Actu

Avatar 2 : des minorités amérindiennes jugent le film raciste

30 décembre 2022
Par Apolline Coëffet
Neyrtiri dans “Avatar : la voie de l'eau”.
Neyrtiri dans “Avatar : la voie de l'eau”. ©20th Century Fox

Le second volet d’Avatar suscite la colère de minorités amérindiennes. Certains activistes accusent la saga de s’approprier leur culture pour la mettre au service du « mythe du sauveur blanc ».

Alors qu’il a réalisé l’un des 20 meilleurs démarrages du siècle, et le meilleur de l’année en FranceAvatar 2 est sous le feu des critiques. Des minorités amérindiennes ont fait part de leur mécontentement et jugent que la suite du blockbuster de science-fiction de James Cameron fait preuve de racisme, rejouant les stéréotypes occidentaux. La Voie de l’eau met en scène le conflit qui oppose le fameux peuple à la peau bleue de la planète Pandora, les Na’vi, à d’avides colons humains. Des activistes avaient appelé au boycott massif du film qu’ils considèrent comme étant « anti-indigène », en vain.

Romantiser le phénomène colonial

Si le long-métrage au succès interplanétaire s’impose comme une métaphore assumée de la colonisation de l’Amérique, certains pointent du doigt l’appropriation culturelle générale dont témoigne la distribution des rôles« James Cameron favorise les non-indigènes pour jouer les Na’vi, une race extraterrestre basée sur de nombreuses cultures indigènes dont il s’est inspiré », souligne Yuè Begay, une militante amérindienne Navajo. À l’affiche ne se trouvent en effet que deux acteurs non blancs, Zoe Saldana et Cliff Curtis. Pourtant, la nouvelle ethnie introduite dans le film puise pour l’essentiel ses influences dans la culture maorie.

En outre, Avatar 2, avec ses innombrables éléments narratifs « exotiques » propres à alimenter l’imaginaire occidental, est également accusé de romantiser le phénomène colonial et d’en minimiser les conséquences sur les peuples autochtones. « Nos cultures ont été appropriées de manière intolérable afin de nourrir le mythe du sauveur blanc », synthétise Yuè Begay sur ses réseaux sociaux, très vite rejointe par d’autres personnalités desquelles figurent le rappeur Frank Waln, issu de la tribu Lakota, ou encore Cheney Poole, une activiste maorie.

À lire aussi

L’évolution de la saga

La superproduction de James Cameron soulève également de vives questions au sujet de l’environnement. Autoproclamée « fable écologique » par son auteur – une formule reprise par la suite par de nombreux médias –, le film se distingue toutefois par les moyens technologiques déployés, toujours plus poussés et aussi gourmands financièrement qu’énergétiquement. En ce sens, évoquer un cinéma hollywoodien écologique relève davantage de l’oxymore et de la chimère que de la réalité.

Plus largement, James Cameron semble plus ouvert à ces critiques qu’il ne l’était à la sortie du premier épisode. « Les personnes qui ont été victimes dans l’histoire ont toujours raison. Ce n’est pas à moi, qui parle du point de vue de quelqu’un qui peut jouir du privilège blanc, si vous voulez, de leur dire qu’ils ont tort », a-t-il répondu au site britannique Unilad qui l’interpelait. Le cinéaste a déjà signé pour la réalisation de trois prochains volets, d’ores et déjà en production. Reste à voir si ces remarques influenceront l’évolution de la saga.

À lire aussi

Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste