Disponible depuis début juillet, l’application Patchworld repousse les limites de la créativité musicale en offrant un univers entièrement dédié aux sons. Une sorte de metaverse où on peut même créer ses propres instruments de musique. Nous l’avons testé.
Évasion garantie. Il suffit de chausser son casque Oculus Quest 2, de lancer l’application Patchworld et de monter le son pour oublier spontanément son quotidien. Dévoilé le 8 juillet dernier dans la boutique d’Oculus (Meta), Patchworld est un mix de jeu musical et de réalité virtuelle. Ses cofondateurs, Eduardo Fouilloux et Mélodie Mousset, ont imaginé ce « musicverse » – un metaverse musical – comme la fusion du film d’animation Fantasia de Disney, de l’esprit LEGO et de Pink Floyd. LEGO pour la simplicité d’utilisation, mais qui laisse place à la créativité. Et Pink Floyd pour leur passion de l’exploration sonore électronique et pour leur univers personnel très original.
Résultat : des paysages sonores surréalistes, un maître de cérémonie psychédélique et une application qui s’adresse aussi bien au professionnel de la musique qui cherche à libérer sa créativité qu’au débutant qui veut expérimenter les sons grâce à la réalité virtuelle. « Patchwork est le premier outil en création immersive dédié à la musique et aux sons dans le Metaverse« , explique Mélodie Mousset, artiste plasticienne qui a supervisé l’aspect créatif de ce musicverse.
Un univers musical aussi délirant que séduisant
Patchworld fait un peu figure d’ovni. D’emblée, l’atmosphère de cet univers est plantée par l’entremise de l’hôte des lieux. Ce guide, cet initiateur, n’est autre que le grand MC Patchee Patch. Avec sa figure aux airs cubistes, sa voix zozotante légèrement éraillée et ses bras faits d’arcs électriques, il ne laisse pas indifférent. Il vient nous expliquer les grands principes de cet univers et nous enseigner le fonctionnement de quelques instruments. Et gare à celles et ceux qui ne lui obéiraient pas ! Il mène tout son petit monde à la baguette. Littéralement.
Un poil dominateur, on se surprend à lui répondre bien docilement et à hocher la tête quand il nous lance : « Je compte sur toi, tu ne touches pas aux instruments pendant que je t’explique leur fonctionnement, sinon il faudra tout recommencer. » Ça file doux dans l’univers de Patchworld ! Mais il a raison : mieux vaut être concentré pour comprendre les tenants et aboutissants de chaque outil et maîtriser tout le potentiel de ces OMNI (objets musicaux non identifiés).
On se retrouve ensuite à taper frénétiquement sur une sorte de gros oursin qui s’ouvre comme une fleur. À faire de la musique avec une saucisse, un canard en caoutchouc ou une poêle à frire. Voire à créer des bulles de son et à jouer avec des gouttes de pluie. Ce grand n’importe quoi ludique incite à la créativité… et se révèle super efficace pour imaginer de nouveaux sons et musiques.
Un jeu en quelque sorte “auto-créé”
L’application a cela de particulier que toute la mécanique utilisée est la même qui a servi à créer Patchworld lui-même. Surtout, outre trois univers – club, sous l’eau, dans un désert –, l’application prévoit la possibilité de concevoir son propre monde. Et même de construire de nouveaux instruments de A à Z et en 3D. À l’heure actuelle, cette option n’est encore qu’en démonstration, elle ne sera active que lors d’une prochaine mise à jour. Mais cette idée de pouvoir forger un monde ou un instrument de musique directement depuis son casque de réalité virtuelle est très alléchante.
Patchworld a même pensé à la possibilité pour un artiste de revendre son instrument et de choisir de partager, ou non, l’univers qu’il aura créé. C’est la prochaine grande étape pour l’application : devenir réellement multijoueur et proposer la collaboration artistique, avec des proches ou des inconnus. Et, pourquoi pas, l’organisation de véritables rave parties virtuelles psychédéliques. Un festival Burning Man, mais depuis son canapé, en quelque sorte.
Sur l’espace de discussion Discord créé par Patchworld, la communauté musicale semble en tout cas très en attente de toutes ces évolutions, qui pourraient bouleverser la création artistique telle qu’on la connaît aujourd’hui. Avec ceci en plus qu’il n’est pas réellement nécessaire de maîtriser un instrument spécifique (guitare, piano…), mais plutôt de se laisser aller dans le flow créatif de l’application. En oubliant solfège et lignes de code.