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Test du DJI Romo P : que vaut le premier aspirateur robot du roi des drones ?

15 novembre 2025
Par Sofian Nouira
Test du DJI Romo P : que vaut le premier aspirateur robot du roi des drones ?
©DJI

Avec la gamme Romo, DJI fait ses débuts dans l’univers des aspirateurs robots. Mais s’il domine sans partage les airs avec ses drones, le constructeur va devoir faire face à une concurrence autrement plus féroce au ras du sol. Nous testons ici le modèle le plus huppé de la gamme, le Romo P.

En résumé

Le Romo P n’est pas une simple copie de la concurrence. Pour son premier essai sur le marché des aspirateurs robots, DJI signe une entrée très remarquée, qui tourne même à la démonstration de force en matière de design. Même si ce dernier restera toujours clivant. L’expertise du fabricant de drones en matière de capteurs, de navigation et d’IA, acquise dans les airs, se transfère avec une efficacité impressionnante au sol. La précision de sa navigation et, surtout, sa capacité à éviter les obstacles sont un nouveau standard. L’appareil est puissant, doté d’innovations bien pensées (les bras extensibles) et d’une base très complète. Mais l’ensemble n’est pas sans défauts. Ses performances en mode lavage sont mitigées, notamment sur les taches sèches et les liquides, et il se montre étonnamment peu agile face aux seuils de porte et autres petits obstacles. À vous de voir si ces petites contrariétés l’emportent ou pas sur les qualités par ailleurs réelles de ce produit haut de gamme.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • La navigation et la planification d'itinéraire héritées des drones
  • La détection d'obstacles, d'une précision redoutable, même sur les petits objets
  • La puissance d'aspiration élevée (25 000 Pa)
  • Les bras extensibles (brosse latérale et serpillère) pour un nettoyage des bords efficace
  • La station complète
  • Le design transparent unique du modèle P
  • Le fonctionnement relativement silencieux
Les moins
  • La gestion des liquides décevante
  • Le soulèvement des serpillères insuffisant pour les tapis à poils hauts
  • La faible capacité de franchissement des seuils de porte
  • Les cartouches de détergent propriétaires et non rechargeables

Nous ne vous apprendrons rien en écrivant que le nom de DJI est indissociable des drones et des stabilisateurs pour caméras. Le fabricant chinois s’est fixé comme la référence absolue de la prise de vue aérienne. Aussi, ce n’est pas sans surprise que nous l’avons vu s’attaquer au marché ultraconcurrentiel des aspirateurs robots, déjà pris d’assaut par des géants comme Roborock, Ecovacs ou Dreame.

Pourtant, DJI débarque avec d’emblée une gamme complète, baptisée Romo. Elle est composée de trois modèles : le Romo S, le Romo A et le Romo P. C’est ce dernier, le Romo P, que nous avons testé. Vendu au prix fort à son lancement, il se positionne comme le fleuron de la marque. Pour se donner les moyens de ses ambitions, l’appareil affiche une fiche technique impressionnante, avec 25 000 Pa de puissance d’aspiration, une navigation combinant caméras Fisheye et LiDAR « solid-state », des bras robotisés extensibles, et une station de nettoyage complète lavant les serpillères à l’eau chaude. La petite touche DJI est à aller chercher du côté de l’intégration d’une intelligence artificielle dérivée de ses drones pour la navigation.

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Le design et l’ergonomie

La première chose qui étonne avec le Romo P, c’est qu’il n’a littéralement rien à cacher. Alors que la concurrence se pare de coques blanches ou noires opaques, DJI prend le contrepied. Son modèle P est entièrement transparent, tout comme sa station.

Test du DJI Romo P
©L'Eclaireur Fnac

Cette esthétique, rappelant certains produits de la marque Nothing ou les vieilles consoles Game Boy, va certainement diviser. Certains la trouveront futuriste, magnifique, quand d’autres y verront un objet difficile à intégrer dans un salon. Avouons que nous penchons plutôt pour la seconde catégorie de notre côté. Voir les circuits, les engrenages et les capteurs à l’œuvre a quelque chose de fascinant.

Mais c’est vraiment une affaire de goût, et la seule chose qui est certaine, c’est que l’appareil et sa base ne laisseront personne indifférent.

Test du DJI Romo P
©L'Eclaireur Fnac

Pour ceux qui préfèrent plus de classicisme, DJI a prévu des alternatives dans la gamme. Ainsi, le Romo S est un modèle classique blanc, tandis que le Romo A sert d’intermédiaire avec un robot transparent, mais une base blanche opaque.

Sur le plan de la conception, le robot lui-même adopte un format circulaire standard de 35 cm de diamètre. Il affiche une hauteur de 9,8 cm, ce qui lui permet de se passer de la tourelle LiDAR habituelle sur le dessus, mais qui reste plus haut que certains concurrents directs. Si ce design « plat » est élégant, sa hauteur pourra le gêner pour passer sous certains meubles particulièrement bas.

La station

Passons maintenant à la station d’accueil du Romo P. Elle fait office de véritable usine de maintenance. Bien sûr, elle vide automatiquement le bac à poussière du robot, mais ce n’est pas ce qui la distingue du reste de la meute. Sa fonction phare est en effet le lavage des serpillères à l’eau très chaude, montant entre 70 °C et 75 °C, pour dissoudre les graisses et désinfecter. Après le lavage, les serpillères sont séchées à l’air chaud pour éviter les moisissures et les odeurs. Un système très efficace.

Test du DJI Romo P
Le seul et unique bouton de la station d’accueil.©L'Eclaireur Fnac

Le modèle P dispose également d’un double compartiment pour les cartouches de détergent. Pourquoi un tel dispositif ? La première est une solution de nettoyage standard. La seconde est un « déodorisant de sol », qui neutralise les odeurs et laisse un léger effet hydrophobe. Le robot dose automatiquement le produit en fonction de la pièce.

Test du DJI Romo P
Les deux détergents prennent place à côté du sac d’aspiration.©L'Eclaireur Fnac

Si ce système est novateur, on regrette tout de même que ces cartouches soient scellées et non rechargeables. Il faudra repasser à la caisse, avec environ une quinzaine d’euros pour la solution de nettoyage. Un tarif dans la lignée de ce que facture la concurrence. Sauf qu’il y en a deux ici donc.
La station contient par ailleurs des réservoirs d’eau généreux (4 L propre, 3,2 L sale) et un sac à poussière de 2,4 L.

Test du DJI Romo P
©L'Eclaireur Fnac
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Le plateau de lavage, lui, n’est pas amovible. Mais DJI affirme avoir contourné le problème puisque sa station s’auto-nettoie à l’aide de buses à haute pression. Nous n’avons rencontré aucun problème lors de notre test, mais il faudra voir sur le temps long. Le fabricant promet en tout cas jusqu’à 200 jours sans maintenance manuelle. Le modèle P ici testé ajoute même une stérilisation UV du sac à poussière.

À l’usage

La mise en route de l’appareil est simple, puisqu’il suffit de télécharger l’application DJI Home, disponible sur iOS et Android. Ensuite, il n’y a plus qu’à se laisser guider. Le robot est rapidement détecté en Bluetooth, puis l’application explique chaque étape pour la connexion au réseau Wifi, d’ailleurs compatible avec les bandes 2,4 GHz et 5 GHz. Rappelons au passage que beaucoup de concurrents ne supportent pas la bande 5 GHz.

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L’application se montre claire et bien agencée. La cartographie initiale est rapide et la carte générée s’avère précise, identifiant correctement les pièces, les tapis et les meubles. Les options de personnalisation sont nombreuses, avec la création de zones interdites, de murs virtuels, le nettoyage par zone ou par pièce, et la programmation de routines de nettoyage. Il est possible de sauvegarder jusqu’à cinq cartes différentes. Idéal donc pour les maisons à plusieurs étages.
DJI Home propose aussi une fonction de surveillance vidéo. Le robot se transforme en caméra mobile, accessible à distance via l’application. L’accès est sécurisé par un code PIN et la transmission est chiffrée. L’audio bidirectionnel permet même de parler ou d’écouter via le robot.

Test du DJI Romo P
©L'Eclaireur Fnac

Au moment de notre test, quelques ombres au tableau subsistaient toutefois. L’application comportait encore des éléments en anglais et en chinois, signe d’une localisation française bâclée. L’assistant vocal intégré « Hey ROMO » ne comprenait que le chinois et l’anglais. Plus gênant pour un appareil de ce prix : l’absence, au lancement, de toute intégration avec les écosystèmes de maison connectée comme Alexa ou Google Home. DJI a heureusement promis des mises à jour.

Test du DJI Romo P
Un exemple de texte non traduit dans l’application.©L'Eclaireur Fnac

La navigation

C’est ici que DJI était le plus attendu. Et c’est ici qu’il impressionne le plus. Le Romo P n’utilise pas une tourelle rotative, mais une combinaison de capteurs directement issue de la R&D des drones.
Le robot est équipé d’un système de vision à double caméra fisheye à l’avant et de trois LiDAR « solid-state » grand angle, placés latéralement. Cette technologie, combinée à des algorithmes de planification de chemin (nommés « Advanced Path Planning »), offre une navigation d’une précision redoutable. Le robot se déplace de manière fluide, systématique, et s’approche des obstacles et des murs au millimètre près, sans jamais les toucher.

Test du DJI Romo P
Le système de guidage par caméra se montre redoutablement efficace.©L'Eclaireur Fnac

La détection d’obstacles nous a encore plus impressionnés. Elle est sans conteste l’une des meilleures du marché, si ce n’est la meilleure à ce jour. Le Romo P a su identifier et éviter méthodiquement tous les petits pièges que nous lui avons tendus, comme des câbles de charge très fins, des chaussettes, chaussures, jouets et autres objets plats comme des cartes à jouer ou des clés.

Le Romo marque les obstacles sur la carte, et l’utilisateur peut choisir d’activer la prise de photos des objets détectés. Plus fort encore, cette intelligence n’est pas basée sur des règles rigides. L’IA interprète son environnement. Elle adapte sa vitesse et la rotation de ses brosses si elle détecte des débris spécifiques, comme de la litière, pour éviter de les éparpiller.

Test du DJI Romo P
©L'Eclaireur Fnac

Enfin, le robot voit dans le noir. Les capteurs fonctionnent jusqu’à une luminosité de 0,1 lux, et un projecteur LED frontal s’active si nécessaire. Nous l’avons lancé à plusieurs reprises dans un environnement très sombre et il s’en est toujours bien sorti.

De manière assez étonnante, le seul point où la navigation a trébuché concerne le franchissement. Et cela ne concerne pas les capteurs, mais l’aspect mécanique, puisque le robot a peiné sur les seuils de porte, les bords de tapis un peu hauts ou la base métallique de certaines chaises. Il ne dépasse pas 2 cm, là où la concurrence fait mieux.

L’aspiration

Avec 25 000 Pa, le Romo affiche une puissance d’aspiration qui le place au sommet du marché, dépassant même certains concurrents directs. Sur le terrain, cette puissance se traduit par d’excellents résultats. Sur sol dur (vinyle, carrelage, parquet), il s’est montré capable de collecter plus de 95% des débris (miettes, litière, etc.) que nous avons placés sur son chemin. Sur tapis, les performances restent très bonnes, avec environ 90% d’efficacité sur tapis à poils courts et moyens.
DJI fournit deux brosses centrales interchangeables : une brosse à double rouleau en caoutchouc, conçue pour éviter l’enchevêtrement des cheveux et poils d’animaux, et une brosse combinée (caoutchouc et poils) pour un nettoyage plus en profondeur des tapis. Ces brosses tournent d’ailleurs en sens inverse, ce qui aide à désengorger les cheveux.

Test du DJI Romo P
©L'Eclaireur Fnac

Lorsqu’il détecte un tapis, le robot augmente automatiquement sa puissance d’aspiration. Il est aussi capable de détecter les liquides au sol et de relever sa brosse centrale pour éviter de l’imbiber.

Test du DJI Romo P
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Malgré cette puissance, l’appareil reste étonnamment discret. DJI a intégré un système de réduction du bruit et d’insonorisation qui rend son fonctionnement moins audible que celui de nombreux concurrents, même à puissance maximale.

Le lavage

Pour le lavage, le Romo P utilise deux serpillères rotatives. L’efficacité est au rendez-vous pour les saletés du quotidien. Le système de mopping utilise une pulvérisation active à haute pression via quatre buses pour humidifier les serpillères.

Test du DJI Romo P
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Cependant, il montre ses limites sur les taches tenaces et séchées. Il semble manquer de pression au sol pour un nettoyage plus efficace dans ces scénarios. Mais le plus gênant à nos yeux reste le comportement du Romo face aux flaques de liquide. N’ayant pas de réservoir d’eau sale embarqué, il a tendance à étaler le liquide plutôt qu’à l’aspirer.

L’appareil se rattrape en revanche avec ses bras robotisés. Il ne s’agit pas seulement d’une brosse latérale extensible, mais aussi de la serpillère gauche qui peut se déporter. Cette extension est pilotée par l’IA en fonction de la géométrie des bords, et non par simple contact. Le résultat est un nettoyage des plinthes et des coins bien plus efficace que la moyenne.

Face aux tapis, le robot soulève ses serpillères. Malheureusement, cette élévation est insuffisante pour les tapis à poils hauts, qui restent légèrement humidifiés au passage du robot.

L’autonomie

La batterie de 5 000 mAh assure une belle endurance. En mode aspiration simple (faible puissance), le robot peut fonctionner pendant plus de trois heures. En mode combiné (aspiration et lavage), il tient environ deux heures, de quoi couvrir une surface de 100 à 130 m². En puissance maximale, l’autonomie chute logiquement à environ 90 minutes.

Lorsque la batterie est faible, le Romo retourne à sa base. Grâce à la charge rapide de 55 W, il ne lui faut environ 2h30 pour faire le plein, avant de reprendre le nettoyage là où il s’était arrêté.

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Conclusion

Le Romo P n’est pas une simple copie de la concurrence. Pour son premier essai sur le marché des aspirateurs robots, DJI signe une entrée très remarquée, qui tourne même à la démonstration de force en matière de design. Même si ce dernier restera toujours clivant. L’expertise du fabricant de drones en matière de capteurs, de navigation et d’IA, acquise dans les airs, se transfère avec une efficacité impressionnante au sol. La précision de sa navigation et, surtout, sa capacité à éviter les obstacles sont un nouveau standard. L’appareil est puissant, doté d’innovations bien pensées (les bras extensibles) et d’une base très complète. Mais l’ensemble n’est pas sans défauts. Ses performances en mode lavage sont mitigées, notamment sur les taches sèches et les liquides, et il se montre étonnamment peu agile face aux seuils de porte et autres petits obstacles. À vous de voir si ces petites contrariétés l’emportent ou pas sur les qualités par ailleurs réelles de ce produit haut de gamme.

Article rédigé par
Sofian Nouira
Sofian Nouira
Journaliste
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