Critique

On a essayé Tchia, le jeu d’aventure qui vous donne envie de déménager en Nouvelle-Calédonie

19 janvier 2023
Par Pierre Crochart
“Tchia” est le premier jeu du studio français Awaceb.
“Tchia” est le premier jeu du studio français Awaceb. ©Awaceb

C’est l’un des jeux français les plus en vue de 2023 : Tchia, développé entre Bordeaux et la Nouvelle-Calédonie, s’est laissé approcher pendant quelques heures par L’Éclaireur. Coup de cœur.

D’abord accueilli par une moue réprobatrice par celles et ceux qui n’y voyaient qu’un ersatz mal fagoté de The Legend of Zelda: Breath of the Wild, le ravissant Tchia a joué le jeu de la pédagogie en permettant à la presse de découvrir de quoi il retourne. Le résultat est sans appel : si ses inspirations cousent la toile de fil blanc, le jeu vidéo d’Awaceb dresse un tableau des plus envoûtants.

Preview réalisée sur la version PC de Tchia grâce à un code fourni par le studio.

Tchia l’exploratrice

Tchia est une préado débrouillarde. À l’aise avec les gens, serviable, plutôt douée au ukulélé (qu’elle ne quitte jamais), la fillette n’hésite pas une seconde à partir à l’aventure le jour où son père est mystérieusement enlevé par des sbires de Meavora, entité quasi mystique qui tyrannise l’archipel.

Un préambule auquel nous n’avons pas eu l’occasion d’assister dans notre prise en main, qui démarre alors que Tchia prépare un rituel censé l’aider à retrouver la trace du paternel. Pour l’essentiel, Tchia prend la forme d’un jeu d’aventure en monde ouvert se situant dans un archipel fortement inspiré de la Nouvelle-Calédonie, la terre d’origine des cofondateurs du studio Awaceb.

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Tchia profite d’un character design soigné.©L'Éclaireur Fnac

Comme il est de coutume dans ce genre de jeux, on est promenés au gré de nos rencontres de quête en quête. Au détail près que l’on vous met au défi de vous rendre à votre prochain objectif en ligne droite.

À la manière d’un Breath of The Wild (tout de même), l’interface de Tchia est discrète et les indicateurs sur la carte peu intrusifs. Une façon d’encourager les joueurs et les joueuses à prendre possession de ce beau terrain de jeu escarpé. « Possession », un mot qui n’est d’ailleurs pas choisi au hasard, puisque Tchia a un secret. Un pouvoir. Elle est capable de prendre possession de presque tout ce qui l’entoure.

Big flow et all-in

Peut-être avez-vous joué à Prey, qui proposait lui aussi une mécanique du genre (comment oublier la première fois que l’on devient une tasse ?). On pense également à WiLD, jeu rêvé de Michel Ancel (créateur de Rayman) présenté en 2015 comme une exclusivité PS4, mais jamais sorti. Tchia s’approprie ces mécaniques et les met au service d’un gameplay à la classe folle et à l’intuitivité enfantine.

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Tchia peut s’incarner dans pratiquement toute la faune alentour.©L'Éclaireur Fnac

Un simple appui sur la touche idoine permet à notre héroïne de ralentir le temps et de mettre en surbrillance les objets ou animaux alentour compatibles avec le « saut d’âme ». Il suffit ensuite de le viser et de relâcher pour se voir instantanément propulser dans la peau d’un sanglier, d’un cerf, d’un chien… et pourquoi pas d’une belle planche de chêne fraîchement cirée ?

Les possibilités semblent infinies, et chaque hôte dispose de capacités propres. Comment ne pas prendre en exemple les nombreux oiseaux qui peuplent les îles ? Non contents d’offrir un moyen de locomotion bien pratique, ils permettent aussi… de déféquer sur les passants. Le vieux rêve de Michaël Youn enfin exaucé.

Incarner un oiseau permet de… se soulager sur les passants.©L'Éclaireur Fnac

Comme Link dans le dernier Zelda, Tchia dispose également d’une jauge d’endurance que l’on peut améliorer simplement en trouvant des fruits spécifiques. La fillette peut grimper sur n’importe quelle surface, mais aussi sortir un parapente pour amortir ses chutes. Tous les déplacements et les interactions sont d’une fluidité sans faille, et Awaceb a encore trouvé les ressources d’ajouter à sa formule un radeau qui nous permettra de rallier les différentes îles de l’archipel et d’explorer les fonds marins.

Cœur de pirate et butin de nerd

Si la seule éventualité de découvrir des paysages somptueux ne suffisait pas, Tchia devrait satisfaire les joueuses et joueurs frappés par la collectionnite aigüe. La première île que nous avons pu explorer durant cette preview regorge de coffres au trésor et autres babioles à récupérer. Awaceb a pris soin d’intégrer un nombre gargantuesque de vêtements et autres accessoires à son jeu, qui permettront de relooker l’héroïne à l’envi.

Prendre la mer avec son radeau permet d’explorer les îles alentour.©L'Éclaireur Fnac

À la lueur d’un feu de camp, qui fait office de point de sauvegarde, mais permet aussi de se restaurer pour recouvrer toute l’énergie nécessaire à la pratique du saut d’âme, Tchia pourra également sortir son instrument fétiche pour s’occuper. On reconnaît ici l’un des « minijeux » d’un certain The Last of Us Part II, Awaceb allant jusqu’à emprunter l’interface permettant de sélectionner son accord.

Mais le studio français va plus loin et met à notre disposition de nombreux outils qui approfondissent l’expérience musicale. On peut ainsi jouer sur le mode (mineur, majeur) de chaque note, et choisir entre plusieurs modes de picking. Malin. Et comme Tchia n’en est vraisemblablement pas à un emprunt près, certaines mélodies permettent de faire passer le temps. Une mécanique centrale d’un petit jeu qui gagne à être connu : The Legend of Zelda: Ocarina of Time. La boucle est bouclée.

Tchia ou Tchia pas ?

Cette courte découverte de Tchia a permis de lever de nombreux doutes à son propos. Certes, le jeu d’Awaceb porte ses (nombreuses) influences en bandoulières, mais ne manque pas de générosité. Confectionné avec un amour profond pour la culture néo-calédonienne, qu’il s’affaire à mettre à l’honneur, le premier jeu du studio impressionne par ses panoramas dépaysants, ses personnages attachants et un doublage qui transpire l’authenticité.

Quelques séquences musicales viennent ponctuer l’aventure.©L'Éclaireur Fnac

Tchia n’en reste pas moins un projet à taille humaine. Développé par une équipe de neuf personnes seulement, il doit encore nous prouver qu’il n’a pas les yeux plus gros que le ventre et qu’il ne cherche pas à se surclasser – au risque de décevoir.

De ce que l’on en a vu, en tout cas, les voyants sont au vert. Et l’on a sincèrement hâte de pouvoir mettre les mains sur le produit fini. La sortie de Tchia est prévue sur PC, PS4 et PS5 au premier semestre 2023.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste