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Intelligence artificielle : de nombreuses expérimentations au sein de l’État

02 septembre 2022
Par Kesso Diallo
L'intelligence artificielle est déployée dans plusieurs domaines à titre expérimental.
L'intelligence artificielle est déployée dans plusieurs domaines à titre expérimental. ©metamorworks / Shutterstock

Dans un rapport, le Conseil de l’État répertorie les expérimentations de systèmes d’intelligence artificielle par les pouvoirs publics. Il estime cependant que le potentiel de ces derniers est encore sous-exploité.

L’intelligence artificielle (IA) est utilisée dans plusieurs domaines de l’action publique. C’est ce que montre un rapport du Conseil d’État publié le 30 août. Elle y répertorie de nombreuses utilisations de systèmes d’IA (SIA) qui sont loin de se limiter à la reconnaissance faciale.

Parmi les cas d’usage mentionnés, les SIA permettent notamment d’automatiser des tâches répétitives ou fastidieuses. Dans le domaine de la justice, des outils permettent de pseudonymiser les décisions juridictionnelles rendues publiques. Autrement dit, le but est d’automatiser la suppression des éléments servant à identifier les personnes mentionnées dans les décisions pour faciliter leur mise à disposition du public. Les chatbots ou agents conversationnels sont aussi devenus très courants, étant accessibles tous les jours et à toute heure pour répondre aux questions des usagers de la Caisse nationale des allocations familiales par exemple.

L’IA pour aider les agents à prendre des décisions

Les SIA exploités sont souvent des systèmes d’aide à la décision publique, réalisant une partie du travail d’un agent. Ils permettent, entre autres, de gérer des phénomènes économiques, sociaux, environnementaux ou culturels complexes. La région Occitanie simule ainsi l’évolution du niveau des nappes phréatiques en tension afin de prévenir les risques naturels.  Ils sont aussi un moyen d’anticiper des situations. Le service départemental d’incendie et de secours du Doubs se sert d’un SIA baptisé PredictOps et d’un modèle entraîné sur des données issues de 40 000 interventions effectuées par les sapeurs-pompiers du département pour prévoir jusqu’à trois jours en avance le niveau de sollicitation de son équipe. Pour cela, l’outil PredictOps se base sur de nombreuses variables telles que les données météorologiques, du trafic routier ou encore la qualité de l’air.

Les SIA sont également déployés dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Pour le premier, ils aident, entre autres, au diagnostic en imagerie médicale ou au pilotage des services. Tel est le cas de l’outil en cours de déploiement au centre hospitalier de Valenciennes, dont le but est d’anticiper le nombre de patients qui se rendront aux urgences à un, cinq et dix jours pour ajuster le dimensionnement et la nature du dispositif de prise en charge aux besoins. Pour le second, des outils sont aussi en phase de déploiement pour assister les professeurs, en proposant des exercices personnalisés adaptés au niveau et à la progression des élèves.

Des déploiements souvent expérimentaux

D’un autre côté, le Conseil d’État indique que les activités de contrôle constituent le terrain de déploiement privilégié des SIA, ces derniers occupant « une place importante dans les politiques de lutte contre les infractions et les fraudes » depuis des années. Le ministère chargé de l’Agriculture développe un projet pilote qui s’appuie sur un algorithme d’exploration et de traitement des commentaires des consommateurs sur Internet dans le but d’identifier les établissements à risque sanitaire potentiel et appuyer les services vétérinaires dans la programmation de leurs contrôles.

Servant à détecter les menaces et les infractions, les SIA peuvent être déployés en ligne pour identifier des comportements suspects en exploitant des flux de données échangés publiquement. Ils sont aussi utilisés pour en détecter dans le monde réel, avec la reconnaissance biométrique pour prévenir les troubles à l’ordre public et identifier les suspects.

Malgré ces nombreux exemples – une centaine – le Conseil d’État déplore le fait que la plupart soient des expérimentations : « L’IA ne se déploie encore que très progressivement dans les services publics et souvent de façon expérimentale (…) Mais en s’engageant résolument dans l’intelligence artificielle, ses possibles bénéfices sur la qualité du service public seraient nombreux : amélioration de la continuité du service public 24h/24, de la pertinence de décisions et prestations délivrées ou de l’égalité de traitement, réduction des délais d’examen des demandes des usagers… ». Pour le Conseil, le potentiel des SIA est encore très largement sous-exploité dans la sphère publique.

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste