Le Canon G1X est le premier compact à zoom intégré disposant d’un capteur équivalent à celui des gros reflex. Une très bonne surprise !
L’apparition des hybrides a ouvert la voie à un nouveau genre d’appareil photo : les compacts, intégrant des capteurs de grande taille, dont les performances se rapprochent de celles des reflex. Nous allons voir que le Canon PowerShot G1X est un peu à la croisée des deux genres :
Quel est l’avantage comparatif du G1X par rapport aux hybrides classiques ?
La particularité du nouveau Canon est d’embarquer un capteur quasi identique en taille aux reflex APS-C (types EOS 600D ou 7D, voir schéma ci-dessous), mais dans une vraie orientation compacte (objectif non interchangeable, zoom optique & taille réduite) qui est le premier du genre en photo.
Nous avons déjà abordé plusieurs fois les bénéfices de disposer d’un capteur de grande taille :
- Meilleure sensibilité (photo plus nette en basse lumière même sans flash)
- Meilleur étalement de la profondeur de champ afin, par exemple, de mettre en valeur un sujet dans son environnement (le cas typique du portrait où l’on souhaite créer un flou esthétique d’arrière plan)
Pourtant aucun hybride, à l’exception des Samsung NX200 et Sony NEX ne bénéficiaient jusqu’à présent d’un capteur de taille équivalente à celle des reflex APS-C. Que ce soit en effet chez Panasonic, Olympus, Nikon ou Pentax, tous avaient fait le choix de capteurs plus petits et donc incapables de reproduire fidèlement le rendu si particulier et si recherché des reflex.
Quoiqu’il en soit les Samsung NX200 et Sony Nex qui partagent, avec le G1X, le privilège de disposer d’un grand capteur, présentent des optiques plus grosses et non rétractables. Quant aux compacts à capteur reflex tels que les Leica X1, Fuji X100 ou Sigma DP2x, ils n’ont tout simplement pas de zoom !
Le Canon PowerShot G1X représente donc, bel et bien, une innovation importante puisque c’est le premier compact à zoom intégré disposant d’un capteur aux performances comparables à celles d’un reflex.
Du reste cette inovation ne surprendra personne : les Canon G ont toujours été à la pointe de la technologie. Je me rappelle encore avec nostalgie l’apparition du premier G1 il y a 12 ans. Pour la première fois un compact semblait présenter une technicité numérique mature et aboutie. La concurrence était totalement larguée à l’époque. Depuis la donne n’a que très peu changée et, année après année, chaque nouveau G conserve sur le marché photo une aura de premier de la classe rarement contestée (à part peut être le méritant Olympus XZ-1 ou le nouveau Canon S100).
Pas facile donc de classer ce nouveau venu. Clairement un hybride ou un reflex dans sa tête et son coeur, il reste néanmoins (et c’est son objectif affiché) un compact dans sa forme!
Voici l’essentiel de sa fiche technique (déjà exposée dans le post de Daniel Rocha ici) :
– Capteur CMOS 14,3Mp (18,7x14mm), format 4/3 (ratio 3/2, 1/1 & 16/9 disponibles)
– Viseur optique
– Objectif 28/112mm f/2,8 – f/5,8 (3 lentilles asphériques dont 2 UA)
– Processeur DIGIC 5
– Fichiers JPEG et RAW
– Vidéo Full HD 24im/sec / .mov / Codec H264 / Son stéréo / zoom progressif exclusif
– Boîtier en aluminium avec châssis en acier inoxydable
– Écran orientable 920.000p
– Modes HDR / filtre neutre ND (3 vitesses) / filtres créatifs
– Capacité d’enregistrement (SDHC 8Go) : 2351 photos (JPEG Fine) ou 29’15 » de vidéos.
Commentaires :
On retrouve avec plaisir le Digic 5 qui a déjà fait ses preuves sur l’excellent bridge SX40HS.
Le mode HDR permet d’augmenter la dynamique de l’image. Afin d’améliorer donc la restitution des détails dans les parties très claires et très sombres de l’image, l’appareil réalisant alors 3 photos successive avec 3 réglages différents. Ce mode ne marche donc correctement que si l’appareil est posé sur trépied.
Le viseur optique, quoique que malheureusement petit et moins précis que l’écran, est une aide utile pour cadrer en extérieur quand on ne voit plus rien sur l’écran. Tous les compacts devraient disposer d’un tel viseur !
L’écran orientable est indispensable pour la vidéo et bien pratique parfois pour la photo.
En mode vidéo, la course du zoom s’adapte et devient plus douce et précise. Un confort très appréciable pour filmer. La mise au point, elle, bien qu’un peu lente dans ce mode, s’abstient de faire les aller-retour hésitants et crispants si souvent rencontrés chez la concurrence. Un bon point aussi pour le son : il est bien restitué même dans des conditions difficiles (type concert).
Le boîtier est costaud et la finition est exemplaire.
Le menu est simple à lire et ne s’embarrasse pas de gadgets inutiles :
Chaque paramètre important (mode PASM, ISO, correction d’expo) possède également sa propre touche dédiée accessible directement depuis le boîtier. La touche « étoile » permet aussi de déplacer les réglages rapidement et efficacement (pour passer, par ex, de « f/4 – 1/125sec » à « f/8 – 1/500sec » rapidement).
Il est étonnant ici de constater d’ailleurs que ce sont souvent les appareils photo haut de gamme et plus cher qui pensent à simplifier la vie de leur utilisateur. J’avoue n’avoir eu aucun mal à utiliser ce G1X, alors que les menus tactiles des petits compacts amateurs moins chers me paraissent bien plus ésotériques. Parfois le marketing a ses raisons que la raison ne connaît pas.
Bref, un appareil que l’on tient bien en main, intelligent, simple, évolutif et complet.
Passons aux tests photo maintenant !
Pour cette série de tests l’appareil est utilisé sur trépied, la balance des blancs réglée en automatique, le diaphragme calé à f/8, la focale positionnée à la moitié du zoom environ, le mode M et le format JPEG sélectionnés.
Le sujet photographié est un tableau posé face à l’appareil et éclairé par la seule lumière frontale d’une grande fenêtre.
Précisions importantes: les photos et commentaires présentés ne sauraient remplacer l’expertise du Labo Fnac disposant, lui, d’outils et de procédures beaucoup plus rigoureux et impartiaux que les miens !
De plus mes tests sont incomplets : ils ne traduisent pas l’ensemble des comportements et potentiels propre au G1X (par exemple la dynamique en extérieur, la rapidité au déclenchement, les qualités du zoom aux extrêmes, la dégradation ou non de netteté aux différentes valeurs de diaphragme, ou bien encore le rendu « bokeh » aux grandes ouvertures).
Ces photos représentent un instantané de ce que l’appareil est capable de produire dans les conditions d’éclairage et de prise de vue qui sont celles au moment du test. Dernière précision : pour la pertinence des comparaisons, une partie du tableau est recadrée et agrandie fortement afin d’apprécier au mieux le rendu des valeurs (netteté, grains & détails).
Le résultat est sans appel : la qualité d’image est étonnante jusqu’à 1600 ISO, et excellente jusqu’à 3200 ! Le rendu est agréable sans granulation excessive et ceci même dans les fines structures de l’image. A 6400, le grain apparaît mais reste peu coloré et il faut atteindre 12800 ISO pour que la qualité se dégrade réellement.
Disposant d’un Nikon D700 associé à une excellente optique 1.8/85mm, j’ai difficilement résisté à l’envie de comparer ce poids lourd du reflex haut de gamme avec le petit compact Canon (même si la comparaison est un peu limite sachant que le D700 équipé du 85mm est 3.5 fois plus cher que le G1X!):
Les résulats sont étonnants : le Canon conserve une netteté visuelle, un microcontraste et un rendu des détails quasi équivalent au D700 jusqu’à 800 ISO. Au delà le reflex reprend la main mais quelle bonne tenue pour ce G1X!
Et même si le lissage du Canon est un peu plus marqué (mais à peine) que sur un reflex haut de gamme, l’image conserve malgré tout du détail dans les parties essentielles, là où justement le regard va aller chercher de l’info (les yeux du modèle, la bouche et les cheveux).
Les fines rayures noires dans la chevelure sont ainsi très bien restituées et, au final, l’impression de netteté globale est meilleure que sur bon nombre d’hybrides (Sony Nex compris). Un résultat impressionnant pour un compact !
Le travail combiné de l’optique, d’un capteur de grande taille et du DIGIC 5 fait donc ici des merveilles.
Ce G1X écrase en définitive la concurrence hybride sur tous les plans (netteté visuelle & granulation). Seul le Sony Nex 5n, aux hautes sensibilités, garde une bonne deuxième place mais est pénalisé par son mode de fonctionnement plus compliqué et son optique plus grosse et moins performante. A ce sujet l’optique du G1X, testée en extérieur sur des sujets pièges (contours d’arbres dénudés sur fond de ciel blanc), ne présente aucune trace d’aberrations chromatiques ou de vignetage. Un bon point à mettre du côté de l’électronique ?
Canon a fait le choix d’un appareil APS-C à objectif non interchangeable, dont la mission première est d’aller chasser sur le terrain des hybrides classiques. Un choix à contre-courant du marché actuel.
Un choix qui se révèle pratique et aussi pragmatique : beaucoup d’usagers de ce type de compacts n’investissant jamais dans un autre optique que celle fournie d’origine.
L’appareil n’est pas parfait bien sûr :
– Son viseur est moins bon que celui équipant le Fuji X100 (un must en la matière mais qui, lui, ne dispose pas de zoom et présente une interface et une logique de fonctionnement bien plus alambiquées).
– La macro est un peu décevante (seulement 20cm mais c’est classique avec ce type de capteur).
– Enfin son AF est encore un poil trop lent en vidéo (tout comme la concurrence d’ailleurs qui fait souvent bien pire dans ce domaine).
Pourtant au delà de tous ces (petits) défauts, le Canon G1X est tout simplement le compact le plus performant du moment, meilleur que tous les hybrides, arrivant même à aller défier des reflex plus gros et plus chers que lui.
Une véritable aubaine pour quiconque souhaite s’équiper léger sans renier les exigences qui sont celles des photographes ambitieux. Un pari finalement réussi qui augure de beaux lendemains quant à l’avenir du compact numérique haut de gamme. En cela, le G1X ouvre le chapitre d’une nouvelle histoire dont nous avons hâte de voir se dérouler les prochains épisodes.
La concurrence n’a qu’à bien se tenir. Les Canon G prouvent qu’ils ont là encore beaucoup de choses à raconter et qu’ils constituent, depuis 12 ans déjà, l’une des aventures technologiques les plus abouties dans l’histoire du compact numérique.