Décryptage

Audio premium : très chère musique

23 novembre 2022
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Audio premium : très chère musique
©Dubassy

Qu’on l’appelle Hi-Fi, audio haute définition, High Res ou premium, la musique de haute qualité attire plus que jamais, sur platine ou en version dématérialisée.

Au premier semestre 2022, les ventes dans le secteur audio en Europe de l’Ouest ont continué à progresser (+4 % selon le cabinet GfK) alors que le marché est globalement en retrait de 7 % au niveau mondial et que les ventes d’électronique grand public, en général, ont connu une baisse de 8 % entre janvier et juin 2022. L’audio fait donc de la résistance, notamment les produits de niche haut de gamme. Ainsi, les appareils dotés de systèmes audio améliorés comme DolbyAtmos ou DTS:X ont bondi de 54 % sur les six premiers mois de l’année.

Il faut dire que la Hi-Fi moderne (pour High Fidelity, haute fidélité) fait le grand écart en termes d’offres, de technologies… et même de philosophie. Il y a ceux qui ne jurent que par des platines vinyle associées à des amplis à tubes et des enceintes passives. D’autres ont opté pour un abonnement en streaming premium et écoutent aussi bien au casque Bluetooth haut de gamme que sur une enceinte connectée de marque réputée. Dans les deux cas, les budgets peuvent allègrement dépasser les 2 000 ou 3 000 euros… voire beaucoup plus.

Ampli tout-en-un ultraconnécté.©Naim Audio

La révolution du streaming

La bascule vers le numérique a réellement commencé autour de 2008, quand la plateforme Qobuz a commencé à proposer du streaming en qualité CD. Depuis, l’offre « High Res » (haute résolution), avec un meilleur échantillonnage, a fait son apparition sur la plupart des plateformes. Pour l’équivalent d’une dizaine de CD achetés par an, les offres de Spotify, Apple Music, Deezer, Tidal, Amazon et autres donnent accès à des millions de morceaux (entre 90 et 100 millions de titres par catalogue) en illimité. Et il existe de plus en plus d’offres d’abonnement en qualité CD (ce qu’on appelle l’audio loseless), voire au-delà chez Tidal.

Néanmoins, si l’offre en ligne séduit de plus en plus d’audiophiles, elle n’a pas pour autant enterré le son analogique, qui garde ses fervents amateurs mélomanes. Surtout, de plus en plus d’appareils permettent de faire la passerelle entre les deux univers. Analogique et numérique ne sont donc plus opposés, mais se complètent, au gré des envies.

La tendance du néo-vintage

Le look est vintage, mais la technologie derrière relève du dernier cri. D’abord vu comme une mode passagère, le vinyle fait son grand retour depuis quelques années et semble ne pas vouloir retomber dans les oubliettes. Dans le top des idées de cadeaux de Noël, il se vend près de 200 000 platines chaque année.

©Creative Commons Zero (CC0)

Les prix démarrent à moins de 100 €, mais peuvent grimper allègrement à plus de 1 500 €. Parmi les marques les plus connues, on peut citer JVC et Sony, mais les spécialistes du secteur (Rega, Audio Technica, Pro-Ject, Marantz, Auna…) proposent également des produits de grande qualité… Dont les prix peuvent s’envoler. Ces platines et les équipements qui les complètent permettent de plus en plus de bénéficier du meilleur des deux mondes et de basculer sans difficulté entre musique analogique et streaming en ligne avec diffusion simultanée dans plusieurs pièces de la maison.

Le vinyle, un vrai cérémonial

Certes, la qualité audio est bien différente du CD – il faut accepter les imperfections de la musique tirée des sillons de la galette –, mais la chaleur et l’authenticité du rendu d’un vinyle qui tourne sur une platine rendent l’expérience incomparable. « Le cérémonial de chiner de vieux vinyles d’occasion, de sortir le disque de sa pochette, de le mettre sur la platine et de déposer délicatement le “diamant” dans un sillon, cela reste incomparable », explique Thomas, 38 ans, audiophile qui s’est équipé il y a cinq ans.

©Dundjerski

« Et puis cela incite à ne rien faire d’autre que d’écouter la musique. À vraiment se poser, loin des notifications de son smartphone. C’est une plongée nostalgique dans le passé que j’assume pleinement. Surtout, j’aime cette idée d’écouter tous les morceaux d’un vinyle, dans l’ordre pensé par l’artiste. C’est un vrai signe de respect, à l’opposé du mode “shuffle” des plateformes de streaming et des mix précréés. »

Depuis 2007, les ventes de disques vinyle sont en hausse constante et on compte pas moins de cinq usines de pressage en France. En 2021, à la Fnac, le vinyle représentait 30 % des ventes de musique, contre 19 % en 2019 et 27 % en 2020.

Seul bémol, depuis quelques mois, une des  matières premières entrant dans la fabrication des disques, le polymère, s’est raréfiée avec la pandémie. Résultat : des difficultés de production et une flambée des prix. Il faut désormais compter une trentaine d’euros pour un disque neuf. Une situation qui fait les affaires d’un autre support musical du passé : la cassette audio, moins chère à produire.

©Creative Commons Zero (CC0)

Depuis avril dernier, le label Universal Music a d’ailleurs relancé sa production de K7. Avec une qualité bien inférieure au CD, pas sûr que les mélomanes voient cette nouvelle tendance d’un bon œil. Ou plutôt d’une bonne oreille.

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