Une étude financée par l’Union européenne révèle que les jeunes sont nombreux à se livrer à une forme de cybercriminalité comme le piratage, le cyberharcèlement ou encore la consultation de contenus pornographiques.
Une normalisation qui inquiète. Une étude réalisée en collaboration avec le centre de cybercriminalité d’Europol, l’agence européenne de police, et financée par l’UE montre que les comportements en ligne dangereux et criminels risquent de se normaliser chez les jeunes Européens. Relayée par le Guardian, elle a été menée auprès de 8 000 jeunes âgés de 16 à 19 ans dans neuf pays européens, dont le Royaume-Uni, la France, l’Espagne et l’Allemagne. Ils ont été interrogés sur 20 types de comportements en ligne (regarder des contenus pornographiques, publier des discours haineux, etc.)
« L’étude indique qu’une grande partie des jeunes dans l’UE se livrent à une forme ou une autre de cybercriminalité », a déclaré Julia Davidson, l’une des co-autrices et professeure de criminologie à l’Université d’East London. L’enquête révèle en effet que 44% ont regardé des contenus pornographiques et que 27% ont déjà traqué ou trollé quelqu’un en ligne. Un jeune sur quatre s’est également livré au piratage numérique et un sur huit au cyberharcèlement. 11% ont aussi publié des propos haineux.
Protéger les jeunes face aux comportements dangereux
Julia Davidson précise que les hommes sont plus nombreux que les femmes à se livrer à ce type de comportement. Près des trois quarts d’entre eux ont en effet admis pratiquer une forme de cybercriminalité ou de prise de risque en ligne contre 65% des femmes. De plus, un peu moins de la moitié des jeunes interrogés ont adopté un comportement susceptible d’être considéré comme criminel dans la plupart des juridictions, tels que le piratage ou le partage non consenti d’images intimes.
L’étude révèle aussi que la moitié des sondés passent quatre à sept heures par jour en ligne. Pour 4 sur 10 de ces jeunes, ce temps s’élève à plus de huit heures. Ils utilisent principalement leurs téléphones pour aller sur Internet et sur les réseaux sociaux (YouTube, Instagram, WhatsApp, TikTok et Snapchat).
La publication de cette étude intervient alors que l’UE et le Royaume-Uni cherchent à réguler le net. Le Digital Services Act, entré en vigueur dans le bloc en novembre, va notamment obliger les grandes plateformes (plus de 45 millions d’utilisateurs) à mieux protéger les mineurs en ligne. Le Royaume-Uni, avec son projet de loi sur la sécurité en ligne qui est revenu au Parlement cette semaine, prévoit, lui, de criminaliser plusieurs pratiques telles que l’envoi d’images sexuelles non sollicitées, le fait d’encourager l’automutilation ou encore le partage de deepfakes pornographiques, soit des images manipulées pour ressembler à une personne sans son consentement.