L’immense acteur français Jean-Louis Trintignant est mort vendredi dernier à l’âge de 91 ans, après avoir tourné dans plus de 140 films, brillant aussi bien dans des seconds que dans de premiers rôles. Au cours de sa longue et prolifique carrière, Jean-Louis Trintignant a côtoyé les plus grands cinéastes et les meilleurs acteurs et actrices de sa génération.
Retour sur cinq rôles clés au sein d’une immense filmographie.
1Un homme et une femme de Claude Lelouch, 1966
Chef-d’oeuvre de Claude Lelouch, lauréat de la Palme d’Or du Festival de Cannes en 1966 et Oscar du meilleur film étranger, Un homme et une femme marquel’histoire d’amour mythique entre deux jeunes veufs, Anne et Jean-Louis, et a donné naissance à l’un des plus célèbres couples de cinéma : Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée. Trintignant et Aimée dans leur Ford Mustang (Jean-Louis Trintignant était lui-même féru de course automobile) filant avec insouciance sur les plages normandes, le tout sur la musique culte de Francis Lai, inoubliable.
2Z de Costa-Gavras, 1969
Adaptation du roman éponyme de Vassílis Vassilikós revenant sur l’assassinat du député grec Grigóris Lambrákis en 1963, Z est un brûlant réquisitoire contre la dictature des colonels instaurée en Grèce en 1967. Jean-Louis Trintignant y incarne le juge d’instruction en charge de l’affaire, et Yves Montand le député d’opposition dont on déguise l’assassinat. Trintignant obtiendra le prix d’interprétation à Cannes pour son rôle, et le film sera couronné de l’Oscar du meilleur film étranger en 1970.
3Le Conformiste de Bernardo Bertolucci, 1970
Jean-Louis Trintignant a tourné une trentaine de films pour le cinéma italien, comme Le Fanfaron (1962) de Dino Risi. L’un de ses plus grands rôles en italien demeure Le Conformiste de Bernardo Bertolucci (1900, Le Dernier Tango à Paris), adapté du roman éponyme d’Alberto Moravia. Trintignant y incarne un parfait antihéros, un homme se glissant dans le conformisme de son époque et adhérant progressivement au fascisme afin d’échapper à un souvenir traumatique. Intégré à la police secrète de Mussolini, ce dernier est chargé d’assassiner son ancien professeur de philosophie. « Certainement le plus beau film auquel j’ai participé », déclarera l’acteur.
4Le Grand Silence de Sergio Corbucci, 1968
Autre grand film de la période italienne de l’acteur, récemment ressorti au cinéma dans une version restaurée en 4K, Le Grand Silence de Sergio Corbucci, soit l’unique western dans la filmographie de Jean-Louis Trintignant, et pas des moindres. Un western enneigé, violent et pessimiste, détournant les codes du western spaghetti, sublimé par la musique d’Ennio Morricone. Trintignant y fait parler son charisme, son personnage de pistolero muet ne prononçant pas un mot de tout le film. L’acteur français est opposé à un chasseur de primes sans pitié incarné par l’acteur allemand Klaus Kinski. Un sommet du genre qui inspirera, entre autres, Quentin Tarantino pour un autre western enneigé : Les Huit Salopards (2015).
5 Amour de Michael Haneke, 2012
Sans doute le dernier grand rôle (et l’un des plus bouleversants) de Jean-Louis Trintignant, donnant ici la réplique à Emmanuelle Riva (décédée en 2017) dans un huis clos glaçant. Jean-Louis Trintignant acceptera ensuite de jouer dans Happy End, du même réalisateur, avant que Claude Lelouch ne lui offre, pour ce qui sera son dernier rôle, de nouvelles retrouvailles avec Anouk Aimée dans Les plus belles années d’une vie (2019). Amour sera couvert d’éloges, recevant notamment la Palme d’or au Festival de Cannes, ainsi que l’Oscar du meilleur film étranger et pas moins de cinq Césars.
