Dotés d’écrans beaucoup plus grands que les smartphones classiques, les modèles pliants souffrent-ils d’une autonomie en berne par rapport aux modèles traditionnels ?
Le Point Tech, c’est votre nouveau rendez-vous mensuel sur L’Éclaireur. Accompagnés d’un expert du Labo, nous décortiquerons chaque mois un sujet épineux concernant les smartphones, les ordinateurs ou encore les enceintes connectées pour vous aider à mieux comprendre la technologie.
Pour ce premier rendez-vous, nous avons choisi de nous intéresser aux smartphones pliants. La grande diagonale de leur écran et leur conception hybride ont-elles un impact sur l’endurance globale de ces produits ?
Un point sur les smartphones pliants aujourd’hui
Aujourd’hui, le marché du smartphone pliant est largement trusté par Samsung qui, depuis 2020, s’affaire à perfectionner une formule qui a l’air de lui réussir. Mais, bien consciente que ce marché est en plein essor, la concurrence s’organise et lui emboîte le pas.
Dans l’Hexagone, rares sont encore les marques à avoir sorti un modèle. À l’exception de Huawei, un cas un peu à part du fait de la situation très délicate dans laquelle se trouve l’entreprise, nul autre n’a encore osé franchir le pas à part Microsoft et son drôle de Surface Duo. En Chine, en revanche, on trouve déjà pléthore de modèles très séduisants comme l’Oppo Find N ou le Xiaomi Mi Mix Fold.
2023 devrait toutefois bouleverser un peu les choses. Il y a quelques semaines, L’Éclaireur était notamment invité à découvrir le Honor Magic Vs, le second smartphone pliant du fabricant qui, lui, devrait finir par arriver en France. On attend également de pied ferme le Pixel Fold développé par Google, qui devrait lui aussi sortir des cartons cette année.
Dans tous les cas, le marché se décompose aujourd’hui en deux typologies d’appareils :
- les smartphones pliants hybrides, qui disposent d’un écran étroit à l’avant et d’un grand écran interne que l’on découvre en ouvrant l’appareil ;
- les smartphones à clapet, qui ne disposent que d’un écran capable de se replier sur lui-même pour occuper moins d’espace.
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L’autonomie des smartphones pliants passée au crible
Le Labo nous a fourni des données qui nous permettent déjà de nous rassurer : pour l’essentiel, la différence d’autonomie entre un smartphone plié et un smartphone déplié est loin d’être significative – mais elle existe, évidemment.
Parce qu’un écran plus grand signifie plus d’énergie nécessaire pour l’alimenter, il est naturel qu’un Samsung Galaxy Z Fold 4 voie son endurance réduite lorsque l’on utilise son écran interne de 7,6”. Pourtant d’après les mesures réalisées par le Labo (qui utilise un protocole maison visant à simuler un usage réel du téléphone avec un écran allumé dont la luminosité est comprise entre 180 et 220 cd/m2), la différence dans le cas du dernier flagship de Samsung ne serait que de 48 minutes. Écran ouvert, son autonomie atteint 10h42, et 11h30 lorsqu’il est fermé et que seul son écran de 6,7 pouces de façade est mobilisé.
Sur le Galaxy Z Fold 3, le delta est plus important. On passe de 9h06 déplié à 10h50 en n’utilisant que la dalle avant. Une différence à mettre sur le compte d’une puce plus économe en énergie (la Snapdragon 8+ Gen 1), mais aussi possiblement d’une surcouche logicielle davantage optimisée qu’elle ne l’était il y a un an.
Microsoft, de son côté, est pour le coup un très mauvais élève en matière d’autonomie. Qu’il soit plié ou déplié, le Surface Duo 2 a été épinglé par le Labo pour sa piètre durée de vie : ouvert, il n’a tenu que 3h10. Fermé, il gagne 2h21 pour se positionner à 5h31.
Enfin, nos impressions préalables sont confirmées concernant les smartphones pliants « à clapet ». Dans leur cas, il n’y a pas vraiment de débat, puisqu’il s’agit ni plus ni moins d’un smartphone traditionnel capable de se replier sur lui-même pour occuper moins d’espace. À ce titre, le Samsung Galaxy Z Flip 4 a tenu bon face au protocole du Labo pendant 9h52 ouvert, et 10h30 fermé (le protocole tournait alors en tâche de fond).
Comment s’en sortent les smartphones pliants face à des modèles plus conventionnels ?
On l’a vu, la différence d’autonomie d’un smartphone pliant selon qu’on l’utilise déplié ou non a une incidence plutôt réduite sur l’endurance générale du mobile. Cela est dû à plusieurs facteurs : la densité de pixels de l’écran, sa fréquence de rafraîchissement (le plus souvent, elle est d’ailleurs dynamique), l’enveloppe thermique du processeur et, bien sûr, l’optimisation logicielle.
On peut dès lors se demander si un smartphone pliant a finalement une moins bonne autonomie générale qu’un modèle traditionnel. Malheureusement, il est difficile de dresser un comparatif cohérent, qui ne revienne pas à comparer des choux avec des carottes. On peut néanmoins essayer de se plier à l’exercice sur quelques références assez proches.
Prenons par exemple le Xiaomi 12T Pro. Vendu 799 €, il embarque le même processeur que les Galaxy Z Fold 4 et Z Flip 4 (le Snapdragon 8+ Gen 1), dispose d’un écran AMOLED de 6,7 pouces de 446 ppp cadencé à 120 Hz et embarque une batterie de 5 000 mAh. Des caractéristiques loin d’être identiques au smartphone pliant phare de Samsung, mais raisonnablement proches malgré tout.
En mettant côte à côte les tests Labo de ces deux produits, on s’aperçoit que le smartphone de Xiaomi revendique près de quatre heures d’autonomie supplémentaires.
Il est aussi intéressant de faire le même essai avec le Samsung Galaxy S22 Ultra, nec plus ultra des smartphones « classiques » du fabricant sud-coréen. D’après les mesures du Labo, ce dernier a résisté au protocole pendant 10h56 seulement. Pas de quoi clouer le smartphone pliant au pilori ! D’autant que le Fold 4 a une batterie de moindre capacité et un écran de 7,6” contre 6,8” pour le S22 Ultra.
Que faut-il en conclure ?
En définitive, le raisonnement simpliste visant à dire qu’un smartphone avec plusieurs écrans a forcément une moins bonne autonomie est erroné. De trop nombreux paramètres entrent en ligne de compte pour tirer une conclusion si hâtive. Certes, dans les cas illustrés ci-dessus, les modèles pliants de Samsung ont une autonomie inférieure aux smartphones conventionnels, mais absolument pas dans des proportions qui pourraient remettre en question un potentiel intérêt pour ces appareils.
Il faut aussi remarquer que Samsung n’a pas forcément le meilleur historique du marché en termes d’autonomie sur ses smartphones haut de gamme. Il sera intéressant de remettre cet article à jour une fois que d’autres références seront arrivées sur le marché français.
Dans l’attente, s’il fallait résumer : non, les smartphones pliants n’ont pas une moins bonne autonomie que les autres smartphones haut de gamme… de chez Samsung. Là est peut-être la petite subtilité à garder en tête au moment d’envisager un achat.