Les années 2000 ont vu émerger une nouvelle génération d’artistes. Ces rockeurs et rockeuses des temps modernes ont marqué l’histoire de la musique, mais surtout de nombreuses adolescences. De nos jours, le genre semble être en perte de vitesse. Entre évolution et nostalgie, que reste-t-il de la musique de nos années lycée ?
Avant 2010, le rock, sous toutes ses formes, dominait largement les écoutes des plus jeunes. Le grunge et le hard rock des années 1990, venus principalement des États-Unis et de Grande-Bretagne, ont profondément marqué l’histoire de la musique après l’empreinte historique des Beatles, des Guns N’ Roses ou encore de Queen.
Plus tard, le rock de la génération MTV Pulse est devenu un véritable phénomène, notamment en Amérique du Nord. Entre héritage et nouveaux artistes, les années 2000 ont vu émerger une scène musicale inédite, menée par Green Day, The Offspring ou encore Avril Lavigne. Des artistes accomplis, désormais mythiques, à la popularité cependant moindre aujourd’hui.
L’évolution de l’industrie musicale, au profit du rap et du reggaeton, a en effet entaillé la place du rock dans le cœur des adolescents. Si d’irréductibles groupes et chanteurs subsistent, les codes du genre ainsi que les sonorités bourrues des années 2000 ressemblent à un lointain souvenir nostalgique.
L’identification d’une culture et d’une jeunesse
Il y avait quelque chose chez les rockeurs et rockeuses des années 2000 qui les distinguait de leurs pairs. L’âge d’or du rock’n’roll, aussi culte que kitsch, a laissé place au début du XXIe siècle à des artistes toujours aussi rebelles, doués cependant d’une forme inédite de créativité. Tout en s’inspirant de leur héritage, ils ont offert au rock une nouvelle jeunesse, née aux États-Unis et au Canada. On retrouve dans les paroles de Green Day, par exemple, leur opposition à la guerre en Irak, la mort du rêve américain, ou encore cette soif de liberté. Des thématiques que le genre aborde depuis la guerre du Vietnam et la première édition de Woodstock (1969).
Néanmoins, le rock adolescent a su l’adapter aux considérations des années 2000 – notamment celles des armes à feu – et aux problématiques des adolescents de l’époque. C’est pour cette raison que de nombreux groupes tels que The Offspring, Sum 41 ou encore Blink-182 se sont souvent mis en scène dans leurs clips, au centre d’adolescents déchaînés, en évoquant leurs années lycée. Cette génération vise aussi les institutions, le conformisme, la famille, tout en se moquant, quitte à la personnifier, l’idiocratie américaine.
Les sonorités ont également évolué, alors que le grunge et le hard rock ont soigneusement imprégné cette époque. On retrouve aussi l’influence du métal. C’est le cas dans les morceaux de Linkin Park ou de Fall Out Boy. Cependant, le genre reste accessible aux groupes qui se multiplient à travers l’Amérique du Nord. Les accords de puissance, les distorsions, les tonalités brutes et répétitives offrent des sons uniques, portés par des artistes eux-mêmes débutants et adolescents à leurs débuts.
Ceci explique l’aspect fédérateur du genre et sa marque dans la pop culture. Les sonorités, le style vestimentaire aussi sombre que déjanté, l’articulation des clips, leur photographie, jusqu’à l’utilisation dans les comédies populaires comme American Pie (1999), tous ces éléments ont participé à l’identification d’une culture et d’une jeunesse.
Et aujourd’hui ?
Depuis, cette même génération a grandi et l’industrie de la musique a évolué. Remplacé par le rap, le reggaeton et l’électro, le rock adolescent a vu son influence diminuer à partir des années 2010. À l’instar des décennies précédentes, ses codes sont devenus obsolètes. Les années MTV Pulse ont disparu, et certains groupes vont se disloquer.
D’autres vont opérer une transition vers de nouveaux styles musicaux. On pense à Maroon 5, The Killers ou encore Simple Plan, des groupes originellement plus lisses, formés entre la fin des années 1990 et le début des années 2000. Du rock, les musiciens passent à la pop, n’hésitant pas à multiplier les featurings avec des artistes comme Christina Aguilera, Cardi B ou Sean Paul, mais aussi à s’orienter vers des sonorités plus électroniques. D’autres, comme Travis Barker, le batteur de Blink-182, vont opérer un virage plus net, en se rapprochant du hip-hop via la production d’un ancien rockeur devenu rappeur, Machine Gun Kelly.
Pour espérer remplir des stades, certains groupes vont aussi s’organiser. C’est le cas de Green Day, Fall Out Boy et Weezer durant le Hella Mega Tour, une tournée mondiale à guichet fermé qui prouve cependant que, pour durer aujourd’hui, les pionniers du genre doivent se rassembler et jouer la carte de la nostalgie.
Le teenage rock est mort, vive le teenage rock !
Certains artistes ne vont cependant pas échapper au recul du rock adolescent. Les ventes de disques vont devenir moins fructueuses et leur place sur la scène internationale moins importante. On peut par exemple citer le cas d’Avril Lavigne, pointée par la presse spécialisée, en 2014, à l’occasion de la sortie de son album éponyme.
La faute à un genre trop figé dans le temps ? Peut-être. Cela signifie-t-il pour autant que le rock adolescent a disparu ? Si son image et sa place ne sont plus les mêmes, le genre demeure un élément phare de la pop culture, tant pour les différents médiums qu’il a touchés que pour la place qu’occupait MTV dans les années 2000. Par ailleurs, certains codes ne semblent pas avoir complètement disparu, étant donné l’aspect cyclique de la musique.
Lorsque l’on écoute Good 4 You (2021) d’Olivia Rodrigo ou Måneskin, difficile de ne pas penser à Avril Lavigne, aux influences de Tatu, et à tous les groupes de rock d’une génération. Par ailleurs, et malgré une présence moins notable aujourd’hui, le genre peut compter sur ses fans d’autrefois, devenus adultes, pour le pérenniser et écouter en boucle In Too Deep (2001), Boulevard of Broken Dreams (2004), et tant d’autres tubes.Un souvenir nostalgique qui prouve que le rock des années 2000 n’est pas totalement mort !