Razer revient sur le devant de la scène PlayStation avec une manette résolument tournée vers la compétition. Sticks TMR, clics de souris et légèreté sont au programme de cette Raiju V3 Pro qui délaisse l’immersion pour la précision.
En résumé
La Razer Raiju V3 Pro est une manette d’exception qui cible une niche très précise. Elle s’adresse avant tout aux joueurs compétitifs sur PS5 et PC, qui privilégient la réactivité et la précision à tout le reste. De ce point de vue, Razer a parfaitement réussi son coup, car avec ses sticks TMR inusables, ses boutons mécaniques ultra-rapides et son ergonomie soignée, cette manette est une arme redoutable pour le multijoueur. Cependant, son tarif la place en concurrence directe avec la DualSense Edge de Sony. La Razer la surpasse sur le plan technique en matière de sticks et d’autonomie. En revanche, si vous êtes un joueur « hybride » qui aime alterner entre compétition et jeux narratifs solos, l’absence de vibrations et de retours haptiques pourrait vous gêner.
Note technique
Les plus et les moins
- Sticks TMR ultra-précis et immunisés contre le drift
- Boutons et gâchettes à micro-switchs très réactifs
- 6 boutons supplémentaires configurables et ergonomiques
- Vraiment légère
- Personnalisation directement depuis l'application mobile
- L’autonomie très correcte, et supérieure à la DualSense Edge
- Absence totale de vibrations et de retours haptiques (licence Sony)
- Pas de gâchettes adaptatives
- Sensation un peu "creuse" et plastique due à la légèreté
- Pas de support Bluetooth, dongle obligatoire
Dans le petit monde des manettes pour PS5, il y a des produits qui cherchent à tout faire, et d’autres qui choisissent leur camp avec une détermination presque militaire. Avec sa Raiju V3 Pro sur laquelle nous nous penchons ici, Razer a clairement choisi son camp. La nouvelle venue appartient indubitablement à la seconde catégorie. Cette réponse directe à la DualSense Edge de Sony et à la Victrix Pro BFG Reloaded (récemment testée dans nos colonnes) propose ici une vision radicale de ce que doit être un tel périphérique de jeu en 2025.
Ce contrôleur haut de gamme, compatible PS5 et PC, affiche une fiche technique agressive, qui comprend des sticks à technologie TMR, des boutons à micro-switches mécaniques et une connectivité sans fil 2,4 GHz grâce au dongle USB. Vous l’aurez compris, la manette est positionnée comme un outil de précision pour les joueurs qui ne jurent que par le ratio K/D. Le tout à un tarif de lancement qui ne la met pas à la portée de toutes les bourses.


L’ergonomie et le design
Dès la sortie de boîte, la première chose qui frappe lorsque l’on saisit la Raiju V3 Pro, c’est sa légèreté. Avec seulement 258 grammes sur la balance, elle se montre plus légère que la DualSense officielle et même que la version filaire de certains concurrents. Cette plume s’explique par un choix technique drastique sur lequel nous reviendrons, mais elle confère à la manette une maniabilité immédiate qui soulage les poignets lors des longues sessions.

Côté esthétique, Razer fait dans la sobriété, pour ne pas dire l’austérité. Disponible en noir ou en blanc, la manette arbore une finition plastique mate texturée qui, si elle assure une bonne préhension, manque peut-être un peu de ce cachet « luxe » que l’on est en droit d’attendre à ce niveau de prix. Les poignées sont recouvertes d’un grip caoutchouté très efficace, qui accroche bien la paume sans devenir désagréable, même avec les mains moites.

L’agencement général respecte l’ADN PlayStation avec des sticks symétriques. On retrouve le pavé tactile central complet, le bouton PlayStation (qui fait un peu « plastique » basique) et les touches de menu habituelles. Razer a cependant ajouté sa touche personnelle avec six boutons supplémentaires : deux « bumpers » (M1/M2) situés sur la tranche supérieure, près des gâchettes, et quatre palettes (M3 à M6) au dos.

Un détail de conception nous a fait tiquer : le port USB-C sur le dessus est entouré d’un capuchon en plastique proéminent. Si cela permet probablement de sécuriser le câble officiel fourni, cela donne un aspect un peu étrange à la connectique et pourrait limiter l’utilisation de certains câbles tiers trop épais.

C’est sans doute l’argument massue de cette Raiju V3 Pro : l’intégration de sticks analogiques basés sur la technologie TMR (Tunnel Magneto Resistance). Si vous pensiez que l’effet Hall était le summum pour éviter le « drift » (cette dérive du curseur qui survient avec l’usure), le TMR va encore plus loin.
Cette technologie utilise des capteurs électromagnétiques de pointe qui consomment moins d’énergie et offrent une précision théoriquement supérieure à l’effet Hall. À l’usage, le ressenti est effectivement bluffant. La fluidité des sticks est totale, et la zone morte centrale semble inexistante. Sur des jeux exigeants comme Call of Duty ou Cyberpunk 2077, la visée se fait avec une finesse chirurgicale, permettant des micro-ajustements que les sticks potentiométriques classiques peinent à retranscrire.

Razer fournit d’ailleurs deux capuchons supplémentaires dans la mallette de transport : un modèle haut (concave) pour gagner en précision sur le stick de visée, et un modèle dômé court. Le changement se fait en tirant simplement dessus, un système classique mais efficace.
À l’usage
Si vous aimez le silence, passez votre chemin. Razer a appliqué sa philosophie « Mecha-Tactile » à l’ensemble des boutons de la manette. Les touches d’action (Croix, Rond, Carré, Triangle) ne reposent pas sur des membranes en caoutchouc, mais sur des micro-switchs similaires à ceux d’une souris gaming. Le résultat ? Une course d’activation ultra-courte et un clic sec, audible et immédiat.

La réactivité est excellente. Dans les jeux de combat ou les beat ’em up, marteler les touches devient moins fatiguant et plus rapide. Cette sensation de clic se retrouve sur la croix directionnelle (D-Pad) flottante à huit directions. Si certains pourront la trouver un peu « flottante » ou glissante sous le pouce, elle excelle pour les quarts de cercle dans les jeux de baston grâce à ses diagonales bien marquées.
Les gâchettes (L2/R2) bénéficient elles aussi d’un traitement de faveur avec le système « HyperTriggers ». Deux loquets au dos de la manette permettent de basculer physiquement entre une course longue analogique (basée sur des capteurs à effet Hall) et une course ultra-courte.
En mode court, la gâchette se transforme en simple bouton avec un clic instantané. C’est redoutable sur les FPS pour tirer plus vite que son ombre. En mode long, la progressivité est bien gérée pour les jeux de course, même si la résistance nous a paru est brin trop légère et linéaire.
Sur le terrain de la performance pure, la Raiju V3 Pro ne déçoit pas. La connexion sans fil 2,4 GHz grâce au dongle USB (Razer HyperSpeed) s’est montrée d’une stabilité exemplaire durant nos tests, sans aucune latence perceptible.

Pour les joueurs PC, la manette peut monter jusqu’à un taux d’interrogation (polling rate) de 2 000 Hz en filaire. Sur PS5, la console bride malheureusement ce taux à 250 Hz, une limitation technique inhérente à la machine de Sony et non imputable à Razer. Néanmoins, la combinaison des switchs mécaniques et de la connexion rapide offre une sensation de réactivité supérieure à la manette standard.
Passons maintenant à l’éléphant dans la pièce pour les joueurs PS5. En raison des restrictions de licence imposées par Sony aux constructeurs tiers, la Razer Raiju V3 Pro est totalement dépourvue des fonctionnalités immersives de la DualSense. Concrètement, cela signifie qu’il n’y pas de retours haptiques, pas de gâchettes adaptatives qui résistent sous le doigt, et, pire encore, pas de vibrations du tout. En fait, la manette ne contient aucun moteur de vibration. C’est certes ce qui lui permet d’afficher un superbe poids plume sur la balance. Toutefois, il est assez étrange au début de tenir une manette à ce prix sans l’ombre d’une vibration.
Sur des jeux compétitifs (Call of Duty, Apex Legends), ce n’est pas un problème, car la plupart des joueurs pros désactivent les vibrations pour ne pas être gênés. En revanche, pour une partie solo sur The Last of Us, God of War ou Spider-Man, l’expérience perd considérablement en saveur. C’est un compromis qu’il faut accepter en toute connaissance de cause : on achète cette manette pour la performance pure, pas pour le spectacle sensoriel.
Le logiciel
Là où la concurrence impose souvent de passer par un PC pour les réglages, Razer a eu la bonne idée de rendre sa Raiju V3 Pro configurable depuis une application mobile (iOS et Android) connectée en Bluetooth. C’est un vrai plus pour les joueurs console qui n’ont pas d’ordinateur à portée de main.
L’application permet de tout régler, de la réattribution des six boutons supplémentaires à l’ajustement des courbes de sensibilité des sticks en passant par le réglage des zones mortes, et même l’intensité de la LED d’état. On peut stocker plusieurs profils directement dans la mémoire interne de la manette.

Sur le plan matériel, Razer propose une fonctionnalité intéressante concernant les quatre boutons arrière. Si leur placement ne vous convient pas ou si vous appuyez dessus par mégarde (ce qui peut arriver vu leur sensibilité), il est possible de les dévisser et de les retirer complètement à l’aide d’un petit tournevis fourni. Des caches en plastique viennent alors combler les trous pour retrouver un dos lisse. Une petite attention très louable.
L’autonomie
Concernant l’autonomie, en usage intensif, la batterie tient autour d’une vingtaine d’heures, en fonction du type de connexion et l’intensité du jeu. On est certes loin de la promesse de 36 heures, mais cela reste très supérieur à la médiocre autonomie de la DualSense Edge. Et surtout, cela permet de ne pas avoir à la recharger tous les jours, même pour les gros joueurs.
Conclusion
La Razer Raiju V3 Pro est une manette d’exception qui cible une niche très précise. Elle s’adresse avant tout aux joueurs compétitifs sur PS5 et PC, qui privilégient la réactivité et la précision à tout le reste. De ce point de vue, Razer a parfaitement réussi son coup, car avec ses sticks TMR inusables, ses boutons mécaniques ultra-rapides et son ergonomie soignée, cette manette est une arme redoutable pour le multijoueur. Cependant, son tarif la place en concurrence directe avec la DualSense Edge de Sony. La Razer la surpasse sur le plan technique en matière de sticks et d’autonomie. En revanche, si vous êtes un joueur « hybride » qui aime alterner entre compétition et jeux narratifs solos, l’absence de vibrations et de retours haptiques pourrait vous gêner.