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Le Festival d’Angoulême annule l’exposition sur Bastien Vivès

14 décembre 2022
Par Lisa Muratore
Le Festival d'Angoulême annule l'exposition sur Bastien Vivès
©flauma/Shutterstock

Alors que l’exposition sur Bastien Vivès à l’occasion du Festival d’Angoulême a créé la polémique, cette semaine, les organisateurs ont finalement décidé d’annuler sa carte blanche, à la suite de plusieurs menaces et intimidations.

[Mise à jour du mercredi 14 décembre 2022]

Alors que la polémique s’est faite de plus en plus grandissante ces derniers jours, le Festival de la bande dessinée d’Angoulême a finalement décidé d’annuler l’exposition consacrée à Bastien Vivès. La carte blanche offerte à l’auteur des Melons de la colère (Requins Marteaux, 2011) a en effet provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, pointant le caractère incestueux et pédopornographique de ses œuvres.

Si cette décision devrait satisfaire les auteur·rice·s des pétitions demandant l’annulation de l’exposition, l’auteur aurait, selon la communication du festival, fait l’objet de plusieurs menaces. Les organisateurs du FIBD ont choisi cette explication pour justifier la déprogrammation de la rétrospective consacrée au cocréateur de la bande-dessinée Lastman (Casterman, 2013). « Des menaces physiques ont été proférées vis-à-vis de Bastien Vivès. Il n’est dès lors pas possible pour l’événement d’envisager que sa programmation puisse faire peser de tels risques sur un auteur et, potentiellement, dans quelques semaines, sur ses festivaliers”, écrit la direction du Festival dans un communiqué.

Bien que les organisateurs aient initialement annoncé maintenir l’exposition Dans les yeux de Bastien Vivès, des intimidation à l’égard d’une partie de l’équipe du festival expliqueraient également ce changement de cap. Malgré les vives critiques, la direction du Festival d’Angoulême a choisi de renouveler son soutien à Bastien Vivès, au nom de la liberté d’expression, tout en rappelant « qu’il appartient à la loi de tracer les frontières dans ce domaine et à la justice de les faire respecter ».

[Article initial publié le mardi 13 décembre]

L’auteur controversé, Bastien Vivès, va faire l’objet d’une rétrospective durant le Festival de la bande dessinée d’Angoulême, en janvier prochain. Cependant, cette décision des organisateurs a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, son œuvre relevant, selon les détracteurs de l’écrivain, de la pédopornographie, et perpétuant la culture du viol.

L’exposition sera-t-elle maintenue ?

C’est donc dans ce contexte controversé que deux pétitions ont été créées. La première est à l’initiative des professeur·e·s et des étudiant·e·s de l’école d’art d’Angoulême. La seconde a émergé du collectif Prévenir et Protéger et du mouvement #BeBraveFrance, et demande l’annulation de sa carte blanche prévue dans le cadre du festival.

Les détracteurs de Bastien Vivès affirment plus précisément que Les Melons de la colère (Requins Marteaux, 2011) et Petit Paul (Glénat, 2018), sont des « ouvrages ouvertement pédopornographiques » et accusent l’auteur de véhiculer « des propos problématiques et une image dégradante des femmes »The Lesbians, une série de dessins, a quant à elle était qualifiée de « lesbophobe », tandis que, plus globalement, Bastien Vivès est accusé de banaliser « la culture du viol » et de faire « l’apologie de l’inceste et de la pédophilie ».

Le Festival d’Angoulême a annoncé une exposition sur Bastien Vivès.

L’affaire s’inscrit dans la continuité d’une controverse apparue en 2018 après la sortie de Petit Paul, premier volume d’une nouvelle collection de bandes dessinées pornographiques. Vivès y relatait les mésaventures d’un petit garçon de 10 ans doté d’un pénis démesuré, qui déclenchait chez les femmes de son entourage des pensées lubriques. À l’époque, une pétition en ligne avait demandé l’interdiction de l’ouvrage, et certaines librairies l’avaient retiré de leurs rayons.

De son côté, Bastien Vivès nie tout fantasme pédopornographique, précisant dans les colonnes de Libération que ce qui l’intéresse par dessus tout, c’est « l’hypertrophie des corps masculins et féminins. » L’auteur de Polina (Casterman, 2011) s’est également dit « dégoûté et effrayé » qu’un tel parallèle soit établi entre son œuvre et des actes réels, avouant par la suite être victime de harcèlement sur les réseaux sociaux.

Quoi qu’il en soit, le Festival d’Angoulême a annoncé que l’exposition sur Bastien Vivès était maintenue. Fausto Fasulo, le codirecteur artistique du FIBD exclut toute déprogrammation. Pour lui, « ce serait une défaite philosophique énorme ».

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste