Les robots finiront-ils vraiment par nous remplacer dans tous les domaines ? Cette question commence également à se poser pour les artistes.
La création d’œuvres d’art par des robots n’est pas une idée nouvelle, mais il avait toujours été admis que la créativité serait le propre des êtres humains. Cela pourrait-il changer ? Jason Allen, s’aidant de l’intelligence artificielle génératrice d’images Midjourney, a créé « Théâtre d’opéra spatial » et gagné le concours de dessin — catégorie art numérique — de la foire d’exposition du Colorado, aux États-Unis, la semaine dernière. Une victoire qui a déclenché une controverse parmi les artistes sur les réseaux sociaux.
Le gagnant assume sa démarche
Si l’œuvre a pu devenir virale sur les réseaux sociaux, c’est parce que Jason Allen était particulièrement fier de sa victoire et l’a partagée sur l’application de discussion Discord en expliquant sa démarche de création : « J’ai exploré un prompt spécial que je publierai à une date ultérieure, j’ai créé des centaines d’images à partir de ça, et après plusieurs semaines de peaufinage et de sélection, j’ai choisi mon top 3 et je les ai imprimés sur des toiles après les avoir améliorés avec Gigapixel AI ».
Il ne manqua pas d’aplomb face aux nombreuses critiques qui affirment qu’il n’est pas un véritable artiste : « Je savais que ça serait controversé. Comme c’est intéressant de voir que tous ces gens sur Twitter qui critiquent l’art généré par IA sont les premiers à discréditer le facteur humain ! » En lui disant que taper des mots-clés dans une application ne faisait pas de lui un véritable artiste, Jason Allen alla même jusqu’à considérer ses détracteurs comme des « hypocrites ».
Une inquiétude bien au-delà du concours de dessin
Si les illustrateurs s’émeuvent autant de cette victoire, c’est par peur d’avoir moins de clients ou d’être obligés de baisser drastiquement leurs tarifs. Un autre exemple, toujours aux États-Unis, est une infolettre du magazine The Atlantic publiée par Charlie Warzel début août, illustrée par un portrait d’Alex Jones généré par Midjourney. Or les magazines font partie des principaux clients des illustrateurs indépendants, à l’instar des nombreuses couvertures du New Yorker réalisées par Jean-Jacques Sempé. Une semaine plus tard, Charlie Warzel a présenté ses excuses dans un autre article, expliquant qu’il voulait juste autre chose qu’une simple photo de banque d’images et que les articles réservés à la publication en ligne ne font jamais l’objet d’une commande d’illustration auprès d’un artiste. Il a conclu la polémique en disant qu’il n’utiliserait plus ce type de technologie à l’avenir.
Quant à Jason Allen, il a déclaré que sa victoire au concours de dessin lui avait « donné du courage » tout en étant assez lucide sur l’avenir de ce type d’œuvre : « Je sais ce que cela va devenir au final, ils vont simplement créer une catégorie « art par intelligence artificielle » pour ces choses-là. »