence de la même marque que l’appareil photo.

La colorimétrie

Dans un premier temps, le Labo mesure à quel point le capteur est capable de rendre des images fidèles. Pour ce faire, une série de photographies est réalisée à l’aide d’un damier composé de 24 patchs de couleurs différentes. Ces clichés sont ensuite envoyés dans un logiciel qui va se charger de comparer la couleur obtenue par le capteur à celle du patch source. La différence entre les deux prend la forme d’un delta E qui, plus il est grand, plus il souligne une faiblesse dans la colorimétrie de l’appareil.

Par exemple, un appareil photo repartant d’un test Labo avec un delta E de 2 est plus valorisé qu’un autre qui ressort avec un delta E de 5.

Ce test est effectué pour toutes les couleurs, et une moyenne est ensuite établie pour évaluer la capacité du capteur à reproduire des couleurs « réalistes ».

Qualité optique

Dans ce test, le Labo cherche à illustrer la précision d’un capteur photo. À savoir sa capacité à ne pas présenter d’aberrations chromatiques (des sortes de tâches coloriées en vert, rouge ou bleu qui « débordent » du sujet).

Pour effectuer cette mesure, notre expert utilise un tableau blanc parsemé de points noirs. Des petits sujets qui vont mettre à l’épreuve la faculté du capteur à faire converger les rayons lumineux. C’est ce genre de détail qui va permettre de distinguer un bon appareil photo d’un mauvais.

Sensibilité

Autre mesure capitale dans la notation : celle de la sensibilité du capteur. En effet tout le monde aura remarqué que presque tous les appareils photo et smartphones sont aujourd’hui très convaincants en plein jour, par temps clair. Autrement dit : quand la lumière abonde et que le capteur n’a pas besoin de reposer sur des artifices pour améliorer ses résultats.

Mais quand la lumière vient à manquer, ce n’est pas aussi simple. Surtout pour des smartphones qui embarquent des capteurs de moins d’un pouce. À l’aide d’une nouvelle mire présentant des niveaux de gris, notre expert va rester attentif à la production de bruit dans l’image.

On entend par « bruit » ces petits parasites, qui peuvent s’apparenter à du grain, qui s’invitent dans les zones sombres de l’image. L’autre conséquence de l’apparition du bruit est la désaturation, et donc la dénaturation des couleurs.

Définition

Enfin, la dernière mesure s’effectue sur une mire présentant divers objets de couleurs mais aussi du texte. L’idée est de photographier cette scène à l’aide des différents objectifs le cas échéant et d’observer si les bordures de chaque objet sont nettes, si le texte est lisible et si les couleurs ne perdent pas de leur éclat.

Des mesures réalisées au cordeau

Chaque test présenté ci-dessus est effectué à trois différentes distances des mires qui correspondent aux longueurs focales grand-angle (35 mm), standard (50 mm) et téléobjectif (70 mm). Un autre test est également effectué pour la caméra avant (selfie) des smartphones. Chaque modèle testé est placé scrupuleusement au même endroit, une nouvelle fois pour garantir la reproductibilité du processus.

L’idée est de garder dans le cadre la mire de mesure d’aberrations chromatiques. Pour tester l’optique grand-angle, le produit est approché le plus possible de la mire tout en conservant une image nette. Pour le standard, on se recule pour que la mire occupe tout l’espace du capteur. Enfin pour le téléobjectif, on se recule autant que possible en conservant dans le cadre le sujet et en s’assurant qu’il soit net. Toutes ces mesures correspondent à la distance de travail et sont répertoriées dans le logiciel de test du Labo grâce à un mètre laser correctement calibré.

La saisie de données et le calcul de la notation

Une fois que cette batterie de tests a été effectuée, l’heure est venue de s’assoir devant l’ordinateur et de rentrer les données obtenues dans le logiciel qui assiste nos experts dans la notation des produits.

On commence par s’assurer de renseigner les informations factuelles le concernant. En particulier son code EAN, qui va permettre l’identification précise de sa référence dans le catalogue Fnac. La marque, la référence et le nombre d’objectifs présents sont également renseignés afin de créer les champs nécessaires dans le logiciel.

Une fois que tout est prêt, ne lui reste plus qu’à mouliner pour dresser un constat sous la forme d’un tableur de données brutes. Celui-ci est ensuite ajouté à la base de données du Labo Fnac, laquelle va effectuer les différentes pondérations de rigueur pour rendre un verdict sous la forme d’une note pour chaque catégorie testée.

Voici les critères retenus dans la notation :

• Aberrations chromatiques
• Performances en basse lumière
• Sensibilité
• Définition
• Colorimétrie

Enfin, voici les éléments qui sont renseignés dans le protocole mais qui n’ont pas d’impact sur la note finale :

• La distance focale des différents capteurs
• La distance de travail où sont effectuées les mesures
• La définition des différents capteurs (seul le résultat compte, le nombre de mégapixels n’entre pas en compte)
• L’espace colorimétrique (gamut) utilisé par défaut par l’appareil
• Toutes les informations techniques liées au produit (EAN, support de carte SD, résolution vidéo, format d’images, mode HDR…)

C’est alors que peuvent être présentés les tests comme vous les connaissez bien, avec le fameux « radar » de notation et les différentes catégories dont nous nous efforçons d’expliciter les détails dans nos articles.