Une étude réalisée sur 40 000 personnes durant six semaines démontre que le fait de jouer longtemps (ou non) n’a pas de conséquence sur notre santé mentale.
Tantôt nocive, tantôt bénéfique, la pratique du gaming est au cœur des débats. Les jeux vidéo sont souvent pointés du doigt et accusés d’affecter la santé mentale des joueurs. Ces derniers réfutent ces accusations en assurant qu’ils leur apportent du bonheur. En 2020, une enquête menée par l’Oxford Internet Insitute affirmait que les personnes qui jouent plus longtemps aux jeux vidéo seraient plus heureuses. Deux ans plus tard, cette même université a mené la plus grande enquête à ce jour dans le domaine. Les conclusions sont claires : le fait de jouer aux jeux vidéo n’aurait aucun impact sur le bien-être des joueurs.
40 000 participants, six semaines d’enquête, sept jeux étudiés
Pour cette étude, les chercheurs ont vu les choses en grand. Durant six semaines, ils ont analysé le comportement de 40 000 joueurs âgés de plus de 18 ans. Ils ne se sont pas simplement appuyés sur leur déclaration, mais ont examiné leur manière de jouer et les ont interrogés sur leurs émotions dans la vie quotidienne : niveau de bonheur, de colère, de frustration, de tristesse… Ils ont également collaboré avec sept éditeurs, et se sont appuyés sur les données qu’ils leur ont fournies. Animal Crossing : New Horizons, Gran Turismo Sport, The Crew 2, Apex Legends… Les participants ont joué à sept titres très variés, allant de la simulation à des jeux de course.
Le professeur associé et chargé de recherche de l’Oxford Internet Institute, Andy Przybylski, a dévoilé les résultats de l’étude le 27 juillet. Il affirme dans un communiqué que les scientifiques n’ont trouvé « aucun lien de cause à effet » entre les jeux et une bonne ou mauvaise santé mentale. « En bien ou en mal, les effets moyens [des jeux vidéo, ndlr] sur le bien-être des joueurs sont probablement très faibles, et d’autres données sont nécessaires pour déterminer les risques potentiels », analyse-t-il.
Jouer longtemps, oui, mais seulement par envie
L’étude vise aussi à remettre en question certaines décisions d’encadrement de la pratique du gaming dans certains pays. En Chine, les enfants ne peuvent jouer qu’une heure par jour, et uniquement les vendredis, week-ends et jours fériés. Andy Przybylski précise qu’il s’agit d’une étude fondamentale et que les chercheurs ne se sont « même pas intéressés à ce que font les gens lorsqu’ils jouent, nous ne créons pas d’expérience. Et pourtant, même sans ces données, des pays adoptent des ordonnances, dans le cas du Japon, ou des lois, dans le cas de la Chine, qui interdisent ou limitent les jeux vidéo. En prenant les explications au pied de la lettre, ces mesures sont censées améliorer la santé mentale des jeunes. Il n’y a aucune preuve de leur efficacité. »
Les scientifiques admettent néanmoins qu’une pratique extrême du jeu vidéo pourrait remettre en question ces résultats. En effet, augmenter le temps de jeu de dix heures par jour par rapport à sa consommation habituelle pourrait affecter le bien-être du joueur de façon positive ou négative. L’enquête s’intéresse aussi à la « qualité » du moment. « Si les joueurs se sentaient obligés de jouer, ils se sentaient moins bien. S’ils jouaient parce qu’ils aimaient ça, les données ne suggèrent pas que cela affecte leur santé mentale. Cela semblait leur donner un fort sentiment positif. » En d’autres termes : pour se sentir bien, il faut jouer par envie et non pas par obligation ou pour répondre à une certaine dépendance.