Le Roi Lion, comédie musicale culte adaptée du film d’animation de Disney sorti en 1994, tourne depuis plus de 20 ans à travers le monde. En 2007, le spectacle a pris pour la première fois ses quartiers au théâtre Mogador, où il resta à l’affiche jusqu’en 2010. Le spectacle, revenu en grande pompe au Mogador il y a un an, n’a pas pris une ride. À qui doit-on ce triomphe sans cesse renouvelé ?
En 1997, Le Roi Lion débarque pour la première fois à Broadway (New York) après le triomphe du dessin animé Disney sorti trois ans plus tôt. Simba, Scar, Rafiki, Mufasa, Timon, Pumbaa et tant d’autres personnages iconiques sont réunis sur scène dans une comédie musicale spectaculaire, adaptée pour la scène par Julie Taymor (sur un livret de Roger Allers et Irene Mecchi), avec les chansons cultes écrites par Tim Rice et les musiques respectivement composées pour le film par Elton John ou encore le maestro Hans Zimmer.
Depuis 25 ans, le spectacle a réuni plus de 100 millions de spectateurs à travers le monde, de Londres à Tokyo, en passant par Toronto, Sydney, Singapour, Mexico, le Brésil ou l’Afrique du Sud, pays natal du compositeur Lebo M. à qui l’on doit, entre autres, l’inimitable chœur qui ouvre Le Roi Lion et nous replonge immédiatement en enfance.
Adapté en France par Stéphane Laporte – qui a légèrement retravaillé le livret pour le retour de la pièce à l’automne dernier –, Le Roi Lion rencontre alors un incroyable succès au théâtre Mogador, où le spectacle reste à l’affiche pendant trois saisons (2007-2010) et attire plus de 1,5 million de spectateurs. Le spectacle remporte trois Molières, dont celui de la meilleure comédie musicale. Le triomphe est total. À Broadway, il est l’un des spectacles cumulant le plus de représentations – plus de 9 000 ! – et a récolté plus de huit milliards de dollars dans le monde au fil de son histoire. Depuis novembre dernier, Le Roi Lion s’est réinstallé au théâtre Mogador, à Paris, où la magie opère toujours. La recette, elle, reste quasiment la même et semble relever chaque soir du miracle.
Un véritable microcosme s’anime derrière le rideau
En coulisses, impossible de ne pas songer à une fourmilière à taille humaine : c’est là que, soir après soir, le spectacle prend vie grâce à une équipe dévouée : près de 50 comédiens sur scène, des dizaines de musiciens et de techniciens, des centaines de masques et de marionnettes de toutes les couleurs… À quelques heures du début de la représentation, les portes sont encore closes, mais le théâtre sort de son sommeil et la machine se met progressivement en marche. C’est un véritable microcosme qui s’anime en coulisses tandis que, sur scène, le rideau s’apprête à se lever sur le traditionnel Cercle de la Vie qui ouvre Le Roi Lion.
Tout doit être prêt pour l’arrivée des premiers spectateurs. La mécanique semble bien rodée, même si des imprévus peuvent toujours advenir. Cela fait partie du jeu : il faut pouvoir réagir du tac au tac, remplacer quelqu’un au pied levé ou réparer une marionnette entre deux scènes.
Pour cela, les équipes peuvent notamment compter sur les stage managers (régisseurs de scène), qui assurent chaque soir la cohésion entre les nombreux départements à l’œuvre. « On gère les divisions les unes avec les autres. Ça permet de lancer les mouvements de décors, de prévenir tous les départements dès qu’il y a un souci, de réunir tout le monde autour du problème, raconte Charlie Bazire, régisseuse de scène. Je lance les tops pour la musique, les comédiens, les décors, les lumières (…) La “toppeuse” fait le lien avec tout ce monde-là et fait en sorte que le show soit le même tous les soirs. Que tu sois en France, à Singapour, en Espagne ou à Londres, tu es censé voir le même spectacle, quasiment à la virgule près. »
Des équipes formées par Disney
Toute la scénographie du Roi Lion doit être ainsi rigoureusement respectée – quelques changements ont eu lieu depuis la première adaptation, laquelle était restée fidèle à celle de Broadway au point de créer une structure sous la scène du théâtre du Mogador pour accueillir le grand rocher emblématique, qui prend aujourd’hui la forme d’une gigantesque structure mobile. Les équipes, dans chaque département, du maquillage jusqu’au plateau, sont d’ailleurs formées par Disney de façon à ce que la pièce se joue à l’identique dans le monde entier et que les mêmes valeurs « d’unité et de fraternité » soient transmises.
Quelques derniers réglages avant que la pièce ne commence. Les troupes s’activent et les coulisses du Mogador, véritable dédale de couloirs et de pièces remplies des trésors inestimables de cette comédie musicale culte, s’animent à toute vitesse. Sur scène se déploie un véritable ballet de lumières, de costumes, de marionnettes plus impressionnantes les unes que les autres et confectionnées dans les sous-sols du théâtre avec le plus grand soin (toutes adaptées à la morphologie des interprètes). La musique iconique, jouée en live, donne alors le ton : comédiens et comédiennes, même en coulisses, s’imprègnent de l’atmosphère en reprenant en chœur les chansons emblématiques (Je voudrais déjà être roi, Hakuna Matata, Ils vivent en toi, etc.) du film.
“Un chef-d’œuvre de théâtre et de musique ”
« C’est un chef d’oeuvre absolu (…) La musique ne s’arrête quasiment jamais, surtout dans les 25 dernières minutes », note Dominique Trottein, directeur musical du spectacle, dont les indications sont minutieusement suivies par l’équipe du spectacle grâce à des écrans nichés un peu partout dans le théâtre. « Il y a 22 ans, j’ai pu voir les previews du Roi Lion à New York. Personne ne l’avait jamais vu, il n’y avait pas un seul visuel du spectacle. Je me souviens encore de l’émotion que j’ai ressentie en découvrant Le Cercle de la Vie, qui reste à mes yeux un chef-d’œuvre de théâtre et de musique, nous confie-t-il. C’est un spectacle où tous les départements dépendent les uns des autres (…) C’est un spectacle total. »
Le Roi Lion ne vieillit pas et sera sans doute encore joué à Broadway dans 20 ans, assure Dominique Trottein. Car chaque soir est un peu différent, grâce à des anecdotes, des imprévus, une distribution changeante. Il y aurait sans doute d’innombrables techniques pour moderniser le spectacle et sa partition, concède-t-il, mais cela lui ôterait tout son charme, un peu « comme le théâtre baroque et ses vieilles machineries ». La magie du Roi Lion tient somme toute à cet équilibre entre la voie bien tracée par Disney et l’énergie singulière émanant, grâce aux nombreux artisans du spectacle, de chaque représentation. « Au cinéma, vous reverrez toujours la même chose. L’avantage du théâtre, c’est que c’est un art vivant. Chaque jour, c’est un nouveau spectacle. »
Le rendez-vous est pris.
Infos pratiques
Le Roi Lion, Théâtre Mogador (Paris 9e), réservations ouvertes jusqu’au 31 décembre 2022. Représentations tous les jours, sauf le lundi. Billetterie par ici !