Voici notre sélection de séries sorties en 2022 qui ont moins fait parler d’elles que Harry & Meghan sur Netflix, mais qu’il serait dommage de rater avant de prendre l’impossible résolution de TOUT regarder en 2023.
Passer inaperçu est de plus en plus difficile à l’ère des réseaux sociaux, mais il y a forcément une poignée d’excellentes séries qui ont glissé à travers les mailles du filet de votre liste de visionnages ces derniers mois. Même les binge-watcheurs professionnels que sont les critiques ont des lacunes !
Voici trois œuvres que nous avons beaucoup aimées et qui méritent mieux que de disparaître dans le vortex des productions négligées, faute de temps. Quel meilleur usage de vos congés de Noël qu’une séance de rattrapage en famille ? En guise d’avertissement, sachez que ce top 3 n’est pas aussi feel-good que les fruits déguisés de votre tante préférée, mais ces séries vous laisseront vivifiés et prêts à prendre 2023 à bras le corps.
1 Oussekine, sortie en mai dernier sur Disney+
Vous avez forcément entendu parler de la série française phare de l’année écoulée, mais l’avez-vous regardée ? Oussekine est une œuvre indispensable à plus d’un titre. Elle retrace un pan de notre histoire récente qui n’avait jamais été mis en scène : la mort tragique de Malik Oussekine à Paris le 5 décembre 1986, à la suite de violences policières.
Le remarquable devoir de mémoire orchestré par le réalisateur Antoine Chevrollier (Baron noir), en collaboration avec la famille de l’étudiant français d’origine algérienne (joué par Sayyid El Alami), vient d’être récompensé par l’Association des critiques de séries. Pour sa première création française originale, Disney+ ose aborder un sujet politique et tristement d’actualité, qui a également été porté sur le grand écran cette année par Rachid Bouchareb : Nos frangins représentera l’Algérie aux Oscars 2023.
D’une grande délicatesse, la minisérie de quatre épisodes de 52 minutes file à toute vitesse – encore une bonne raison, s’il en fallait une, de ne pas passer à côté. Le spectateur est happé par le combat de la famille Oussekine, ébranlée, mais plus soudée que jamais dans sa volonté de faire prévaloir la justice. Le casting est exceptionnel, notamment Hiam Abbass dans le rôle de la mère meurtrie dans sa chair.
Tewfik Jallab, Malek Lamraoui, Mouna Soualem et Naidra Ayadi interprètent les grands frères et sœurs de Malik, qui gèrent le deuil et la colère chacun à leur façon. Le réalisme n’est jamais sacrifié à l’émotion et, par le prisme de l’intime, Oussekine révèle les blessures de la société de l’époque, dont les cicatrices sont encore visibles aujourd’hui. Au cours d’une année 2022 qui a été particulièrement riche en récits inspirés de faits réels, voilà une œuvre respectueuse des survivants qui ne nous laisse pas indemnes. N’est-ce pas cela, justement, qu’on attend d’une grande série ?
2 This Is Going to Hurt, sortie en mars dernier sur Canal+/BBC
On ne va pas vous mentir, cette série britannique dont le titre signifie « ça va faire mal » porte son nom à merveille. Brutale, hilarante et sanglante, This Is Going to Hurt a été créée par Adam Kay à partir du récit de son expérience en tant qu’ancien gynécologue-obstétricien dans un grand hôpital londonien pour le NHS (National Health Service).
Si les séries médicales vous donnent de l’urticaire, passez votre chemin. Sinon, plongez sans attendre dans cette fable universelle qui dépeint l’humain dans toute sa beauté et ses contradictions. À la fois dévoué et désabusé, Adam (excellent Ben Whishaw) a la responsabilité de mettre au monde tellement d’enfants qu’il s’endort souvent dans sa voiture entre deux gardes.
Les moments face caméra à l’humour noir so british exposent la psyché torturée de cet antihéros d’autant plus attachant qu’il ploie sous la contrainte d’un système pervers. Le manque de moyens, de personnel et de reconnaissance pousse en effet ses supérieurs à le malmener, et lui en retour à passer ses nerfs sur son interne brillante, mais un peu gauche, Shruti (Ambika Mod).
Sa vie personnelle est tout aussi chaotique : alors qu’il vient de se fiancer avec Harry (Rory Fleck Byrne), il ne l’a encore présenté ni à sa mère ni à ses collègues. Au croisement entre Fleabag et Hippocrate, cette minisérie en sept épisodes de 45 minutes l’est une des œuvres les plus gratifiantes de 2022.
Les difficultés du milieu hospitalier sont abordées sous un angle autobiographique forcément subjectif, mais les conditions de travail d’Adam et Shruti font directement écho à la crise sanitaire et logistique que nous traversons à cause du Covid.
Des blouses bleues tachées de sang en guise de costumes, des murs gris délabrés pour décor, une poignée de personnages principaux et un flot incessant d’anonymes : parfois c’est à sa sobriété qu’on mesure la puissance émotionnelle d’une série. Prends-en de la graine, Emily.
3 Bad Sisters, sortie en août dernier sur Apple TV+
Nous l’avons trouvé, le Grinch qui va saboter Noël ! John Paul remporte haut la main le prix du personnage de série le plus abominable de l’année. Interprété par le géant danois Claes Bang, il se retrouve pourtant inerte et impuissant dès la première scène de Bad Sisters : mort dans des circonstances mystérieuses.
La série créée par la multitalentueuse Sharon Horgan (Catastrophe, This Way Up), accompagnée du duo de scénaristes Dave Finkel et Brett Baer (30 Rock, New Girl) est LA comédie grinçante qui vous fera vous étrangler de rire dans votre vin chaud.
Elle est parfaite à partager en famille, puisqu’elle suit l’impact – et retrace les causes dans de nombreux flashbacks – de cette disparition soudaine sur le petit monde des sœurs Garvey. Extrêmement protectrices les unes des autres, ces cinq Irlandaises de Dublin voient leur sororité menacée depuis le jour où Grace (Anne-Marie Duff) s’est mariée avec John Paul. Époux faussement attentif, père punitif d’une adolescente en quête d’indépendance, beau-frère manipulateur, voisin aigre, collègue arriviste… tout ce qu’il touche se transforme en malheur.
On comprend mieux pourquoi la sœur aînée de la tribu, Eva (Sharon Horgan), et ses cadettes Ursula (Eva Birthistle), Bibi (Sarah Greene) et Becka (Eve Hewson) poussent un soupir de soulagement à l’annonce de la mort du tyran. Mais sont-elles totalement innocentes ? En plus des allers-retours temporels, le récit dépeint l’enquête de deux agents de la fraude à l’assurance-vie qui flairent anguille sous roche.
Le spectateur est ainsi embarqué dans un polar à la fois old-school et résolument moderne qui réinvente ce genre parfois trop sérieux. Les personnages sont dessinés avec nuance et empathie, sans pour autant négliger les rebondissements loufoques. Si la vengeance est un plat qui se mange froid, n’ayez aucun scrupule à rattraper Bad Sisters en retard – cette série est un délice.