Le tome 100 de Détective Conan est sorti en France dans une magnifique édition collector, le 23 septembre dernier. Retour sur une œuvre qui a su bâtir un véritable empire en près de 28 ans.
Peu de fans connaissent cette histoire. En 1997, Kana est le tout premier éditeur de mangas en France. Sa première licence est alors Saint Seiya et le directeur général, Yves Schlirf, part au Japon pour découvrir de nouveaux titres – sans parler un seul mot de japonais. Il se rend dans les bureaux de l’éditeur Shogakukan et découvre un petit enfant en costume sur les couvertures de tous les magazines. Sans même savoir de quoi parle le manga, il achète les droits de Détective Conan en se disant qu’il pourrait plaire au public français.
Son flair était bon : 28 ans et 100 volumes plus tard, les aventures du petit détective à lunettes sont devenues culte pour plusieurs générations. Malgré sa longueur, l’histoire est simple. Shinichi Kudo est un jeune détective qui met son nez dans les affaires d’une dangereuse organisation, les hommes en noir. Ces derniers lui administrent un poison qui le fait rajeunir et il devient alors un petit garçon de 7 ans, toujours avec le même cerveau de génie. Shinichi se fait appeler Conan Edogawa pour passer inaperçu et doit résoudre de nombreuses enquêtes pour retrouver la trace des hommes en noir et son aspect d’origine.
Le manga de tous les records
Avec plus de 250 millions d’exemplaires écoulés dans le monde (dont 3,4 millions en France), c’est le cinquième manga le plus vendu de tous les temps. Il n’y a qu’à voir la vitesse à laquelle l’édition collector du tome 100, sortie en France le 23 septembre dernier, s’est vendue pour s’en rendre compte. Encore aujourd’hui, la communauté qui s’est formée autour de l’œuvre et de son auteur, Gosho Aoyama, est très vive. Certes, la sortie de chaque nouveau volume en France n’est pas un phénomène de librairie semblable à celui provoqué par One Piece, mais les fans du manga savent se mobiliser. Et ils sont récompensés.
Une adaptation animée de plus de 1 000 épisodes, 20 jeux vidéo dérivés, 25 films et six téléfilms, trois spin-offs en manga… L’univers de Détective Conan fourmille d’œuvres en tout genre. En 2021, la popularité du manga prend tellement d’ampleur qu’un long-métrage Détective Conan sort au cinéma pour la première fois en France. Scarlet Bullet et La Fiancée de Shibuya, les deux derniers films de la licence, ont chacun attiré plus de 30 000 spectateurs en salles, un score honorable.
Une longévité admirable
Ils sont rares, les mangas publiés en France à dépasser les 100 volumes. On peut notamment citer Ippo, Jojo’s Bizarre Adventures (les deux séries sont d’ailleurs découpées en plusieurs parties), One Piece et, désormais, Détective Conan. La comparaison entre ces deux derniers n’est pas dénuée de sens. Les deux sagas ont débarqué dans les librairies japonaises en même temps, et chacune a su s’inspirer des clichés du genre dans lequel elles s’inscrivent (la piraterie et le polar, impossible de trouver plus codifiés que ceux-là) et les redéfinir. En prenant le meilleur d’Agatha Christie, de Sherlock Holmes et d’Arsène Lupin, le manga a créé son propre univers et dépassé toutes ses influences.
L’œuvre de Gosho Aoyama dure depuis bientôt 30 ans, mais seuls quelques mois séparent le premier tome du dernier dans l’histoire. Les enfants n’ont pas grandi et les personnages sont toujours les mêmes. Cependant, Détective Conan est un véritable exemple de renouvellement. À l’image d’un James Bond, le petit garçon a des tas de gadgets en sa possession pour l’aider à résoudre ses enquêtes.
Avec les années, ils se sont modernisés, tout comme les intrigues et les personnages. Malgré le côté anachronique inévitable, l’histoire évolue avec son époque, ce qui lui permet de toujours rebondir et de ne jamais lasser. Encore en 2022, Détective Conan est un manga passionnant, culte, et à ne rater sous aucun prétexte si vous ne l’avez toujours pas découvert, après tout ce temps.